Pierre angulaire dans l'édification d'un Etat de droit, la justice, ou plutôt sa réforme, a bénéficié d'une attention particulière dans le programme du Président ainsi que dans le Plan d'action du gouvernement adopté mercredi dernier en Conseil des ministres et devant mettre en œuvre ce programme. C'est dans cette perspective que s'inscrivent les réformes annoncées par le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Louh, jeudi dernier au cours d'une visite de travail à l'Ecole supérieure de magistrature à El Biar (Alger). Le ministre précisera que le premier train de réformes touchera notamment la formation des magistrats, rapporte l'APS. Affirmant que sa vision prospective du secteur de la justice «est novatrice», M. Louh dira que la «formation constitue le principal élément dans la concrétisation du principe d'indépendance de la justice», seule garantie pour mieux répondre aux attentes des justiciables. «Une formation de haut niveau des magistrats leur permettra de mieux appréhender les entraves susceptibles de se poser durant l'exercice de leur mission», ajoutera-t-il. À ce propos, le ministre, qui est un enfant du secteur, ne manquera pas de soulever manques et faiblesses de la formation dispensée à l'Ecole supérieure de magistrature. En plus de ne s'adresser qu'aux seuls magistrats-praticiens, cette institution souffre d'une insuffisance de moyens «au regard du niveau et de la place de la Magistrature à laquelle le gouvernement accorde un intérêt particulier d'autant que la réforme de la justice fut le premier atelier de réformes lancé par le président de la République lors des précédents mandats», déplore M. Louh. «L'Ecole supérieure de magistrature n'est pas une école de formation professionnelle», s'écriera-t-il. Enfonçant le clou, il critiquera vertement les mauvais résultats de certains étudiants. Aussi, pour combler ces déficits et pallier aux insuffisances, M. Louh insistera sur la nécessité de faire appel à des enseignants spécialisés jouissant d'une expérience et de compétences avérées. L'Ecole supérieure de la magistrature, pour être à la hauteur de son statut et de sa mission, devra aussi introduire la «spécialisation» dans la magistrature afin de permettre au magistrat de traiter des affaires liées aux crimes transcontinentaux, recommande le ministre. Au volet des réformes concernant l'amélioration des prestations de l'administration judiciaire et l'allégement des procédures administratives, le ministre a promis «la progression du rythme» de délivrance du certificat de nationalité et de l'extrait de casier judiciaire dès la promulgation de la loi y afférente. «Cette loi prévoit également l'introduction de la légalisation et de la signature électroniques des documents», indiquera le garde des Sceaux qui demandera à ce propos l'accélération de la cadence de mise en œuvre du programme de réforme de la justice qui «sera axée sur la protection des droits de l'individu et des libertés individuelles et collectives pour bâtir un Etat de droit, consolider la séparation des pouvoirs et protéger le magistrat». Les amendements des codes civils et de procédure pénale doivent être «ciblés», a-t-il souligné. R. C. Installation du Conseil supérieur de la magistrature Le Conseil supérieur de la magistrature dans sa nouvelle composante a été installé, jeudi dernier, au siège de la Cour suprême, à Alger, suite au renouvellement de la moitié de ses membres, a indiqué un communiqué du conseil. Le vice-président du Conseil, Tayeb Louh, ministre de la Justice, garde des Sceaux, a remercié les membres sortants pour les «efforts qu'ils ont déployés au niveau de cette instance constitutionnelle». Par la même occasion, M. Louh a souhaité aux nouveaux membres «la réussite dans leurs missions». Par la suite les membres du Conseil ont procédé à l'élection de son bureau permanent.