La 30e édition de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN-2015) commence demain sur fond d'interrogations quant à la qualité de l'organisation qui, en raison du désistement marocain deux mois avant la compétition, a été confiée à la Guinée Equatoriale. Ce pays a-t-il eu le temps de se préparer à accueillir la plus grande manifestation continentale en l'espace de seulement huit semaines ? Quelles seront les conditions d'accueil et d'hébergement des équipes en compétition ? Les stades qui abriteront les matchs sont-ils aux normes ? Par la faute du désengagement du voisin marocain, le doute plane sérieusement sur la qualité de la CAN-2015, d'autant que la Guinée Equatoriale - qui a eu le mérite d'accepter d'accueillir la compétition au pied-levé- a dû affronter un certain nombre de difficultés économiques qui lui ont, notamment, interdit de financer le transport des 15 équipes qualifiées, et un manque de structures d'entraînement qui risque de perturber le cours de la compétition. Mongomo, par exemple, ville où doit justement évoluer la sélection algérienne, souffre d'un manque d'infrastructures sportives qui pourrait contrarier les programmes des équipes du groupe C (Algérie, Afrique du Sud, Ghana et Sénégal) et influer sur leurs performances. Participation compromise au Mondial-2018 ? Naturellement, le Maroc est pointé du doigt comme étant le premier responsable de ces désagréments et des difficultés qui risquent de surgir sur le chemin de la CAN-2015, et tout le monde reste suspendu aux décisions des instances officielles quant à la nature des sanctions qui ne manqueront pas de s'abattre sur le Royaume chérifien. Après l'élimination de facto des Lions de l'Atlas de l'édition de cette année, qualifiés en qualité de pays hôte, on parle d'une possible disqualification des deux prochaines CAN et de la Coupe du Monde 2018, si la Fifa devait s'aligner sur les réquisitions de la Confédération africaine de football (CAF). D'autres sources assurent que la sanction sportive ne saurait excéder deux ans, le Maroc ne s'étant pas déclaré forfait, mais ayant été disqualifié par la CAF. Du reste, les autorités marocaines insistent sur le fait d'avoir réclamé un «report» pour cas de «force majeure» (l'épidémie d'Ebola) et non pas l'annulation de la compétition. Lourdes sanctions financières en perspective Cela sur le plan sportif. Quant à l'aspect financier des probables sanctions -outre les probables suspensions ou ruptures de contrats de sponsoring et de publicité- les médias spécialisés évoquent une amende de 50 000 dollars (article 90 du règlement de la CAN) et l'obligation qui pourrait être faite au Maroc de prendre en charge les coûts liés à «la réparation de tous les préjudices moraux et financiers causés» à la CAF et aux participants. Selon un expert cité par un média marocain, le Royaume chérifien «risque de payer 3 milliards de dirhams à la Confédération africaine (...) en plus de l'assurance relative à l'organisation dont le montant dépasse les 20 millions de dollars». Pour Mohamed Ouzzine, ministre des Sports marocain, des sanctions éventuelles seraient «dénuées de tout fondement» car son pays s'est basé «sur des considérations sanitaires et humanitaires». Considérations sanitaires et humanitaires qui n'ont paradoxalement pas empêché le Maroc d'accueillir des rencontres de sélections dont les pays sont le foyer de ce virus, ni sa compagnie aérienne de continuer de desservir les pays africains les plus touchés par la maladie. S. O. A.