Un an après l'accord du 18 mars 2016 destiné à stopper les flux de migrants transitant par la Turquie, que Bruxelles avait alors salué comme un nouveau départ dans ses relations avec Ankara, l'Union européenne (UE) et la Turquie sont au bord de la rupture. Un an après l'accord du 18 mars 2016 destiné à stopper les flux de migrants transitant par la Turquie, que Bruxelles avait alors salué comme un nouveau départ dans ses relations avec Ankara, l'Union européenne (UE) et la Turquie sont au bord de la rupture. La tension est grandissante. Et les Européens se demandent s'ils pourront supporter longtemps encore l'attitude du président turc Recep Tayyip Erdogan qualifiée d'«outrances» et de «provocations», sans mettre définitivement fin au processus d'adhésion d'Ankara, dont les négociations ont commencé en 2005 et qui traînent depuis en longueur. La ligne rouge a été largement franchie après que le président Erdogan a récemment traité de «nazis» les dirigeants allemands et néerlandais, qui avaient fait annuler des meetings de ses ministres entendant faire campagne pour son référendum. Ce dernier qui devrait renforcer considérablement les pouvoirs d'Erdogan est prévu le 16 avril et fait déjà polémique. La question migratoire est vite ressortie pour devenir le dossier brulant qui agite les deux parties. Dans la foulée, le ministre turc de l'Intérieur, Süleyman Soylu, a averti que son pays pourrait laisser passer 15 000 réfugiés par mois vers l'Europe. La veille, son collègue des Affaires étrangères Mevlüt Çavusoglu menaçait de «mettre fin unilatéralement» à l'accord sur les migrants. Comparée à l'outrance des propos turcs, la réaction des Européens reste quelque peu modérée. «Des comparaisons avec le nazisme ou des déclarations agressives contre l'Allemagne ou d'autres Etats membres sont inacceptables», ont affirmé François Hollande et Angela Merkel, jeudi 16 mars. Certes, il n'est plus question d'organiser un sommet UE-Turquie au printemps pour lancer une modernisation de l'accord douanier entre les deux parties, qui date de 1995, alors que les Européens l'avaient pourtant envisagé fin 2016. Les dirigeants de l'Union européenne refusent toutefois de dénoncer officiellement le processus d'adhésion de la Turquie. Les discussions, brièvement relancées en juin 2016 avec l'ouverture d'un nouveau chapitre - sur les questions budgétaires -, sont complètement gelées depuis l'automne. Un diplomate bruxellois résume le point de vue des Européens : «Comme disait le cardinal de Retz, on ne sort de l'ambiguïté qu'à ses dépens.» Erdogan reproche à l'UE de ne pas l'avoir suffisamment soutenu après la tentative de coup d'Etat de mi-juillet 2016, puis de ne pas libéraliser assez vite les visas pour les Turcs, la contrepartie attendue de l'accord sur les migrants. R. I.