La visite de travail du Premier ministre malien à Alger s'est poursuivie hier avec la tenue d'une réunion entre le gouvernement malien et l'équipe de médiation internationale du dialogue intermalien. Cette réunion qui a été coprésidée par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le Premier ministre malien, Modibo Keita, et à laquelle ont participé le représentant de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), la Cedeao, l'UA et l'OCI, intervient dans le cadre des préparatifs du 5e round de la médiation internationale dans le dialogue inter-malien, dont l'Algérie est chef de file. Dans son allocution d'ouverture, M. Lamamra a salué la présence du Premier ministre malien à cette réunion qui lui a permis de «rencontrer l'équipe de la médiation internationale», relevant aussi sa «sagesse et sa contribution à apaiser les difficultés». Rappelons que le Premier ministre malien avait déclaré à son arrivée à Alger n'avoir pas d'autre choix que «de nous inscrire dans la dynamique de paix dans les plus brefs délais». Il a également exprimé son souhait de voir cette «phase cruciale» des négociations déboucher «rapidement» sur un accord de paix car, comme il l'a déclaré, «nous considérons le temps non plus comme un ami mais comme un ennemi. Plus nous traînons, plus la situation se complique. Nous souhaitons vivement que cet accord puisse être conclu dans les plus bref délais entre les Maliens eux-mêmes». Mais de son côté, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop, qui accompagne M. Keita dans la capitale algérienne, avait déclaré être «dans un état d'esprit de paix» mais également «très inquiet» de la situation sur le terrain. «Il faut que le cessez-le-feu soit respecté» a-t-il dit avant d'ajouter : «Dans le projet d'accord, il est clairement dit que l'intégrité territoriale du Mali est non négociable. Le gouvernement malien ne croit pas nécessaire d'accepter, comme il est dit dans le projet d'accord, qu'un quota soit accordé à toutes les ethnies du Mali pour les postes dans l'administration. L'administration doit refléter la diversité du Mali, mais nous ne trouvons pas indispensable de l'inscrire dans l'accord.» Est-ce là un signe de divergences sur lesquelles risquent de buter les négociations du 5e round ? Précisons à ce propos que la cinquième phase des négociations entre le gouvernement malien et six mouvements armés contrôlant des zones entières dans le nord du pays, a repris mardi soir avec des consultations préparatoires au dialogue. L'ouverture du dialogue en présence des deux parties sera programmée dans les tous prochains jours. Ce round sera destiné à discuter en profondeur de cet accord de paix pour aller vers la conclusion d'un accord définitif. Et alors qu'Alger prépare sereinement la reprise du dialogue inter-malien afin de finaliser l'accord de paix soumis aux parties pour enrichissement et amendement, les divergences entre les deux parties des négociations persistent. A titre d'exemple, Bamako rejette la dénomination de l'Azawad comme appellation regroupant les trois régions du Nord comme le souhaitent les rebelles touareg. Mais la communauté internationale reste mobilisée en vue d'un accord de paix définitif. D'ailleurs, le Conseil de sécurité a appelé à «reprendre sans tarder» les négociations de paix sous peine de sanctions. Dans une résolution adoptée vendredi dernier lors d'une réunion sur la situation au Mali, le Conseil a engagé «vivement» les parties, à savoir le Gouvernement et les groupes armés signataires de l'accord préliminaire de Ouagadougou, à saisir l'occasion historique qui leur est offerte par les négociations inter-maliennes d'Alger, auxquelles participent l'ensemble des pays voisins et des partenaires régionaux et internationaux concernés, pour concourir à l'instauration d'une paix durable dans la région du nord de ce pays sahélo-saharien. De son côté, le président français, François Hollande, a réaffirmé, dans un message adressé au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, le «plein soutien» de la France à la médiation algérienne dans le processus du dialogue intermalien, tout en félicitant l'Algérie pour «les progrès déjà réalisés». En plus de ce soutien exprimé par l'ONU, la France et des pays voisins et africains, le gouvernement algérien ne lésine sur les efforts afin de faire réussir le prochain round des négociations. Il a d'ailleurs mené, avant la récente visite de la délégation malienne conduite par le Premier ministre, des rencontres avec l'ONU à travers son représentant au Mali, Hamdi Mongi, chef de la Minusma, la coordination des groupes politico-militaires de la région nord du Mali et les représentants du gouvernement malien. Ces consultations sont à même de «favoriser la création d'un climat de sérénité et de confiance, nécessaires à la reprise du processus de paix en cours, en vue de parvenir dans les meilleurs délais à un accord global et définitif», avaient souligné unanimement les parties impliquées dans les négociations. «Nous sommes en Algérie avec l'équipe de médiation et les frères algériens pour approfondir le dialogue et le débat pour la reprise des pourparlers et la préparation d'une solution définitive au conflit qui perdure dans le Nord-Mali», avait également indiqué le secrétaire général du mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), Bilal Ag Chérif, qui s'exprimait en présence des autres représentants de la coordination. Rappelons enfin que les pourparlers inter-maliens se tiennent sur fond de consensus autour de documents de base adoptés en 2014, à savoir «une feuille de route pour les négociations dans le cadre du processus d'Alger» et un document relatif à «la cessation des hostilités», «la plateforme préliminaire d'entente visant à trouver une solution définitive à la crise malienne» et la «Déclaration d'Alger». La déclaration d'Alger avait engagé les parties maliennes à œuvrer au renforcement de la dynamique d'apaisement et à adhérer au dialogue inclusif dans le cadre du respect de la préservation de l'intégrité territoriale du Mali. Après quatre rounds de pourparlers qui ont débuté en juillet 2014 à Alger, les efforts intenses sont menés en vue d'aboutir à un accord de paix global et définitif, dont un projet a été remis aux parties afin de leur permettre de procéder aux consultations requises. H. Y.