Le mardi 11 novembre, à deux mois de l'ouverture officielle de la compétition, la Confédération africaine de football (CAF) retire l'organisation de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN-2015) au Maroc qui réclamait, depuis le 10 octobre, le report de la messe continentale du football. Le Royaume, invoquant la crainte de propagation du virus Ebola, s'est obstiné à défendre son option pour l'ajournement malgré l'insistante sollicitude de la Confédération, tenue par de gros engagements financiers avec les sponsors du prestigieux tournoi et un calendrier sportif minuté. Les spécialistes du sport considèrent, en effet, la Coupe d'Afrique des Nations de football comme le 4e événement le plus important au monde après les Jeux Olympiques, le Mondial et la Coupe d'Europe des nations. L'inflexibilité du gouvernement marocain a poussé la CAF à chercher, dans l'urgence un organisateur de substitution. Le 14 novembre, la Guinée équatoriale a finalement pris le relais pour organiser la 30e édition de la CAN dans les temps initialement fixés du 17 janvier au 8 février prochains. La sélection nationale de Guinée équatoriale prend dès lors la place qualificative de pays hôte en remplacement des Lions de l'Atlas. Le tirage au sort de la phase finale aura lieu le 3 décembre prochain à Malabo. Ce changement de dernière minute a complètement chamboulé les plans de la CAF et les schémas de ses partenaires. Les pays participants, les médias, le grand public et les sportifs ont dû aussi modifier leurs projets de départ. Les membres du Comité exécutif de la CAF, après un mois de tensions et de tractations, se félicitent du maintien du rendez-vous dans les délais qui sont les siens. Il est vrai que le report ou l'annulation de la CAN-2015, de l'avis des observateurs, aurait coûté très cher au foot africain et au continent Noir de manière générale. De grandes stars du ballon rond ne comprennent pas l'entêtement des autorités royales à «repousser» l'échéance de la CAN et l'argument sanitaire, à lui seul, ne convainc presque plus personne. L'instabilité politique du royaume et sa crainte de mouvements de protestation à cette occasion, le recul du football marocain sur la scène continentale et la probable colère des fans de l'équipe locale en cas d'élimination prématurée ainsi que le durcissement soudain du ton entre le gouvernement marocain et la CAF sont, entre autres, autant de pistes explorées par les médias pour justifier ce revirement de dernière minute. Aujourd'hui, de nombreux analystes estiment que le Maroc avait tourné le dos à l'Afrique. La CAF s'apprête à prononcer des sanctions à l'endroit de la Fédération royale marocaine de football. Le président de l'instance continentale de football, Issa Hayatou, a laissé entendre que le Maroc sera suspendu durant les quatre prochaines années. Une peine qui risque d'enfoncer les équipes nationales et les clubs marocains dans la crise. Sur le plan politique, le pays de Mohamed VI, dont l'image s'est sérieusement écornée dans le cœur des Africains, perdra aussi de son lustre au sein des institutions continentales. En somme, les retombées de cette décision s'annoncent lourdes pour le Maroc. Dorénavant, la CAF va certainement durcir ses exigences à l'endroit des pays organisateurs pour prévenir ce type de défections. L'Algérie qui postule pour l'édition de 2017 doit, d'ores et déjà, inclure cette donne dans son dossier. Le retour du foot algérien aux premières loges continentales (exploits de l'équipe nationale et de l'ES Sétif) donne une opportunité historique au pays pour renouer avec l'ambiance de la CAN, 27 ans après l'édition et l'unique trophée de 1990. En matière d'infrastructures de base et de gestion des grandes manifestations, le pays dispose d'un potentiel et d'une expérience appréciables. Malgré l'approche de l'échéance, l'Algérie a la capacité, technique et financière, de relever le défi dans un délai de deux ans. De grands projets sont annoncés dans cette perspective. La professionnalisation de la gestion de la Fédération algérienne de football (FAF) ouvre aussi des horizons dans ce sens. Les responsables algériens le savent bien, une telle manifestation est de nature à affirmer le leadership algérien sur le plan sportif, mais aussi politique et diplomatique. Et pour cela, aucun pays ne lésinera sur les moyens. L'Egypte, le Kenya, le Ghana, l'Ethiopie, la Tanzanie et le Zimbabwe, également candidats pour l'organisation de cette 31e édition de la CAN initialement prévue en Libye, savent aussi que techniquement et financièrement le dossier algérien est imbattable. La CAF en est aussi persuadée. Après ce revirement marocain, l'Afrique du Nord et l'Algérie ont un argument supplémentaire à faire valoir. Il appartient à la FAF de mettre tout ça noir sur blanc pour arracher la CAN-2017. K. A.