Comment sauver l'année scolaire Les propositions des uns et des autres Après 9 semaines de grève, ce sont les conditions de la reprise ainsi que l'établissement d'un programme de rattrapage qui opposent aujourd'hui les deux syndicats d'enseignants au ministre de l'Education. Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) et le Conseil des lycées d'Alger (CLA) rejettent les propositions de rattrapage annoncées le week-end dernier par le ministre de l'Education nationale. Les deux syndicats justifient leur position en avançant deux raisons principales : d'abord, le programme a été élaboré sans concertation avec les pédagogues et les enseignants, ensuite, les lycées n'avaient pas rejoint le mouvement de grève en même temps. “Le rattrapage doit être établi par un conseil des enseignants et non par des bureaucrates du ministère de l'Education qui sont loin de la réalité. Le programme ne doit pas être unifié car, le retard pédagogique est variable d'un lycée à un autre. Par exemple, le lycée Emir-Abdelkader, contrairement aux autres, a plus de trois mois de retard”, explique le représentant du Conseil des lycées d'Alger. “Nous avons dix propositions à suggérer au ministère de l'Education nationale. Parmi celles-ci, la possibilité d'alléger le programme scolaire de certaines matières, telles que les mathématiques, la physique, les sciences naturelles, la philosophie et l'histoire-géographie. Et cela, sans piétiner sur les heures d'exercice. Il faut signaler aussi que les cours nécessitent un certain temps de compréhension”, a-t-il déclaré. Et de conclure : “Finir le programme scolaire avec une tête surchargée ne veut pas dire que les cours sont assimilés.” À ce sujet, M. Méziane Mériane, secrétaire général du Cnapest, partage le même avis que le Cla. Pour lui, “le programme de rattrapage doit être proposé par les enseignants et non imposé par les représentants du ministère, car ces derniers ne sont pas aptes à établir un programme sans l'avis des professeurs. Par ailleurs, nous suggérons à Benbouzid une deuxième session d'examen du baccalauréat afin de donner à nos élèves toutes les chances pour réussir”. Quant aux lycéens, leur préoccupation est ailleurs. La priorité pour un bon nombre d'entre eux est la réintégration de leurs professeurs. “Avec nos anciens professeurs, nous avions du mal à comprendre certaines leçons. Vous imaginez avec les nouveaux enseignants qui n'ont aucune expérience !” déclare Nesrine. Son camarade l'interrompt : “Si ce ne sont pas nos professeurs qui préparent ce programme, il vaut mieux décréter l'année blanche, car il n'y a pas mieux qu'eux pour rattraper les lacunes.” Par ailleurs, l'association des parents d'élèves estime que le programme de rattrapage suggéré par le ministère de l'Education est “faisable”, à condition de l'appliquer dans les plus brefs délais. À titre de rappel, le ministère de l'Education nationale avait avancé deux propositions afin de récupérer les cours perdus durant le mouvement de débrayage. Pour la première proposition, il s'agit de revoir l'année scolaire, en traçant un programme de travail spécial, avec des vacances de courte durée qui ne dépasseront pas les huit jours, le prolongement de l'année scolaire et éventuellement le report de la date de l'examen du baccalauréat au 10 juillet. Pour la seconde proposition, il s'agit de maintenir le programme scolaire habituel, avec une légère diminution des jours de vacances, le prolongement de l'année scolaire et le report de l'examen du bac au 10 juillet. Toutefois, si le programme de rattrapage s'avère impératif, son application doit intervenir au plus vite, car les lycéens ont déjà perdu trois mois d'études. N. A. Bac : aucune date n'a été arrêtée par le ministère Le directeur de l'enseignement secondaire général au ministère de l'éducation nationale, M. Zeghache Saâd, a souligné, hier, que le temps restant pour le rattrapage des cours non dispensés en raison de la grève des enseignants “est suffisant pour achever le programme scolaire annuel”. Dans une déclaration à l'APS, M. Zeghache a précisé que les 28 semaines de scolarité sont "indispensables pour clore le programme scolaire” appelant les professeurs, par ailleurs, à “faire preuve de sérieux et de raison dans l'organisation du calendrier scolaire”. M. Zeghache qui a “nié” le recours aux après-midis des lundis et jeudis pour rattraper les heures perdues, a estimé nécessaire “de tenir compte des capacités d'assimilation et d'acquisition des élèves”. à ce propos, il a affirmé que “les programmes prévus seront intégralement appliqués, sans avoir recours à la réduction ou à la suppression de leçons ou de matières prévues au programme”, celles-ci étant “basées sur des éléments psychologiques, scientifiques et cognitifs”, ajoute-t-il. Concernant les vacances scolaires, le responsable a annoncé “la réduction d'une semaine des vacances d'hiver et de printemps”, en plus de “trois jours à l'occasion de la fête des travailleurs”, afin de permettre aux élèves de “se reposer et par-la même d'alléger la pression qui pèse sur les professeurs”. S'agissant des épreuves du baccalauréat, “aucun rendez-vous n'a été arrêté”, et d'ajouter que “la désignation de la date exige l'intervention de plusieurs institutions au niveau national”, a-t-il conclu.