Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a reçu en tête-à-tête le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), Brahim Ghali, vendredi dernier à New York, a indiqué un communiqué du ministère sahraoui de l'Information. La rencontre a ensuite été élargie à la délégation sahraouie et les membres du secrétariat général de l'ONU. Les entretiens entre les deux parties ont porté sur les efforts de l'ONU pour la résolution du conflit entre le Sahara occidental et le Maroc et les moyens susceptibles d'accélérer l'application du plan de règlement ONU - Afrique visant l'organisation d'un référendum pour l'autodétermination du peuple sahraoui, a indiqué le communiqué. M. Ghali a appelé lors de cette rencontre l'ONU à «assumer ses responsabilités vis à vis du respect de la légalité internationale et à l'arrêt immédiat des violations par le Maroc du droit international et du droit international humanitaire en mettant un terme aux provocations qui menacent la paix et la sécurité dans la région». Le président sahraoui a réitéré l'«attachement du peuple sahraoui, sous la direction de son unique et légitime représentant le Front Polisario, à sa lutte juste et légitime pour la liberté et l'indépendance, soulignant la disposition de la partie sahraouie à coopérer avec le SG de l'ONU et son envoyé spécial. Il a également appelé à la libération de tous les détenus sahraouis et à mettre fin aux procès injustes des détenus de Gdeim Izik. Pour sa part, le représentant du Front Polisario auprès de l'ONU, Ahmed Boukhari, a estimé que la «rencontre a été constructive et a permis d'évoquer la situation actuelle et l'action commune future pour le parachèvement du processus de décolonisation du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique». Par ailleurs, au chapitre économique, la vice-présidente de la Commission pêche au Parlement européen, Linnéa Engström, a exhorté le Front Polisario à élaborer «une politique générale de gestion des ressources maritimes». Dans une contribution publiée sur le site européen d'information euractiv.com, l'eurodéputée a affirmé que «le Polisario doit maintenant développer sa politique générale de gestion des ressources maritimes qu'il cherche à contrôler». «Si la Convention des Nations unies sur le droit de la mer donne à un Etat le droit d'utiliser des espaces maritimes, elle l'oblige également à assumer certains devoirs dans ces espaces», notamment ceux de navigation et d'exploitation des ressources économiques, ainsi que ceux de la protection du milieu marin […]. Les droits et les responsabilités» sont les deux faces d'une même médaille, écrit-elle. «Le moment est venu pour le Polisario de développer au moins une politique générale, engagée en faveur de la durabilité et de la sécurité alimentaire», d'autant que «le droit international reconnaît le principe de la souveraineté permanente des peuples sur leurs ressources naturelles dans le cadre du droit à l'autodétermination», indique l'eurodéputée. Une fois toutes ces conditions remplies, «le Front Polisario devrait avoir le droit, en tant que représentant officiel du peuple sahraoui, reconnu par l'ONU, de négocier un accord de partenariat de pêche durable avec l'UE», a-t-elle affirmé. Se référant à la définition des zones économiques exclusives établie en 1981 par le Maroc en vertu de la Convention de l'ONU sur le droit de la mer, la députée européenne indique que le Maroc n'a jamais revendiqué une quelconque souveraineté sur les eaux au large des côtes du Sahara occidental, alors que la République arabe sahraouie et démocratique (Rasd) a bien délimité en 2009 son espace maritime sur lequel elle exerce des droits souverains en matière d'exploration et d'usage des ressources conformément à cette convention. L'eurodéputée s'est demandée, à ce titre, pourquoi l'UE doit verser une contribution financière au Maroc pour pêcher dans des eaux ne relevant pas de sa juridiction et ne dispose, de ce fait, d'aucune attribution pour vendre des droits de pêche. Cependant, selon l'observatoire des ressources naturelles au Sahara occidental (Wsrw), sur la base du Protocole de 2013 de l'accord de partenariat dans le domaine de la pêche de 2006 entre l'UE et le Maroc, les deux tiers des navires de l'UE autorisés à pêcher par cet accord opèrent exclusivement dans les eaux sahraouies. En tant que seul représentant du peuple sahraoui pour l'exercice de son droit à l'autodétermination, ce qui inclut son droit à la souveraineté permanente sur les ressources naturelles du Sahara occidental, le Front Polisario est nécessairement concerné par les activités de pêche des navires de l'UE dans les eaux sahraouies et doit, de ce fait, consentir à cette exploitation conformément à l'arrêt de la Cjue rendu le 21 décembre dernier, soutient Mme Engström. H. G./APS