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Vers une culture céréalière intensive moins dépendante de la pluviométrie
Devant le stress hydrique et la démographie galopante
Publié dans La Tribune le 09 - 05 - 2016

Le ministre de l'Agriculture du développement rural et de la pêche, Sid Ahmed Ferroukhi, a procédé lundi dernier dans la région de Babar (wilaya de Khenchela) au lancement officiel de la campagne moisson-battage 2015/2016. Une campagne dont les prévisions de récoltes étaient vouées au plus bas eu égard au déficit pluviométrique enregistré tout au long des trois premiers mois de l'année courante et dont commençaient à souffrir les céréales conduites en sec, si ce n'est que les pluies régulières et abondantes du mois d'avril ,enregistrées sur de nombreuses régions du pays notamment celles à vocation céréalière et lesquelles sont décisives pour avoir de bonnes récoltes, ont laissé entrevoir que la campagne n'est en général plus compromise. Mais au regard de la situation vécue, un défi s'impose : il n'est plus possible au pays de compter uniquement sur la pluie pour obtenir des récoltes de céréales appréciables.
Deux réalités de terrain imposent au pays de revoir sa stratégie de production céréalière toute variété confondue. C'est l'impact du stress hydrique auquel est confronté le pays et ses besoins de consommation sans cesse grandissant en blé au vu de sa croissance démographique. Cette année, c'est le stress hydrique qui c'est manifesté de plus bel mais vite compensé par les pluies du mois d'avril, cela n'a pas s empêché pour autant de rappeler à plus d'un que notre céréaliculture ne doit plus trop dépendre de la pluviométrie. Il va s'agir en effet, selon les agronomes d'introduire de nouvelles techniques culturales sans oublier de passer à une extension des surfaces irriguées. Pour la première condition, il appartiendra, d'après ces derniers, à la grande famille des céréaliculteurs de multiplier l'utilisation de fertilisant et de semer que des semences sélectionnées. Quant à la seconde condition, cela relève beaucoup plus du ministre des Ressources en eau car l'extension des surfaces irriguées ne sera possible que si les agriculteurs disposent du volume d'eau qui leur est nécessaire et en continu pour qu'ils puissent mener à bien leur campagne. Autre condition nécessaire «il va falloir que la mécanisation dans l'acte agricole soit plus pesante et d'autre part que les céréaliculteurs respectent les itinéraires techniques», soutiennent les agronomes. Toujours au sujet de se libérer de la trop forte dépendance à la pluviométrie des experts en la matière avancent qu'une croissance raisonnablement forte – et surtout durable – des récoltes céréalières ne peut pas se réaliser du jour au lendemain. Elle demande du temps, même si le diagnostic est fait de ce qu'il faut faire et ne pas faire dans la céréaliculture. Du côté de la tutelle, il est question d'améliorer la productivité rapportée, c'est-à-dire de produire plus et mieux. Pour ce faire, le ministre du secteur juge que «l'irrigation d'appoint s'impose et qu'elle doit se généraliser là où l'eau est rendu disponible aux céréaliculteurs». Toujours dans ce même objectif d'améliorer les rendements des cultures céréalières, Sid Ahmed Ferroukhi considère qu'il n'est plus possible de compter uniquement sur les petits céréaliculteurs qui «dépendent du soutien des moyens de l'Etat pour produire», a-t-il fait remarquer lors du lancement officiel de la campagne moisson-battage lundi dernier à Babar dans la wilaya de Kenchela. ET de rappeler dans ce sens à cette même occasion : « La filière céréale compte environ 600 000 producteurs, mais très peu d'entre eux disposent de gros moyens (financiers et matériels). En conséquence, nous ne pouvons espérer aller très vite au niveau souhaité. Nous voulons de grands projets ». C'est dans ce sens que le ministre a récemment réuni des transformateurs de blé pour les inciter à participer à cet effort et à promouvoir la création de réseaux avec les agriculteurs à l'instar de certains industriels qui ont mené une expérience similaire à Sétif, Guelma et Constantine. On a appris que ces industriels ont entrepris d'accompagner les agriculteurs en mettant à leur disposition des ingénieurs agronomes pour leur inculquer des techniques de production leur permettant de produire des blés de qualité. Une démarche qui tient à cœur au ministre au point où il son département veut «généraliser ce mode de travail», a-t-il souligné à Khenchela. Et d'ajouter «dans cette perspective, nous souhaitons attirer le maximum d'industriels que l'Etat est prêt à aider et à leur attribuer des terres dans le cadre de la mise en valeur au Sud, dans les Hauts-Plateaux, et à établir des partenariats avec des concessionnaires de terres relevant du domaine privé de l'Etat».
La facture des importations de blé tendre et dur pèse encore lourdement sur le budget de l'Etat
A la faveur de cette stratégie, les pouvoirs publics ambitionnent d'augmenter progressivement la production céréalière pour la porter à 70 millions de quintaux en 2019. Un objectif à la portée dans la mesure où le ministère de tutelle faire croître l'irrigation des champs de blé à 1 million d'hectares à l'horizon 2019 alors que pour l'instant sur un total de 300 000 hectares, seulement 200 000 hectares consacrés à la céréaliculture sont irrigués. Faut-il rappeler par ailleurs que pour encourager la production des céréales et par ricocher réduire leur importation l'Etat avait décidé, en 2009, de fixer les prix d'achat des blés auprès des agriculteurs à un niveau plus élevé que ceux du marché international. Ainsi, le prix du quintal que les agriculteurs livrent à l'OAIC est de 4 500 DA pour le blé dur, de 3 500 DA pour le blé tendre et de 2 500 DA pour l'orge. Une stratégie qui a certes donné des résultats puisqu'il a été observé des progrès indéniables en matière de production. En effet au cours de ces 5 dernières années, la moyenne annuelle enregistrée a été de près de 45 millions de quintaux avec une pointe de 63 mqtx en 2009, par contre la production céréalière avait 40 mqtx lors de la campagne 2014-2015, en hausse de 14% par rapport à la précédente. Pour revenir enfin à la campagne moisson battage 2015-2016, les prévisions du ministère tablent sur une production de 61 millions de quintaux. Ce qui veut dire que les importations vont continuer à coûter cher au pays compte tenu que les besoins de consommation en la matière vont continuer de se maintenir sur une courbe ascendante.
Z. A.


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