Arrivé peu auparavant à bord d'un vol régulier d'Air Algérie en provenance de Paris, le cercueil a été transporté vers le cimetière où il a été accueilli par une haie d'honneur de la Protection civile. À côté de son ami de toujours le réalisateur Alexandre Arcady, des officiels ont assisté à l'enterrement de l'artiste à l'image de l'ambassadeur de France en Algérie Bernard Emié et du wali d'Alger, Abdelkader Zoukh. Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, avait rendu, la veille, hommage à l'acteur en le qualifiant de «symbole de l'amitié entre les peuples algérien et français». Dans le message de condoléances adressé jeudi dernier à la famille du défunt, le Chef de l'Etat a écrit : «C'est avec une grande émotion et une profonde tristesse que j'ai appris le décès du grand acteur français Roger Hanin, qui a dédié toute sa vie à la culture et occupé une place mémorable dans le monde du cinéma.» Le Président a ajouté que «le peuple algérien, qui s'associe à la douleur du peuple français ami, n'oubliera pas l'apport indéniable de feu Roger Hanin à la consolidation des liens d'amitié entre les peuples algérien et français». Le Chef de l'Etat avait déjà honoré à Alger l'artiste en le décorant, en 2000, de la Médaille de l'ordre du mérite national au rang de «Achir». Le regretté Roger Hanin avait déclaré à cette occasion : «J'ai toujours refusé les décorations, mais celle-ci sera la première et la dernière.» Né le 20 octobre 1925 à Bab El Oued à Alger, Roger Hanin avait fait ses débuts dans le cinéma dans les années 1950. À la même époque il intégra le monde magique du théâtre où il s'est fait connaître en 1951 dans la pièce Vogue la galère. Il a à son actif une quarantaine de pièces et de tournées. Côté cinéma, l'artiste peut se vanter d'une filmographie très riche, plus de quatre-vingt œuvres en près de 45 ans de carrière, Roger Hanin incarne, à la télévision en 1989, le rôle du commissaire Navarro, une série télévisée qui a duré près de 20 ans. En plus de son talent indéniable de comédien, Roger Hanin avait également fait parler de lui en tant que romancier dès les années 1980 avec la publication de L'ours en lambeaux suivi de dix autres œuvres littéraires. Enterré à proximité de la tombe de son père dans le quartier ex-Saint Eugène, l'acteur a toujours porté sa ville natale dans son cœur. Il était retourné dans son quartier natal de Marengo, il y a trois ans, se souvient un ami d'enfance, Abdelkader Kribi. «Il est revenu pour revoir ses amis d'enfance dans ce quartier où vivaient beaucoup de juifs dans les années 1950 qui ont vécu parmi nous comme de vrais Algériens», se rappelle son ami qui considère Roger Hanin comme «plus Algérois que Parisien». Le défunt n'a d'ailleurs pas manqué d'exprimer sa solidarité avec l'Algérie dans sa tragédie durant la décennie noire, en écrivant dans le journal L'humanité, en avril 1999, que «l'Algérie n'est pas un pays de chaos, mais une terre noble qui ne refuse pas la fraternité». Artiste humble aux facettes multiples, Roger Hanin a marqué des générations par son talent. Repose en paix l'artiste, dans ta terre et ton pays natals. W. S. M.