Un mois de débrayage ne peut pas être sans conséquences négatives sur la suite du cursus scolaire, le temps étant compté notamment pour les classes d'examens qui doivent achever leur programme. Etablir le système du 3X4 pour le rattrapage des cours «ratés» ne suffirait pas, tant le retard accumulé est considérable. Les élèves de terminale qui en payent les effets estiment qu'en l'état actuel des choses, les résultats de leur examen sont compromis. D'où le mouvement de protestation par lequel ils réclament le report et un seuil (el ataba) à ne pas dépasser dans l'élaboration des sujets d'examen, ce que le ministère refuse jusqu'à maintenant. «Personnellement, je suis contre el ataba», a déclaré récemment le ministre de l'Education nationale sur les ondes de la Radio nationale, prônant un «enseignement complet» alors que cet enseignement a été refusé aux élèves par les enseignants qui font pratiquement de la «rétention pédagogique» à travers des débrayages quasi réguliers. Voilà les conséquences de l'inconséquence de la corporation enseignante. Des lycéens qui boudent les cours à leur tour pour protester contre la prorogation de l'année scolaire et la «confiscation» de leurs vacances de printemps pour le rattrapage des cours perdus. Une manière de rejeter le diktat des uns et des autres et de mettre les pédagogues et la tutelle face à leur responsabilité. Celle qui les a privés pendant une aussi longue période de leur droit fondamental à l'enseignement, jusqu'à faire planer le spectre de l'année blanche. Fini leur mouvement de grève qu'ils ont menés contre vents et marées, les enseignants s'engagent à reprendre les cours là où ils les ont laissés -il faut leur reconnaître tout de même cette volonté- mais est-ce faisable à l'heure qu'il est, à moins d'un mois des vacances de printemps ? Les lycéens devant postuler au baccalauréat semblent avoir scellé cette question. Cela relèverait, selon eux, du bourrage de crâne et du gavage pour tenter d'effacer les conséquences d'une attitude qui a fait fi de leur devenir. Ils protestent contre une décision à laquelle ils n'ont pas été associés, celle de les priver de repos et de maintenir l'échéance des examens. Où est la solution aujourd'hui ? Quel devenir pour ces élèves et qui va se pencher sérieusement sur ce problème ? Est-ce la solution que de les contenir par un dispositif de sécurité au lieu de les écouter ? En adoptant une attitude de jusqu'au-boutisme, les enseignants savaient à quoi ils exposaient les élèves. Etablir un seuil pour les sujets d'examen affecterait, en effet, un peu plus un niveau déjà bien faible. En quoi les élèves sont-ils responsables de leur situation ? R. M.