A peine dix mois après la date historique du 1er novembre 1954, qui a donné naissance à la lutte armée du peuple algérien, sous les commandes du FLN -une lutte armée menée sur le terrain par l'Armée de libération nationale (ALN)- les chefs militaires de la région du nord constantinois, à leur tête le stratège Zighoud Youcef, avaient décidé de lancer une opération militaire visant les bases militaires et des cibles économiques françaises dans la région du nord constantinois. Une manière de contrecarrer la pression exercée par l'armée française sur la région des Aurès, l'un des principaux foyers de la révolution, qui comptait alors le plus grand nombre de moudjahidine, et où l'armée française a tout misé dans le but d'étouffer l'aspiration du peuple algérien à son indépendance. L'attaque avait aussi pour objectif de prouver que le soulèvement armé, lancé le 1er novembre 1954 est de caractère national et concerne toutes les couches sociales du peuple algérien. Il avait également pour but «d'internationaliser» la cause algérienne, surtout après la décision du sommet afro-asiatique de Bandoeng (avril 1955) de la porter à l'ordre du jour de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations unies. Une époque marquée par une large montée des mouvements de libération dans le monde. Si les objectifs tracés ont été atteints, la riposte française a aussi été forte, plus 12 000 morts recensés parmi la population de la région, des milliers d'arrestations suivies de tortures atroces. Les plus barbares étaient celles pratiquées par des milices de colons, contre de simples paysans, qu'ils traitaient comme des esclaves et qui avaient pris des armes contre eux. L'offensive menée le 20 août 1955 a été préparée par le commandant de la zone II, Zighoud Youcef, qui avait convoqué une «conférence générale» des militants de la région, du 25 juin au 1er juillet 1955. L'autre message fort de cette date historique, était que la révolution algérienne n'est pas une guerre de quelques «fellagas», comme le soulignait les autorités françaises, mais une guerre populaire et nationale qui avait pour objectif l'indépendance de l'Algérie entière. A noter que cette opération a permis la récupération de plusieurs armes qui ont été livrées aux moudjahidine. Une année après, les dirigeants du FLN, qui avaient pour mission la lutte politique et l'organisation de la lutte armée, ont décidé de convoquer, le 26 août 1956, un congrès qui devait rassembler tous les dirigeants des régions et les responsables de la révolution de l'intérieur et de l'extérieur. Le village montagneux d'Ifri, dans la région de Béjaïa, a été choisi pour accueillir l'évènement qui a duré une vingtaine de jours. Le congrès a été l'occasion d'une réorganisation complète des méthodes et structures du combat libérateur, alors que deux années s'étaient écoulées depuis le déclenchement de la guerre de libération nationale. La décision la plus forte de ce congrès était la priorité à l'action armée comme seul moyen d'avoir l'indépendance de l'Algérie. Autre décision prise par les congressistes, la mise en place d'un Conseil national de la révolution algérienne (Cnra), composé de 34 membres, et d'un Comité de coordination et d'exécution (CCE), composé de 5 membres. Afin de donner un nouveau souffle au combat patriotique national, le congrès a décidé de la réorganisation du territoire national, qui a été divisé en six wilayas, dont le Sud algérien pour la première fois. Il a aussi instauré et institué les grades militaires au sein de l'ALN. En résumé le Congrès de la Soummam été un tournant décisif et significatif dans l'histoire de la Révolution de novembre 1954, sur le plan politique et militaire. Signalons que la commémoration de ces événements sera célébrée, aujourd'hui, dans la ville de Constantine, avec la participation du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui effectuera une visite de travail dans cette wilaya. H. C.