Intouchable lors des quatre dernières années et habitué au statut d'archi-favori, Léo n'a jamais été aussi loin dans la course au FIFA Ballon d'Or. La deuxième moitié de saison et la blessure pourraient être fatales au numéro 10 du FC Barcelone car en face il y a deux footballeurs aussi géniaux et irrésistibles. Un Bavarois (Ribéry) qui a tout remporté avec son club et un Madrilène (CR7) dont les chiffres personnels sont tout simplement stratosphériques (69 buts en 2013) malgré une saison où le Real Madrid n'a rien gagné. Ligue des Champions, Supercoupe d'Europe, Bundesliga, Supercoupe d'Allemagne et tout récemment la Coupe du Monde des Clubs. Rien que ça pour le Français qui est, de l'avis de tous, le plus grand artisan de l'incroyable année du Bayern Munich : «Selon moi, Ribéry a fait une saison extraordinaire. Il a tout gagné avec son équipe, il a marqué des buts extrêmement importants et a été titulaire lors de tous les plus grands rendez-vous. Franck est un garçon génial, indispensable pour le Bayern et l'équipe de France. Vous me parlez de Cristiano ou de Messi. Léo a remporté la Liga avec le Barça en offrant quelques prestations spectaculaires, alors que Cristiano n'a rien gagné. Il a beaucoup couru, s'est battu comme peu l'ont fait, mais n'a pas soulevé un seul trophée. La logique voudrait que Ribéry soit le lauréat». Ce sont les mots de Paul Breitner, ancien milieu de terrain de la Mannschaft à l'égard de celui qui a été élu meilleur joueur UEFA le 28 août dernier. Pour ceux qui le voient jouer tous les week-ends, le jour de gloire de «Kaiser Frank», comme affectionnent à l'appeler les Allemands, est arrivé. Cependant, ce titre très controversé ses dernières années et qui a même perdu de sa crédibilité par certains moments (on parle là des éditions 2010 et 2012 où Messi a été sacré contre toute attente) pourrait nous livrer une nouvelle «surprise». La prolongation de la durée des votes (qui devait initialement être clos le 15 novembre) jusqu'au 29 novembre avait déjà fait couler beaucoup d'encre. Une extension justifiée par «le faible nombre de réponses de sélectionneurs, capitaines des équipes nationales et de représentants des médias», c'est du moins l'argument avancé par l'instance suprême du jeu à onze (FIFA). Certains sont allés jusqu'à dire que c'était une «faveur faite à Cristiano Ronaldo» qui n'a pas manqué de briller à cette période en qualifiant -à lui seul- le Portugal au Mondial grâce à ces 4 réalisations face à la Suède (un retentissant triplé à Stockholm). Au même moment, la France de Frank Ribéry venait d'arracher le billet au Brésil face à l'Ukraine au bout du suspens mais surtout sans que sa star ne s'illustre lors des barrages. Les chiffres plaident pour le Portugais Soixante-neuf (69). C'est le nombre de buts inscrits par «El Comandante» (surnom donné à Cristiano après sa fameuse célébration en guise de réponse à Sepp Blatter qui a jugé l'attitude du détenteur du Ballon d'Or 2008 psychorigide sur le terrain) lors de l'année 2013. C'est 22 de plus que son éternel rival Léo Messi. Le Lusitanien a marqué 69 buts en 59 rencontres tournant à un régime impressionnant de 1,17 but/match. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 2011 et 2012, le joueur du Real Madrid avait déjà atteint des niveaux record. 60 buts en 2011, 63 buts en 2012. En 2013, il a encore fait mieux. Performant du 1er janvier au 31 décembre, jamais blessé, jamais hors de forme, le Portugais pourrait souffler le titre aux deux autres finalistes avec de telles statistiques. Il faut dire que les mathématiques ont souvent été mêlées à la désignation du Lauréat. La copie de 92 buts, inscrits en une année civile, rendue par Messi avait pesé lors des votes l'an dernier. En tout cas, c'est un paradoxe presque gênant de voir une distinction individuelle prendre le dessus dans ce sport collectif à la base, en termes d'impact médiatique... Mais ce constat s'accompagne, surtout, d'une vraie remise en question de la légitimité de cette récompense non moins prestigieuse. Les nouveaux critères établis par la FIFA ne mettent plus l'accent sur le bilan collectif d'un joueur. Pendant des décennies, le Ballon d'Or a fréquemment conforté la thèse du «meilleur joueur de la meilleure équipe», et cette ancienne règle a également fourni son lot de verdicts tancés. Cela dit, l'enveloppe qui contiendra le nom du l'heureux élu sera ouverte ce soir. Pour Cristiano, Ribéry et Léo, les dés sont déjà jetés. Pour les passionnés, ils aiment voir les joueurs avec des maillots de foot. Les costumes, les strasses et les paillettes tuent la passion de ce magnifique sport et alimentent les polémiques. A chacun son héro et son joueur model. M. T.