Novak Djokovic a remporté dimanche dernier la première grande victoire de sa carrière sur terre battue en s'imposant au tournoi de Rome, un signal fort pour tous ses rivaux à deux semaines de Roland-Garros. Le jeune Serbe de 20 ans a battu en finale le Suisse Stanislas Wawrinka, l'invité surprise qui disputait à 23 ans sa première finale dans une épreuve de cette envergure, en trois sets 4-6, 6-3, 6-3. Au classement mondial, Djokovic reste pour l'instant troisième derrière Roger Federer et le triple tenant du titre Rafael Nadal, tous deux éliminés prématurément dans la capitale italienne. Mais avec ce succès venant après l'Open d'Australie et Indian Wells, il confirme son rang de leader de la saison 2008, trois des cinq trophées les plus prestigieux de l'année étant tombés dans son escarcelle. «Jusqu'à présent cette année a été un rêve pour moi, mais je veux que ça continue, je veux finir l'année N°1», a-t-il dit. Le Serbe, dont les victoires les plus marquantes avaient jusqu'à présent été acquises sur dur, a définitivement prouvé que son talent pouvait s'exprimer sur toutes les surfaces, et particulièrement sur la terre battue, où il n'avait remporté que deux tournois mineurs (Amersfoort en 2006 et Estoril en 2007). Très fort du fond du court, plus patient désormais, il a encore montré dimanche sa faculté d'adaptation en parvenant à casser le rythme de Wawrinka, qui avait pris le dessus en début de match grâce à son solide jeu de fond de court et à son beau revers à une main. En difficulté, Djokovic a réussi à sortir du bras de fer imposé par le Suisse en recourant à une alternance d'accélérations et de balles plus molles, et même en montant à la volée, un exercice qu'il n'appréciait pas franchement jusqu'alors. «J'ai très bien joué au premier set. Je le poussais. Mais ensuite, il a changé son jeu et il est venu plus au filet», a commenté le Suisse. Il est évidemment beaucoup trop tôt pour affirmer que la hiérarchie sur terre battue a été remise en cause. Après tout Nadal, victime d'ampoules au pied, a été battu autant par le rythme infernal de la saison sur terre battue, qu'il ne cesse de dénoncer semaine après semaine, que par Juan Carlos Ferrero. Le Belgradois a, lui, été bien aidé par les circonstances. Grâce aux contre-performances de Federer et Nadal, deux joueurs qu'il n'a encore jamais dominés sur l'ocre, et aux abandons en cours de match de ses adversaires en quart et en demie, Nicolas Almagro et Radek Stepanek, il a remporté le tournoi sans battre un seul membre du Top 20, une rareté dans une épreuve de ce niveau. En tout cas, le jeune Serbe, qui fêtera ses 21 ans le 22 mai, trois jours avant le début de Roland-Garros, a de nouveau montré le visage d'un vainqueur, en fort contraste avec celui qu'avaient vu les spectateurs de Monte-Carlo il y a deux semaines. Champion à la personnalité charismatique mais parfois déroutante, Djokovic avait abandonné lorsque sa demi-finale contre Roger Federer avait commencé à mal tourner pour lui, évoquant une maladie assez mystérieuse. Quant à Wawrinka, qui n'était même pas tête de série à Rome, il va bondir directement de la 24e à la 10e place, un événement pour la Suisse, qui aura pour la première fois deux joueurs dans le Top 10.