Au moment où le royaume alaouite multiplie les gestes de bonne intention, l'Algérie préfère temporiser en attendant d'avoir en main les conclusions des différentes commissions bilatérales. Il est clair qu'en décidant unilatéralement la suppression des visas pour les ressortissants algériens désireux se rendre au Maroc, Rabat pensait certainement qu'elle allait forcer la main aux autorités algériennes, qui ne tarderaient pas à appliquer le principe de la réciprocité, comme c'est le cas généralement dans pareille situation. Après plus d'une semaine, il n'en est rien encore. L'empressement des Marocains à vouloir régler rapidement le contentieux entre les deux parties, n'a pas encore trouvé écho auprès des responsables algériens, qui n'ont pratiquement rien à gagner sur le plan commercial. En effet, le Maroc, lourdement affecté sur le plan économique par la fermeture des frontières entre les deux pays en 1994, veut certainement un rétablissement rapide de la circulation des biens et des personnes, qui ne lui sera que favorable. Ceci dit, l'Algérie ne semble nullement disposée à mettre la charrue avant les bœufs. À en croire certaines sources, la décision de Mohammed VI de supprimer le visa pour les Algériens est un geste insuffisant pour Alger et devrait s'accompagner d'excuses pour le traitement peu chevaleresque qui a été réservé à nos ressortissants par les services de police marocains. Sachant pertinemment qu'une réouverture de la frontière n'est qu'une étape dont les conséquences seront beaucoup plus bénéfiques aux Marocains qu'aux Algériens. Les autorités d'Alger préfèrent attendre que les commissions, travaillant sur le sujet des relations bilatérales, aboutissent à des résultats concrets pour prendre des mesures communes avec le voisin de l'Ouest. Il suffit de voir les réactions des officiels algériens pour se rendre compte que la démarche d'Alger vise à un règlement global progressif de tous les différends. L'objectif primordial des dirigeants algériens est d'aboutir à la relance de l'Union du Maghreb arabe, un ensemble qui permettra à la région de se replacer sur la scène internationale. Ainsi, le Maroc et l'Algérie divergent sur l'essentiel, à savoir le but recherché à travers un retour à la normale entre le deux parties. Cela étant, les Algériens et les Marocains, qui sont condamnés à s'entendre en raison des transformations que connaît le monde dans l'intérêt du Maghreb en tant qu'entité, commencent apparemment à mettre sur les rails un processus de rapprochement. Reste maintenant à redémarrer sur de bonnes bases, en trouvant une solution à la question du Sahara occidental, qui constitue le principal blocage pour l'édification de l'Union du Maghreb arabe. Tout est tributaire de la position marocaine sur ce point. K. A.