«La création de l'emploi obéit, maintenant, à une approche économique et non plus sociale» expliquait hier, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, en marge de la 12e réunion du Réseau international des instituts de formation dans le domaine du travail (RIIFT) à El Aurassi. Cette phrase de M. Tayeb Louh représente un indicateur important dans la nouvelle politique de l'emploi adoptée par l'Etat. Il ne s'agit plus donc de créer des postes pour caser les jeunes et faire baisser les statistiques du chômage. «L'idéal c'est de garantir un emploi permanent dans une économie sûre», prône-t-il. Cela explique, en partie, l'importance accordée dans la nouvelle politique de promotion de l'emploi et de la lutte contre le chômage à la création d'entreprise. «Nous avons constaté une nette accélération dans le traitement et le financement des dossiers de création d'entreprise de la part des banques. 20 milliards de DA ont été accordés au fonds de garantie des crédits à l'investissement des PME pour les rassurer», poursuit le ministre, qui insiste sur l'importance d'inculquer «la culture de l'entreprenariat» aux jeunes et d'aller au-devant de la scène et ne pas attendre le poste administratif. Le ministre a par ailleurs, loué le travail entrepris depuis 1999, par l'Etat dans les processus de développement économique et social. «De 2004 à 2009, l'Etat a réservé 150 milliards de dollars pour la relance économique et pour mettre à niveau les infrastructures de base. Une croissance 6,6% hors hydrocarbures a été atteint l'année dernière». Interrogé sur la précarité de l'emploi, le taux de permanisation n'excédant pas les 12%, le ministre explique que c'est une question de «philosophie». «Qu'est-ce que la précarité de l'emploi. Avant, les travailleurs des souks el fellah, croyaient occuper des emplois permanents…», fait-il remarquer pour expliquer les nouvelles donnes économiques et la réalité du terrain. «Il faut réaliser la croissance économique, créer de l'emploi, des richesses pour augmenter le pouvoir d'achat». Concernant le taux de chômage pour 2008, le ministre informe qu'au niveau de l'ONS, l'enquête est terminée et les résultats seront connus dans les prochains jours. «Ce qui est sur, c'est que le taux (11,8% en 2007) va vers la baisse». Sur la 12e réunion du RIIFT, organisée à Alger sous le thème «le rôle des institutions dans la formation des partenaires sociaux», M. Louh souligne l'indispensable recours au dialogue social. «Il est important que les trois partie représentant le monde du travail [travailleurs, employeurs et pouvoirs publics] travaillent en commun pour faire face au nouveaux défis et garantir une adéquation entre les exigences économiques et les besoins sociaux. Et la formation des partenaires sociaux est importante pour la croissance économique, surtout en ces temps de crise mondiale». Le ministre rappelle que depuis la loi n°90-11 du 21 avril 1990 relative aux relations de travail, les bipartites (UGTA-Gouvernement) et tripartite (incluant le patronat) se sont succédé. A partir de là, les services de l'inspection du travail ont signé 55 conventions collectives de branche et 91 accords collectifs, plus une convention collective cadre avec le secteur privé. «Depuis la loi 90-11, 2 796 conventions collectives de branches ont été inscrites et 13 105 accords conclus.» Interrogé sur l'élaboration des régimes indemnitaires, M. Louh explique : «Il faut d'abord terminer les statuts particuliers pour aller vers les régimes indemnitaires. Actuellement nous en sommes à presque 20 statuts particuliers déposés.» Par ailleurs, le ministre rappelle que l'Institut national du travail a formé plus de 4 000 cadres (des responsables des ressources humaines, syndicalistes et travailleurs) dans des domaines aussi variés que la gestion administrative, le droit syndical, la préservation des risques des métiers, les techniques de dialogue… Le RIIFT a pour objectif de promouvoir les objectifs de l'Organisation internationale du travail dans les institutions membres. Créées en 2002, 12 institutions provenant principalement de l'Union européenne et du Sud de la Méditerranée le constituent. S. A.