Photo : Riad Par Samira Imadalou Dans l'émission spéciale diffusée hier sur les ondes de la radio nationale, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, s'est longuement étalé sur les dossiers économiques de l'heure. L'impact de la crise économique mondiale sur l'économie nationale, les transferts de devises à l'étranger, les dernières décisions sur le partenariat et les investissements directs étrangers (IDE) et la stratégie industrielle ont été les principales questions abordées par le Premier ministre. Lequel dira d'emblée : «La stratégie industrielle a fait beaucoup plus l'objet de communications que d'actions et n'a jamais été adoptée en Conseil des ministres.» A travers cette déclaration, le Premier ministre a mis fin à la polémique sur la stratégie industrielle et a remis en cause le travail de Abdelhamid Temmar. «Chaque équipe a son style, et je n'ai pas pour style de faire de la propagande», a-t-il déclaré par ailleurs, précisant qu'il a eu à prendre parfois des mesures qu'il n'avait pas annoncées. Pour le Premier ministre, il est temps d'adapter la stratégie industrielle au papier millimétrié aux mesures prises par le chef de l'Etat et qui ont commencé à être appliquées sur le terrain. Répondant aux questions des journalistes sur la politique économique, Ouyahia relèvera que la logique économique obéit à une «seule sélection», qui se résume, au «plan de charge». «Bâtir des stratégies, c'est réunir les conditions nécessaires pour que ce qui a été investi ne soit pas perdu», a expliqué le Premier ministre avant de citer les secteurs sélectifs en Algérie. Il s'agit, selon lui, à la lumière des projets lancés actuellement, du bâtiment, des travaux publics, ferroviaires, mécaniques, du médicament.Des secteurs où l'on peut compter pour leur développement, selon Ouyahia, sur le privé. Les PME privées sont, en effet, considérées comme porteuses de beaucoup d'espoir en Algérie. D'où la nécessité de développer le privé «culturellement et structurellement». Concernant la crise économique, un sujet qui revient ces derniers temps dans les débats, le Premier ministre rassurera de nouveau sur la capacité de l'Algérie à y faire face. «Le fait de dire que nous sommes à l'abri pour trois à quatre ans n'est pas une source de fierté mais c'est une réalité», a noté le Premier ministre avant d'avertir : «Bien sûr, la crise financière nous touchera», rappelant dans ce sillage la baisse des prix du brut et des recettes pétrolières. Au sujet des moyens de faire face à la crise, le Premier ministre citera le Fonds de régulation des recettes (FRR) qui permet au Trésor de mobiliser des crédits à l'économie. Toutefois, dira-t-il, «il n'y a pas lieu uniquement de compter sur ce fonds mais il y a lieu d'adopter une politique économique rationnelle». «Il faut s'éloigner du gaspillage politique et opter pour des dépenses rationnelles et raisonnables», a recommandé le ministre avant d'ajouter : «Ce vent froid [ndlr : la crise économique] vient nous réveiller. Heureusement qu'il vient le faire maintenant que nous avons du gaz et du pétrole, sinon on serait replongés dans la même crise des années 90.» Abordant la démarche économique choisie à l'égard des IDE et les dernières mesures prises par le gouvernement, le Premier ministre expliquera que l'engagement de l'Algérie dans une économie de marché ne signifie pas une ouverture tous {azimuts. Il s'agit de protéger, selon lui, l'intérêt de l'économie nationale notamment à travers le contrôle des transferts en devises à l'étranger. «Ailleurs, il y a une protection extraordinaire des flux des capitaux. Qu'on ne vienne pas nous donner des leçons», fera-t-il remarquer non sans rappeler que des anomalies ont été signalées dans les opérations de privatisation assurées. «Nous avons découvert des incohérences», confiera-t-il. Une manière de reconnaître l'échec de la politique économique adoptée ces dernières années même s'il refuse de parler de revirement. S. I. Entreprise nationale des gaz industriels, une privatisation ratée Justifiant les dernières mesures prises par le gouvernement en matière d'investissement et de partenariat en vue de protéger l'économie nationale, le Premier ministre a donné l'exemple de l'Entreprise nationale des gaz industriels (ENGI) dont l'opération de privatisation n'a pas apporté les résultats escomptés. L'ENGI, dont le capital a été ouvert pour une société allemande à hauteur de 66%, cette société n'a, cependant, pas tenu son engagement en matière d'investissement. D'où les difficultés rencontrées par l'entreprise. Evoquant cet exemple, le Premier ministre rappellera : «Nous avons besoin de leur savoir-faire, de leurs capitaux. L'Algérie n'est pas un souk.»