L'enjeu du 29e Congrès de l'Union chrétienne démocrate (CDU) était de savoir avec quel score Angela Merkel allait-elle être réélue à la tête du parti qu'elle préside depuis 2000. L'enjeu du 29e Congrès de l'Union chrétienne démocrate (CDU) était de savoir avec quel score Angela Merkel allait-elle être réélue à la tête du parti qu'elle préside depuis 2000. La réponse est tombée ce 6 décembre : avec 89,5% des voix. Huit mois avant les législatives de septembre 2017, à l'occasion desquelles Merkel briguera un quatrième mandat de chancelière, ce score résume au fond assez bien la position qui est la sienne à l'intérieur de sa propre famille politique : même si son autorité n'y est plus aussi incontestée qu'il y a trois ou quatre ans, même si sa gestion de la crise des réfugiés a suscité des doutes et des critiques parmi ses troupes, Merkel sait qu'elle peut compter sur le large soutien de son camp pour affronter «une élection qui sera plus difficile que toutes celles qui l'ont précédée», comme elle l'a encore répétée. Sur le plan de la politique économique, Merkel était attendue. Ces dernières semaines, plusieurs responsables de la CDU avaient réclamé des engagements précis sur la fiscalité. C'est ce qu'elle a fait, en promettant que, si elle était réélue en 2017, il n'y aurait ni augmentations de taxes pour les PME, ni hausse de l'impôt sur la succession, ni impôt sur la fortune. Au passage, la chancelière a dit vouloir agir pour que les grands groupes internationaux n'échappent pas à leurs obligations fiscales, affirmant que «certains ne comprennent pas que les gens qui payent chaque année honnêtement leurs impôts se détournent du système politique lorsque les grandes entreprises ne respectent pas leurs obligations». Fière de son bilan, rappelant notamment que «le chômage a diminué de moitié» depuis son accession au pouvoir, en 2005, Merkel n'a certes pas dit grand-chose, sur le fond, du projet qu'elle entend proposer aux Allemands pour les quatre années qui viennent. Elle a néanmoins esquissé ce que serait la ligne directrice de sa campagne pour les législatives : la promesse de la stabilité. «2016 n'a pas apporté plus de calme et de stabilité. Au contraire. Nous sommes confrontés à un monde, en particulier depuis l'élection américaine, qui a besoin de se réorganiser, par rapport à l'Otan et à la relation avec la Russie», a-t-elle rappelé. «Personne, pas même quelqu'un muni d'une grande expérience, ne peut seul améliorer les choses en Allemagne, en Europe, dans le monde, et certainement pas le chancelier de l'Allemagne», a-t-elle ajouté. Malgré cette précaution oratoire, le message était clair : dans ce monde incertain, où plusieurs de ses homologues sont sur le point de quitter le pouvoir, qu'il s'agisse de Barack Obama aux Etats-Unis, de François Hollande en France ou de Matteo Renzi en Italie, Merkel sera bientôt la seule, parmi les principaux dirigeants de la planète, à avoir une telle longévité. Pour elle, tout l'enjeu est de convaincre ceux qui voient dans cette longévité un pouvoir en bout de course – ce que ne cesse de répéter le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne, crédité de plus de 10% des intentions de vote aux législatives – qu'il s'agit au contraire d'un atout pour l'Allemagne. Il lui reste dix mois pour cela. R. I.