Des décennies de laisser-aller ont transformé le service public en une lourde machine qui écrase le citoyen, devenu à la longue amorphe et à la merci des acteurs de la bureaucratie. La situation est telle qu'il est impensable de disposer d'un document dans des délais acceptables, sans compter que les dossiers se sont alourdis jusqu'à rendre la tâche ardue aux citoyens que l'exigence de fournir les nombreuses pièces pour la moindre démarche fait frémir. La liste est longue à chaque fois et nécessite plusieurs journées, poussant des travailleurs à s'absenter à chaque fois. Il n'est pas rare de rencontrer des citoyens dont l'unique pièce d'identité est le permis (pour les conducteurs d'automobiles qui sont d'ailleurs de plus en plus nombreux), se passant de la carte nationale dont la réalisation demanderait des jours de déplacement vers les services de l'état civil, encore moins le passeport dont la péremption, pour ceux qui le possèdent, dure très longtemps avant un hypothétique renouvellement. Aujourd'hui, il s'avère que la moitié des «papiers» exigés sont inutiles. De longues heures d'attente qui se renouvellent, des heures de travail perdues, une attitude qui frise le mépris de la part des préposés et qui est encouragée par la complaisance des responsables, des erreurs qui réitèrent le parcours du combattant pour les usagers, pour des documents superflus «imaginés» par des esprits distordus. C'est ce que pense le citoyen aujourd'hui, sachant que l'on pouvait amenuiser sa souffrance qui n'aurait jamais dû en être une mais qui l'est au quotidien à cause de nombreuses aberrations. Il en est de même pour toutes les prestations de service public dans tous les domaines. Maintenant qu'un département ministériel est consacré à la réforme du service public, il reste toutefois à ne pas se perdre dans les dédales de la bureaucratie, que l'Observatoire qui sera dédié à cette question sera mis sur pied dans les plus brefs délais (l'échéance fixée à l'année 2014 étant vague) et qu'il soit réellement opérationnel sur le terrain. R. M.