Un geste «fort» du Premier ministre marocain, Abdelilah Benkirane, le 1er novembre dernier, qui s'est déplacé à l'ambassade d'Algérie à Rabat pour assister à la réception organisée à l'occasion justement de cette date anniversaire, a fait croire à une éventuelle normalisation des relations entre les deux pays. Par Karima Mokrani Le Marocain y est arrivé en milieu de réception, mais il y est resté, discutant longuement avec l'ambassadeur algérien. Un geste «significatif» que beaucoup ont apprécié. Avant cela, il y a quelques mois, lors d'un débat sur une chaîne de télévision étrangère, le même responsable a déclaré: «Les Algériens sont nos frères. Nous les aimons et nous pensons que c'est réciproque». Ce même 1er novembre, le souverain marocain Mohamed VI, a adressé un message au président Bouteflika, l'assurant de «sa ferme détermination à continuer à œuvrer de concert pour renforcer davantage les liens de fraternité, de coopération et de solidarité entre les deux pays frères». Moins d'une semaine après, le successeur de Hassan II surprend l'Algérie par une nouvelle attaque verbale des plus assassines à cause de l'histoire du Sahara occidental sur lequel a tranché l'Algérie, il y a bien longtemps. Les relations ont du mal à s'arranger et c'est à nouveau le Maroc qui entrave toutes les démarches visant une reprise graduelle des relations bilatérales. Tout cela à cause du dossier du Sahara occidental et de l'ouverture des frontières entre les deux pays. Malgré tous les incidents, nombreux, survenus entre les deux pays, principalement au niveau des frontières, la diplomatie algérienne a continué à faire montre de sérénité et de son attachement aux principes de fraternité et de solidarité entre les deux peuples. «Il y a un tissu de relations particulièrement dense, avec des dimensions matérielles et immatérielles indissociables, des référents historiques, des questionnements et des projections qui dépassent la conjoncture» a déclaré récemment le ministre algérien, Ramtane Lamamra. Aussi, «les relations algéro-marocaines ne sont pas réductibles à la seule question de fermeture de la frontière terrestre», a-t-il insisté. Plusieurs fois, à plusieurs occasions, l'Algérie affirme sa disponibilité à une reprise normale des relations bilatérales, elle le souhaite même sur le plan économique. Toutefois, au nom du droit international, elle insiste sur le dossier du Sahara occidental et le droit du peuple colonisé à l'autodétermination. Aussi, pour les frontières, le sujet n'est plus à aborder, du moins dans l'immédiat, pour des raisons évidentes, la drogue et autres trafics en tête. Aussi, s'il y avait fermeture des frontières en 1994, c'était parce que le Maroc a décidé unilatéralement d'imposer aux Algériens le visa d'entrée. Autrement dit, ce sont eux qui ont commencé, à eux d'assumer ce geste «irréfléchi» si l'on peu le dire ainsi. Pour rappel, la fermeture des frontières, donc la décision d'imposer le visa aux Algériens, a été prise suite à un attentat, le 26 août 1994, contre un hôtel de la ville marocaine de Marrakech, ayant fait des morts et plusieurs blessés parmi des touristes espagnoles. L'Algérie, sans preuves, a été accusée d'être derrière l'acte terroriste. Pire, se croyant la cible de l'attaque terroriste, le Maroc a vite fait de verser sa colère sur les ressortissants algériens, les dépossédant de leurs biens et les renvoyant chez eux en Algérie. Cette histoire de spoliation des Algériens de leurs terres au Maroc est un autre problème qui envenime les relations entre les deux pays. K. M.