C'est au cours de deux réunions tenues le 10 et 24 octobre 1954 à Alger que le Comité des Six a mis les dernières touches aux préparatifs pour le déclenchement de la guerre de libération. D'importantes questions furent débattues par les présents : Le nom à donner à l'organisation dont la naissance était imminente et qui était destinée à se substituer au Comité Révolutionnaire pour l'Unité et l'Action. C'est ainsi que fut décidée la création du Front de Libération Nationale et de son aile militaire représentée par l'Armée de Libération Nationale. Les préparatifs La première mission du Front consistera à entrer en contact avec l'ensemble des courants politiques composant le mouvement national afin de les inciter à rejoindre les rangs de la Révolution et à mobiliser les masses pour la bataille décisive contre l'occupant français. - Arrêter la date du déclenchement de la guerre de libération : le choix de la nuit du dimanche au lundi 1er novembre 1954 en tant que date de déclenchement de l'action armée obéissait à des données militaires tactiques, parmi lesquelles le départ d'un nombre important de soldats et officiers de l'armée d'occupation en congé de fin de semaine qui sera suivi par la célébration d'une fête chrétienne, ainsi que la nécessité d'introduire l'effet de surprise. - Définir la carte des zones, désigner leur direction de façon définitive et mettre les dernières touches à la carte du plan d'attaque de la nuit du 1er novembre (carte des principales opérations du 1er novembre 1954) - Première zone – Les Aurès : Mustapha Benboulaïd - Deuxième zone – Le Nord Constantinois : Didouche Mourad - Troisième zone– La Kabylie : Krim Belkacem - Quatrième zone – Le Centre : Rabah Bitat - Cinquième zone - L'Ouest Oranais : Larbi Ben M'hidi - Définir le mot de passe pour la nuit du 1er novembre 1954 : Khaled et Okba Le déclenchement La Révolution a débuté avec la participation de 1200 moudjahidine (combattants) au niveau national, dotés de 400 pièces d'armement et de quelques bombes artisanales seulement. Les attaques visèrent les postes de gendarmerie, les casernes de militaires, les dépôts d'armement ainsi que d'autres intérêts stratégiques et également certaines propriétés accaparées par les colons…. Les attaques des moudjahidine ont englobé plusieurs régions du pays et visé plusieurs villes et villages à travers les cinq zones : Batna, Arris, Khenchela et Biskra pour la zone I, Constantine et Smendou pour la zone II, Azazga, Tighzirt, Bordj Ménaiel et Draâ el mizan pour la zone III. Au niveau de la zone IV, elles ont concerné Alger, Boufarik et Blida tandis que Sidi Ali, Zahana et Oran, dans la zone V étaient au rendez-vous pour le déclenchement de la Révolution (Carte du découpage politique et militaire de la Révolution 1954-1956) De l'aveu même des autorités coloniales, le nombre d'opérations armées contre les intérêts français menées à travers toutes les régions d'Algérie au cours de la nuit du 1er novembre 1954 s'est élevé à trente opérations dont le bilan s'est soldé par la mort de 10 Européens alors que 23 autres étaient blessés tandis que des dégâts matériels ont été estimés à plusieurs centaines de millions de francs français. Toutefois, la Révolution a déploré, au cours de cette première étape, la perte des meilleurs de ses fils tombés au champ d'honneur, tels que: Abdelmalek Ramdane, Grine Belkacem, Badji Mokhtar, Didouche Mourad et autres. La Déclaration du 1er Novembre 1954 : L'action armée a précédé la proclamation de la naissance du « Front de Libération Nationale » qui a rendu publique sa première déclaration officielle connue sous le nom de « Déclaration du 1er Novembre ». Cet appel, adressé au peuple algérien dans la nuit du 31 octobre 1954 et diffusé au cours de la matinée du 1er novembre, définissait les principes et les moyens de la Révolution, traçait les objectifs qui sont la liberté et l'indépendance et jetait les bases de la reconstruction de l'Etat algérien et la liquidation du système colonial. Dans la Déclaration, le FLN a précisé les conditions politiques requises pour parvenir à cela sans effusion de sang ni recours à la violence. Il y expose également les conditions dramatiques vécues par le peuple algérien qui l'ont poussé à prendre les armes afin d'atteindre ses objectifs nationalistes, faisant ressortir les dimensions politique, historique et civilisationnelle de cette décision historique. La Déclaration du 1er novembre 1954 représente en quelque sorte la constitution de la Révolution et la référence première qui a guidé les dirigeants de la lutte de libération et tracé la voie aux générations suivantes. Le congres de Bandoeng Le Front de Libération Nationale a assisté au Congrès de Bandoeng qui s'est tenu en Avril 1955 en Indonésie, en qualité d'observateur au sein de la délégation égyptienne. L'Algérie était représentée par Messieurs M'hamed Yazid et Hocine Ait Ahmed. Le Congrès adopta une résolution reconnaissant le droit des peuples algérien, marocain et tunisien à l'autodétermination et à l'indépendance. Suite à ce succès enregistré par la question algérienne dans les instances internationales, un groupe de pays africains et asiatiques présenta, au cours de l'été 1955, au Secrétaire Général des Nations Unies, un mémorandum demandant l'inscription de la question algérienne à l'ordre du jour de la dixième session de l'Assemblée Générale, prévue pour octobre 1955. Cela coïncida avec les victoires remportées par l'Armée de Libération Nationale dans le Nord Constantinois et dans la région de l'Ouest Algérien et permit d'imposer la question algérienne aux travaux de la dixième session.