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Les "tournants" de la Révolution
Offensive du Nord-Constantinois et congrès de la Soummam
Publié dans Le Midi Libre le 20 - 08 - 2014

Le 20 août constitue une date historique de la glorieuse Révolution algérienne. Un double anniversaire. Le 20 août 1955, l'offensive généralisée dans le Nord- Constantinois et, le 20 août 1956 avec la tenue du Congrès de la Soummam, à Ifri (Kabylie, zone 3 de l'armée de libération nationale.
Le 20 août constitue une date historique de la glorieuse Révolution algérienne. Un double anniversaire. Le 20 août 1955, l'offensive généralisée dans le Nord- Constantinois et, le 20 août 1956 avec la tenue du Congrès de la Soummam, à Ifri (Kabylie, zone 3 de l'armée de libération nationale.
Au début de l'été 1955, la Révolution algérienne avait franchi la première étape de son parcours contre l'occupation française. Au plan intérieur, le Front de libération nationale avait oeuvré à la sensibilisation des masses et leur organisation au sein de différentes instances, à travers la création de la Fédération du FLN en France en décembre 1954 et la mise en place de l'Union Générale des Etudiants Musulmans en juillet 1955.
Dix mois après le déclenchement du la Révolution, l'ampleur de la participation populaire était de plus en plus évidente et ce, malgré la disparition au champ d'honneur de bon nombre de ceux qui déclenchèrent la Révolution à l'instar du martyr Didouche Mourad, commandant de la zone II ou l'arrestation de certains d'entre eux tels que Mustapha Benboulaïd, Rabah Bitat et autres.
Au plan extérieur, la question algérienne avait officiellement marqué sa présence pour la première fois dans les instances internationales, au Congrès de Bandoeng en avril 1955. Ce fut là la première victoire diplomatique de la jeune révolution algérienne sur la toute-puissance de la France.
A la faveur de ce contexte, la direction de la Révolution planifia le lancement de vastes attaques dans le Nord Constantinois, dont la préparation dura environ trois mois dans le secret le plus absolu.
Zighoud Youcef, qui avait succédé à Didouche Mourad à la tête de la zone II, adressa un appel à tous les Algériens, membres des assemblées françaises, les invitant à s'en retirer et rejoindre les rangs de la Révolution. Les attaques du 20 août dans le Nord Constantinois visaient à : donner à la Révolution une forte impulsion en la déplaçant au coeur des zones occupées dans le Nord-Constantinois.
Les autorités françaises avaient réagi aux attaques audacieuses de l'Armée de libération nationale avec une sauvagerie sans pareille, en déclenchant une vaste campagne d'arrestations et de répression qui a visé des milliers de civils algériens..
Sur le terrain, même le FLN/ALN, en dépit de toutes les difficultés et de la répression, affirmait de nouveau avec force sa capacité d'agir et nul doute que l'offensive du Nord-Constantinois aura pesé sur l'opinion algérienne. Elle aura eu le mérite de prolonger l'action initiée en novembre et de poser au FLN et aux Algériens les questions décisives de sa poursuite tant au plan militaire que politique.
Une année plus tard, jour pour jour, la ville d'Ifri (Béjaïa) accueille le Congrès de la Soummam, rendez-vous historique des responsables politico-militaires algériens ayant donne naissance à la plateforme renforçant la révolution Le 20 août 1956, intervient un autre événement majeur dans l'histoire de la guerre de libération nationale : la naissance d'un des premiers textes fondamentaux de la révolution algérienne : la plateforme de la Soummam.
A l'issue des travaux, qui ont duré plus de dix jours, les congressistes ont adopté à l'unanimité un document appelé ''Plate forme de la Soummam''. Cette dernière aborde minutieusement la situation politico-militaire, les perspectives générales et les moyens d'actions et de propagande. Ainsi sont créés, le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), le Comité de coordination et d'exécution (CCE) et six wilayas.
Le CNRA
Pour bon nombre de chercheurs et d'historiens, il a constitué une étape charnière dans le triomphe de la Révolution algérienne. Le Congrès de la Soummam avait rendu indispensable l'organisation de la lutte armée, de la structurer et de lui donner une véritable assise nationale.
Deux éminents responsables conscients de cette nécessité de doter la Révolution d'institutions solides pour poursuivre l'action politique et militaire, lui avaient alors donné un sens et une portée révolutionnaire. Il s'agit d'Abane Ramdane et de Larbi Ben M'hidi, les chevilles ouvrières et les concepteurs patentés de ce congrès qui a fait date dans l'histoire de notre lutte de Libération nationale.
Leur acte avait été favorablement accueilli par les responsables et les chefs de zone. Pour beaucoup d'historiens, mais également d'anciens combattants et combattantes, la Plateforme de la Soummam, ayant sanctionné les travaux de ce congrès, est d'une grande valeur pour la construction du pays et de la nation.
La décision de le tenir à Ifri (Béjaïa), dans la zone III, devenue par la suite wilaya III, est très protégée par le colonel Amirouche et ses djounouds. D'importantes décisions ont été prises et qui se sont avérées décisives. le Congrès de la Soummam avait pris des décisions décisives avec la création du CNRA (une sorte d'Assemblée nationale) et du CCE (Organe exécutif de la Révolution), avec la primauté du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur, la mise en place d'une République démocratique et sociale.
La plate-forme de la Soummam
La plate-forme de la Soummam analyse la situation politique 20 mois après le déclenchement de l'insurrection, fixe les objectifs à atteindre et les moyens d'y parvenir. En outre, elle pose le problème des négociations et les conditions de cessezle- feu qui serviront de base, cinq ans plus tard, aux négociations d'Evian :
Reconnaissance de la Nation algérienne une et indivisible (opposée à la fiction coloniale de «l'Algérie française» et à toute idée de partage ethnique ou confessionnel). Reconnaissance de l'Indépendance de l'Algérie et de sa souveraineté pleine et entière, dans tous les domaines, y compris la Défense nationale et la diplomatie (contre le principe de l'autonomie interne).
Libération de tous les Algériens et Algériennes emprisonnés, internés ou exilés pour activité politique ou armée. Reconnaissance du FLN comme seul représentant du peuple algérien et seul habilité à toute négociation. En contrepartie le FLN est garant et responsable du cessez-le-feu au nom du peuple algérien. «Seul le CNRA est habilité à ordonner lecessez-le-feu dans le cadre fixé par la Plate-forme», proclame la plateforme de la Soummam.
L'étude d'un «gouvernement provisoire» et sa proclamation fut laissée à l'initiative du CCE. Son mérite aura été d'avoir fourni aux militants et aux cadres du FLN, à l'extérieur comme à l'intérieur, des repères d'orientation clairs et fermes pour la poursuite du combat. Le principe de la nation algérienne, partie intégrante du Maghreb arabe, fut solennellement proclamé.
Archives
Zighoud Youcef, architecte de l'offensive du Nord-Constantinois Zighoud Youcef est né le 18 février 1921 à Smendou, un village qui porte aujourd'hui son nom (au nord-est de Constantine) et est mort le 25 septembre 1956 à Sidi Mezghiche (wilaya de Skikda).
Il adhère dès l'âge de 17 ans au Parti du peuple algérien (PPA) dont il fut, en 1938, le premier responsable à Smendou. Elu du Mouvement pour le Triomphe des libertés démocratiques (MTLD) en 1947, il fait partie de l'Organisation Spéciale (OS) qui doit préparer la lutte armée. Arrêté en 1950 puis incarcéré à la prison d'Annaba, il s'en évade en avril 1954 et entre dans la clandestinité pour s'engager dans l'action militante du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) dès sa création.
Le 1er novembre 1954, il est aux côtés de Didouche Mourad, responsable du Nord- Constantinois – une zone qui deviendra la Wilaya II de l'Armée de libération nationale (ALN) –, et participe ensuite, toujours avec Didouche Mourad, le 18 janvier 1955, à la bataille d'Oued Boukerkar, à l'issue de laquelle Didouche trouve la mort. Zighoud Youcef le remplace à la tête de la Wilaya II.
C'est dans cette fonction qu'il organise et dirige la fameuse offensive du 20 août 1955. Zighoud Youcef, qui en est l'un des promoteurs, est nommé membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), élevé au grade de colonel de l'ALN et confirmé comme commandant de la Wilaya II.
Peu après, il regagne son poste de combat et commence à mettre en pratique les décisions du Congrès. C'est au cours d'une tournée d'explication et d'organisation dans les unités placées sous son autorité que Zighoud Youcef tombe dans une embuscade tendue par les forces françaises à Sidi Mezghiche (wilaya de Skikda) le 25 septembre 1956. Il avait à peine 35 ans.
Au début de l'été 1955, la Révolution algérienne avait franchi la première étape de son parcours contre l'occupation française. Au plan intérieur, le Front de libération nationale avait oeuvré à la sensibilisation des masses et leur organisation au sein de différentes instances, à travers la création de la Fédération du FLN en France en décembre 1954 et la mise en place de l'Union Générale des Etudiants Musulmans en juillet 1955.
Dix mois après le déclenchement du la Révolution, l'ampleur de la participation populaire était de plus en plus évidente et ce, malgré la disparition au champ d'honneur de bon nombre de ceux qui déclenchèrent la Révolution à l'instar du martyr Didouche Mourad, commandant de la zone II ou l'arrestation de certains d'entre eux tels que Mustapha Benboulaïd, Rabah Bitat et autres.
Au plan extérieur, la question algérienne avait officiellement marqué sa présence pour la première fois dans les instances internationales, au Congrès de Bandoeng en avril 1955. Ce fut là la première victoire diplomatique de la jeune révolution algérienne sur la toute-puissance de la France.
A la faveur de ce contexte, la direction de la Révolution planifia le lancement de vastes attaques dans le Nord Constantinois, dont la préparation dura environ trois mois dans le secret le plus absolu.
Zighoud Youcef, qui avait succédé à Didouche Mourad à la tête de la zone II, adressa un appel à tous les Algériens, membres des assemblées françaises, les invitant à s'en retirer et rejoindre les rangs de la Révolution. Les attaques du 20 août dans le Nord Constantinois visaient à : donner à la Révolution une forte impulsion en la déplaçant au coeur des zones occupées dans le Nord-Constantinois.
Les autorités françaises avaient réagi aux attaques audacieuses de l'Armée de libération nationale avec une sauvagerie sans pareille, en déclenchant une vaste campagne d'arrestations et de répression qui a visé des milliers de civils algériens..
Sur le terrain, même le FLN/ALN, en dépit de toutes les difficultés et de la répression, affirmait de nouveau avec force sa capacité d'agir et nul doute que l'offensive du Nord-Constantinois aura pesé sur l'opinion algérienne. Elle aura eu le mérite de prolonger l'action initiée en novembre et de poser au FLN et aux Algériens les questions décisives de sa poursuite tant au plan militaire que politique.
Une année plus tard, jour pour jour, la ville d'Ifri (Béjaïa) accueille le Congrès de la Soummam, rendez-vous historique des responsables politico-militaires algériens ayant donne naissance à la plateforme renforçant la révolution Le 20 août 1956, intervient un autre événement majeur dans l'histoire de la guerre de libération nationale : la naissance d'un des premiers textes fondamentaux de la révolution algérienne : la plateforme de la Soummam.
A l'issue des travaux, qui ont duré plus de dix jours, les congressistes ont adopté à l'unanimité un document appelé ''Plate forme de la Soummam''. Cette dernière aborde minutieusement la situation politico-militaire, les perspectives générales et les moyens d'actions et de propagande. Ainsi sont créés, le Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), le Comité de coordination et d'exécution (CCE) et six wilayas.
Le CNRA
Pour bon nombre de chercheurs et d'historiens, il a constitué une étape charnière dans le triomphe de la Révolution algérienne. Le Congrès de la Soummam avait rendu indispensable l'organisation de la lutte armée, de la structurer et de lui donner une véritable assise nationale.
Deux éminents responsables conscients de cette nécessité de doter la Révolution d'institutions solides pour poursuivre l'action politique et militaire, lui avaient alors donné un sens et une portée révolutionnaire. Il s'agit d'Abane Ramdane et de Larbi Ben M'hidi, les chevilles ouvrières et les concepteurs patentés de ce congrès qui a fait date dans l'histoire de notre lutte de Libération nationale.
Leur acte avait été favorablement accueilli par les responsables et les chefs de zone. Pour beaucoup d'historiens, mais également d'anciens combattants et combattantes, la Plateforme de la Soummam, ayant sanctionné les travaux de ce congrès, est d'une grande valeur pour la construction du pays et de la nation.
La décision de le tenir à Ifri (Béjaïa), dans la zone III, devenue par la suite wilaya III, est très protégée par le colonel Amirouche et ses djounouds. D'importantes décisions ont été prises et qui se sont avérées décisives. le Congrès de la Soummam avait pris des décisions décisives avec la création du CNRA (une sorte d'Assemblée nationale) et du CCE (Organe exécutif de la Révolution), avec la primauté du politique sur le militaire et de l'intérieur sur l'extérieur, la mise en place d'une République démocratique et sociale.
La plate-forme de la Soummam
La plate-forme de la Soummam analyse la situation politique 20 mois après le déclenchement de l'insurrection, fixe les objectifs à atteindre et les moyens d'y parvenir. En outre, elle pose le problème des négociations et les conditions de cessezle- feu qui serviront de base, cinq ans plus tard, aux négociations d'Evian :
Reconnaissance de la Nation algérienne une et indivisible (opposée à la fiction coloniale de «l'Algérie française» et à toute idée de partage ethnique ou confessionnel). Reconnaissance de l'Indépendance de l'Algérie et de sa souveraineté pleine et entière, dans tous les domaines, y compris la Défense nationale et la diplomatie (contre le principe de l'autonomie interne).
Libération de tous les Algériens et Algériennes emprisonnés, internés ou exilés pour activité politique ou armée. Reconnaissance du FLN comme seul représentant du peuple algérien et seul habilité à toute négociation. En contrepartie le FLN est garant et responsable du cessez-le-feu au nom du peuple algérien. «Seul le CNRA est habilité à ordonner lecessez-le-feu dans le cadre fixé par la Plate-forme», proclame la plateforme de la Soummam.
L'étude d'un «gouvernement provisoire» et sa proclamation fut laissée à l'initiative du CCE. Son mérite aura été d'avoir fourni aux militants et aux cadres du FLN, à l'extérieur comme à l'intérieur, des repères d'orientation clairs et fermes pour la poursuite du combat. Le principe de la nation algérienne, partie intégrante du Maghreb arabe, fut solennellement proclamé.
Archives
Zighoud Youcef, architecte de l'offensive du Nord-Constantinois Zighoud Youcef est né le 18 février 1921 à Smendou, un village qui porte aujourd'hui son nom (au nord-est de Constantine) et est mort le 25 septembre 1956 à Sidi Mezghiche (wilaya de Skikda).
Il adhère dès l'âge de 17 ans au Parti du peuple algérien (PPA) dont il fut, en 1938, le premier responsable à Smendou. Elu du Mouvement pour le Triomphe des libertés démocratiques (MTLD) en 1947, il fait partie de l'Organisation Spéciale (OS) qui doit préparer la lutte armée. Arrêté en 1950 puis incarcéré à la prison d'Annaba, il s'en évade en avril 1954 et entre dans la clandestinité pour s'engager dans l'action militante du Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA) dès sa création.
Le 1er novembre 1954, il est aux côtés de Didouche Mourad, responsable du Nord- Constantinois – une zone qui deviendra la Wilaya II de l'Armée de libération nationale (ALN) –, et participe ensuite, toujours avec Didouche Mourad, le 18 janvier 1955, à la bataille d'Oued Boukerkar, à l'issue de laquelle Didouche trouve la mort. Zighoud Youcef le remplace à la tête de la Wilaya II.
C'est dans cette fonction qu'il organise et dirige la fameuse offensive du 20 août 1955. Zighoud Youcef, qui en est l'un des promoteurs, est nommé membre du Conseil national de la révolution algérienne (CNRA), élevé au grade de colonel de l'ALN et confirmé comme commandant de la Wilaya II.
Peu après, il regagne son poste de combat et commence à mettre en pratique les décisions du Congrès. C'est au cours d'une tournée d'explication et d'organisation dans les unités placées sous son autorité que Zighoud Youcef tombe dans une embuscade tendue par les forces françaises à Sidi Mezghiche (wilaya de Skikda) le 25 septembre 1956. Il avait à peine 35 ans.


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