Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé d'ouvrir les frontières pour laisser passer les migrants voulant se rendre en Europe, au lendemain d'un vote du Parlement européen demandant le gel des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a menacé d'ouvrir les frontières pour laisser passer les migrants voulant se rendre en Europe, au lendemain d'un vote du Parlement européen demandant le gel des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE. «Ecoutez-moi bien. Si vous allez plus loin, ces frontières s'ouvriront, mettez-vous ça dans la tête», a-t-il déclaré lors d'un discours à Istanbul. Ankara et Bruxelles ont conclu en mars dernier un pacte qui a permis d'endiguer le flux de réfugiés vers les îles grecques. «Nous considérons l'accord entre la Turquie et l'Union européenne comme un succès commun et la poursuite de cet accord est dans l'intérêt de tous les acteurs (...). Des menaces des deux côtés n'avancent à rien», a réagi la porte-parole de la chancelière Angela Merkel. Le président turc réagissait au gel des négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne, réclamé jeudi par le Parlement de Strasbourg. Le ton monte entre l'Europe et Ankara. Et le stade est à la menace. Face à une méfiance sans cesse grandissante de l'UE envers les dérives en Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan agite la menace migratoire. «Lorsque 50 000 migrants se sont amassés au poste-frontière (turco-bulgare) vous avez crié à l'aide, a rappelé le président turc lors d'un discours à Istanbul. Vous avez commencé à vous demander : «Que ferons-nous si la Turquie ouvre ses frontières ?» Ecoutez-moi bien. Si vous allez plus loin, ces frontières s'ouvriront. Cette menace est une réaction directe au vote jeudi, par le Parlement européen, d'une résolution appelant à un gel temporaire du processus d'adhésion de la Turquie à l'UE. Si ce texte est non contraignant, il n'en est pas moins fortement symbolique : il était soutenu par les quatre principaux groupes (conservateurs, libéraux, socialistes et Verts) et a été approuvé par 479 voix contre 37, et 107 abstentions. Les eurodéputés estiment que les mesures prises en réaction contre le coup d'Etat manqué sont «disproportionnées, attentes aux droits et libertés fondamentaux», qui ont frappé les opposants, la minorité kurde et les médias. Mais au-delà de cela, la promesse de Recep Tayyip Erdogan de rétablir la peine de mort prochainement constitue une ligne rouge qui «devrait entraîner une suspension officielle du processus d'adhésion», selon le texte adopté. Il semble peu probable que les Etats européens suivent la recommandation du Parlement. Seule l'Autriche, dans un contexte d'élection influencée par l'extrême droite, se prononce clairement en faveur d'un arrêt des négociations. Les autres pays pourraient préférer préserver leur frêle relation avec Ankara. Car la menace migratoire est bien réelle. La Turquie abrite près de 3 millions de réfugiés. En mars dernier, l'UE a passé un accord avec Ankara pour tenter d'endiguer les flux de migrants et échange d'une aide financière et d'une exemption de visa pour les citoyens turcs se rendant en Europe. R. I.