Une récente enquête du cabinet d'étude 6t évoque une chute du nombre de locations par abonnés, qui serait due à un effet de seuil structurel lié à la baisse de la disponibilité des voitures. Les auteurs émettent ainsi l'hypothèse d'un report modal de la part des usagers «découragés», qui, selon eux, auraient perdu un certain «réflexe Autolib». Une récente enquête du cabinet d'étude 6t évoque une chute du nombre de locations par abonnés, qui serait due à un effet de seuil structurel lié à la baisse de la disponibilité des voitures. Les auteurs émettent ainsi l'hypothèse d'un report modal de la part des usagers «découragés», qui, selon eux, auraient perdu un certain «réflexe Autolib». Avec plus de 100 000 abonnés, le service d'autopartage en libre-service du groupe Bolloré semble plus proche du gouffre financier que de l'équilibre. 50 000, 60 000, 80 000 : quel est le nombre d'abonnés nécessaires à la rentabilité du service Autolib ? La question se pose à l'heure de son cinquième anniversaire, alors que le système d'auto-partage du groupe Bolloré ne cesse de repousser l'échéance et les objectifs. Et malgré ses 100 000 abonnés, il peine à atteindre un équilibre financier, comme le pointe une récente étude du cabinet 6t. Ainsi, selon les auteurs, les recettes ont beau croître, tout comme le nombre d'abonnés, les comptes de l'entreprise ne sont toujours pas dans le vert. A la base, un an après son lancement, en novembre 2013, le groupe estimait que 50 000 abonnés seraient nécessaires pour rembourser «les charges annuelles», rappelle 6t. Mais début 2014, il était question de 60 000 abonnés pour atteindre l'équilibre financier. Avant d'évoquer 82 000 abonnés en 2015. Résultat, en 2016, Autolib comptait plus de 130 000 abonnés à l'année, sans qu'un quelconque équilibre pointe à l'horizon. Un gouffre financier Et pour cause, si le nombre de véhicules augmente, le nombre de trajets, lui, diminue. Pour 6t, la chute du nombre de locations par abonnés est due à un effet de seuil structurel lié à la baisse de la disponibilité des voitures. Les auteurs de cette étude évoquent ainsi l'hypothèse d'un report modal de la part des usagers «découragés», qui, selon eux, ont perdu un certain «réflexe Autolib». «Si la tendance perdure, elle pourrait constituer un véritable «plafond de verre» empêchant le service d'atteindre l'équilibre financier», analyse 6t. A ce stade, le service est largement déficitaire, d'après le compte rendu de la réunion du Bureau syndical d'Autolib Métropole du 24 novembre 2016. Le groupe prévoit en effet une perte de quelque 179 millions, dont les deux tiers devraient être payés par les contribuables. Cela s'explique par la clause imposée par Vincent Bolloré dans le contrat de délégation de service public qui plafonne les pertes cumulées à 60 millions d'euros. Ce plafond pourrait d'ailleurs être relevé, selon la présidente de séance Marie-Pierre de la Gontrie. Des pistes de réflexion En attendant, si le montant d'un tel déficit était confirmé, il pourrait toutefois être réduit, d'après la présidente de séance. Celle-ci a par exemple évoqué la possibilité de prolonger la délégation de service public (DSP) qui pourrait passer de 18 mois à deux ans. En outre, la fermeture des stations économiquement non rentables permettrait de réaliser 13 millions d'euros d'économies. Ce serait cependant sans compter le coût de démontage de ces stations qui s'élèverait à 6 millions d'euros selon les premières estimations. Reste que pour le cabinet 6t, plusieurs options peuvent être envisagées «si l'on ne veut pas voir disparaître les Autolib des rues parisiennes». Il suggère entre autres un financement pris sur les impôts locaux, ou une hausse des tarifs pour les usagers. «C'est peut-être la solution la plus équitable lorsque l'on sait que les usagers d'Autolib ont des revenus supérieurs de 27% à la moyenne des ménages parisiens et qu'un kilomètre en Autolib leur coûte en moyenne» moins cher qu'un kilomètre en taxi, conclut-il. M. V. de C. In latribune.fr