Pour l'avant-dernier jour de la compétition officielle du Festival international du cinéma d'Alger, section documentaire, c'est l'enquête réalisée pour le compte de France télévision, Le martyre des sept moines de Tibhirine, qui a été présentée mardi soir à la salle El Mouggar. C'est dans une salle archicomble que cette enquête exclusive, réalisée par Malik Aït Aoudia et Séverine Labat, a été projetée en présence de nombreuses personnalités à l'image de l'ancien archevêque Henri Teissier. D'une durée de 75 minutes, ce documentaire met sous la loupe les différentes zones d'ombre de cette affaire qui a défrayé la chronique à l'époque et nourri polémiques et suspicions, qui perdurent à ce jour. Avec des images d'archives et des témoignages inédits, le documentaire est aussi une reconstitution des différentes étapes de cette sombre affaire d'assassinat des moines. Regroupant les différents récits, le réalisateur nous retrace les circonstances sociales et politiques ayant entouré le kidnapping suivi du meurtre des sept moines. Face à la caméra, les yeux noyés de larmes, c'est le frère Amédée, l'un des moines qui a échappé au groupe terroriste. Il relate, la gorge nouée, la première visite des terroristes du Groupe islamique armé (GIA). On apprend que le GIA a sollicité les services du médecin, le frère Luc. Ayant fait serment de neutralité, les moines acceptent de soigner les blessés du groupe de Saïd Attia, en échange, ce dernier leur donne l'«aman». Mais après la mort de ce chef terroriste, son successeur, Djamel Zitouni, viole le pacte et prend les moines en otages pour gagner plus de notoriété chez ses hommes. On apprend aussi que Djamel Zitouni a fait des moines un moyen de pression pour entrer en contact avec la France. Marchiani, ancien préfet du Var, témoigne qu'il entretenait des correspondances régulières avec Djamel Zitouni, avec lequel il négociait la libération des moines. Ces négociations secrètes seront interrompues par la suite par Alain Juppé, ce qui précipitera l'exécution des moines. Le documentaire dévoile aussi comment ont été kidnappés les moines, leurs conditions de détention à travers les témoignages d'anciens geôliers. On a même droit aux détails de leur exécution, l'horreur. Riche en révélations, Le martyre des sept moines de Tibhirine tente de «rétablir une vérité longtemps tronquée par des conclusions tendancieuses, dédouanant les terroristes et imputant l'assassinat à une bavure des forces de sécurité algériennes», indique le synopsis du documentaire. Par ailleurs, le réalisateur a aussi tenté de dresser le portrait de ces victimes de la décennie noire tout en dévoilant leur dévouement à la société algérienne. Le documentaire revient aussi sur certains épisodes douloureux de l'histoire contemporaine algérienne, dont la naissance du GIA et ses innombrables crimes odieux. Le documentaire apporte un certain éclairage sur l'affaire, mais il faut avoir le cœur bien accroché pour voir ces images d'horreurs commentées, par ceux qui ont assisté aux événements ou commis les assassinats, avec une froideur qui vous glace le sang. Ames sensibles s'abstenir. W. S. M.