Michel Kafando a été désigné officiellement Président intérimaire du Burkina Faso. La cérémonie de transfert des pouvoirs avec le lieutenant-colonel Isaac Zida, nommé Premier ministre, s'est faite devant une demi-douzaine de chefs d'Etat africains. Le représentant de la Mauritanie, président en exercice de l'Union africaine, le Ghana actuellement à la tête de la Cédéao, le Sénégal dont le Président était l'émissaire de la Cédéao dans la crise burkinabè, le Togo, le Bénin, le Mali et le Niger ont participé. La Côte d'Ivoire a envoyé son ministre des Affaires étrangères à la cérémonie au Palais des sports. Ainsi trois semaines après la déchéance de Blaise Compaoré, à la tête du pays depuis 27 ans, le Burkina Faso tente de se réorganiser de nouveau et remettre le pays en marche. Plus que la personnalité du Président intérimaire, c'est la personne du Premier ministre qui fait débat. Le militaire Isaac Zida, homme fort du pays depuis la chute de Compaoré le 31 octobre, dont les pairs ont soutenu la candidature de Michel Kafando pour le poste de Président, pourrait peser grandement dans la gestion de la transition. Michel Kafando, un diplomate au long cours qui a représenté son pays durant une quinzaine d'années à l'ONU, accède officiellement à la tête d'un Burkina Faso en pleine effervescence. La période de transition devrait en principe prendre fin en novembre 2015 avec la tenue d'élections présidentielle et législatives. Ni Kafando, ni Zida ne pourront légalement participer aux scrutins futurs. La nomination de Kafando s'est dessinée après deux semaines de tractations ardues dont les militaires ont joué la partition. Ces derniers laisseront-ils les rênes du pays aux civils ? Dans un pays où l'armée a la haute main sur pratiquement toutes les sphères de décision, l'éventualité serait bienvenue. La prestation de serment de Kafando mardi dernier avait été applaudie par l'aréopage politique local. C'est l'intronisation, le lendemain, par décret présidentiel d'Isaac Zida au poste de Premier ministre qui suscitera des grognements. Mais le nouveau chef du gouvernement a déjà commencé à activer. Deux patrons d'entreprises publiques, proches de la famille Compaoré, sont limogés «pour sabotage». Les Conseils municipaux et régionaux, dans lesquels les pro-Compaoré étaient fortement majoritaires, sont suspendus. Autant de mesures saluées par les Burkinabès, fatigués par la corruption systémique de l'ère Compaoré. La société civile burkinabè, en pleine bataille interne pour désigner les futurs ministres ou les membres siégeant dans l'Assemblée intérimaire, se montre pour l'instant attentive. La composition du gouvernement de Zida, qui devrait être connue aujourd'hui, est particulièrement attendue. Le Burkina Faso entame une transition ouverte sur tous les scénarios. Pendant ce temps, arrivant de Côte d'Ivoire, où il se trouvait en exil depuis sa démission, le président déchu, Blaise Compaoré, s'installe au Maroc. M. B./Agences