«La sonnette d'alarme est désormais tirée concernant l'impact du réchauffement climatique sur l'alimentation et l'agriculture, et autres facteurs pathologiques infestant les récoltes», a déclaré, hier au Palais de la culture Malek-Haddad de Constantine, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdesslem Chalghoum, au cours de la cérémonie officielle de la célébration de la Journée mondiale de l'alimentation. M. Chalghoum qui s'exprimait en présence du ministre des Ressources en eau et de l'Environnement, Abdelkader Ouali, des représentants du Pnud et de la FAO dira que le slogan choisi cette année par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) pour cette journée, «Le climat change, l'alimentation et l'agriculture aussi», reste une invitation ouverte pour un travail collectif afin d'apporter des amendements et des stratégies adéquates en matière agricole. «Le changement du climat impose le recours à de nouveaux procédés de production en prenant en compte l'équation environnementale et écologique. Cela s'acquiert par l'exploitation rationnelle des ressources naturelles (forêts, pêche,…) à travers l'utilisation de moyens non polluants. Le défi reste grand. Il ne se limite pas aux seuls besoins de garantir de la nourriture, mais dépasse cet aspect pour une alimentation saine et complémentaire en quantité et en qualité. Il est indispensable de capitaliser toutes les énergies pour asseoir une politique agricole apte à s'adapter aux variations climatiques, en associant les potentialités nécessaires sur le terrain en usant de concertations et de participations», affirme le ministre. M Chalghoum citera les engagements et la stratégie de l'Algérie pour faire face à ces variations climatiques en rappelant en premier le lancement dans les années 1970 du Barrage vert pour lutter contre la désertification, avant de souligner les multiples efforts consentis depuis 2000 et qui s'articulent sur le programme du président de la République. «Ledit programme visait et vise divers plans (ressources hydriques, environnement, forêts, agriculture,…) pour préserver l'environnement et l'accomplissement du développement sans altérer l'équilibre de l'écosystème», a-t-il indiqué. «Notre département a établi des schémas de développement pour l'amélioration de la sécurité alimentaire du pays en s'appuyant sur les potentialités existantes et œuvre pour une agriculture productive et compétitive, avec en prime la couverture des zones rurales et ses habitants avec la valorisation de quelques productions locales qui permettent la diversification de l'offre alimentaire, créant des postes d'emplois. Aussi, est-il question d'utiliser de nouvelles parcelles pour les implantations afin de limiter les changements climatiques et la désertification. La politique agricole utilisée en Algérie répond en harmonie avec les buts du siècle. Le développement et la diversification des productions agricoles requièrent indéniablement des procédés scientifiques élaborés dans le domaine. Et les agriculteurs sont tenus de suivre scrupuleusement l'orientation agricole qui joue un rôle primordial dans la sensibilisation des agriculteurs, des éleveurs et des pêcheurs», ajoutera le ministre, soutenant que son département se penche sur les productions stratégiques (filière lait, pomme de terre,…) et ce, en se basant sur des techniques et une rationalisation de l'utilisation de l'eau en raison des faibles pluviométries. Pour ce dernier point, le responsable éclairera davantage en usant du vocable «orientation agricole» qui reste, selon lui, un pivot incontournable pour l'itinéraire technique des agriculteurs en vue d'une production aux normes. Abordant la problématique de la faiblesse de pluviométrie qui a sévi à l'Ouest (Tiaret particulièrement), M. Chalghoum révèlera que «toutes les dispositions sont prises avec des mécanismes au niveau central et régional pour remédier à la sécheresse dans d'éventuelles localités avec des systèmes d'irrigations provisoires dans des phases bien précises (9 mois). Evoquant le nouveau partenariat algéro-américain dans le domaine de l'élevage bovin à El Bayadh pour booster la filière lait, le ministre indiquera que son département a été destinataire de multiples demandes émanant d'Irlandais, de Qataris et d'Algériens. Intervenant par la suite, M. Ouali dira que «la célébration de la Journée mondiale de l'alimentation nous offre l'opportunité pour traiter des enjeux de l'eau liée à l'agriculture et le développement rural», indiquant qu'«il importe de préciser les orientations qui guident l'action du secteur des ressources en eau par rapport à cette problématique imminente et stratégique en relation directe avec le développement socioéconomique et la sécurité alimentaire dans notre pays». M. Ouali soulignera que le secteur des ressources hydriques œuvre dans le domaine de la mobilisation de l'eau au profit de l'agriculture ainsi que l'extension de la superficie irriguée. «Le nouveau programme en Algérie a comme objectif d'atteindre une superficie irriguée de 2 130 000 hectares d'ici 2020, soit un accroissement d'un million d'hectares», a-t-il certifié. Et ce pour réaliser une économie nationale diversifiée et développer une agriculture «en irriguée» permettant de créer des emplois. «Un hectare irrigué génère trois emplois et permet une stabilité rurale de surcroit», soulignera M. Ouali soutenant que «la bataille de l'eau est en marche pour faire face aux changements climatiques. La synergie intersectorielle impulsée par le président de la République permet cet objectif». Au plan chiffré, le ministre des Ressources en eau indiquera que 6 milliards de m3 d'eau sont délivrés annuellement à l'agriculture. Il rappellera dans ce contexte que la superficie irriguée est passée de 350 000 hectares en 1999 à 1 260 000 hectares en 2014. N. H. Encadré Viande de mouton putréfiée : surdosage d'un complément alimentaire Le ministre de l'Agriculture, Abdesslem Chalghoum s'est prononcé, hier à Constantine, sur le scandale de la viande de mouton putréfiée, indiquant que c'est un surdosage de complément alimentaire qui en est l'origine. «Ce n'est pas un constat administratif : les données initiales ont été confirmées il y a 48 heures. C'est un surdosage en complément alimentaire qui a causé le pourrissement de la viande», dira-t-il. «Les analyses menées par les laboratoires de la Gendarmerie nationale et de la Sûreté nationale avec le concours des vétérinaires et inspecteurs sont unanimes», a-t-il ajouté. M. Chalghoum met à l'index les spéculateurs «qui ont engraissé sans scrupule leurs bestiaux (environ 400 sur les 4 millions sacrifiés). J'innocente nos amis éleveurs qui restent créateurs de richesse». Le complément alimentaire n'est pas interdit, mais sa provenance suscite des interrogations. L'enquête se poursuit…