Photo : S. Zoheir Par Smaïl Boughazi Les entreprises privées algériennes qui activent dans le secteur du BTP sont en pleine mutation. Le 12e Salon international du bâtiment et des travaux publics (Batimatec) qui s'est déroulé la semaine dernière à la Safex confirme ce constat et démontre que le secteur du bâtiment et des travaux publics demeure un levier incontournable pour l'économie nationale. Il est perçu aussi comme «l'un des plus importants secteurs de croissance et une des priorités politiques en vue du développement du pays». D'ailleurs, selon une étude récente, ce secteur a enregistré une croissance de 40%, ces dernières années. Cela pour dire que les investissements lancés notamment par l'Etat ont contribué grandement à l'émergence de cette catégorie d'entreprises qui peuvent, et même, pour certaines d'entre elles, devenir des groupes industriels. Preuve en est l'amélioration et le développement et même l'apparition de nouveaux procédés utilisés dans la construction. Ce secteur demeure, il faut le dire, le seul créneau où les entreprises peuvent suivre le train de l'évolution car le marché du logement ne cesse de demander mais également, il faut le signaler, c'est l'un des créneaux pouvant endiguer le chômage. Outre la dimension internationale qu'a pris le Salon Batimatec, cet événement a dévoilé outre mesure -pourvu qu'on lui offre toutes les facilitations- que le privé peut contribuer amplement à donner un nouvel élan à la construction. Selon le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, M. Nouredine Moussa, quelque 28 000 entreprises ont soumissionné pour la réalisation du programme de 1 million de logements. Cette pléiade d'entreprises emploie environ 1,5 million personnes. Ces chiffres démontrent, au demeurant, que cette «industrie» peut devenir un pilier de l'économie nationale. Une tournée au Salon Batimatec nous a permis en fait de constater que les entreprises algériennes veulent évoluer et en finir avec le complexe du «sous-développement». Certains groupes sont même sur le point de garantir leur autonomie. La dynamique enregistrée ces dernières années dans le secteur a eu également pour résultat une amélioration constante des procédés utilisés dans la construction. Et c'est ce qui était visible en sillonnant les stands de Batimatec. De nouveaux procédés voient le jour Ainsi, le groupe polycer-Cerlag, qui y a participé, a proposé un nouveau produit innovant. Il s'agit de l'hourdis concerto métal. Ce produit peut remplacer l'hourdis traditionnel utilisé pour le collage des dalles. Selon Chakib Zani, directeur du site industriel, l'hourdis concerto métal a plusieurs caractéristiques. Entre autres atouts, le responsable a parlé notamment de la haute isolation thermique grâce au polystyrène expansé, mais le plus important, pour lui, c'est la réduction du temps nécessaire à son installation. Pour notre interlocuteur, une dalle peut être construite en l'espace de quelques heures alors qu'en utilisant l'hourdis traditionnel, il faut plusieurs jours pour la même opération. Somme toute, le responsable a estimé qu'en utilisant ce procédé on peut diminuer le coût global de la construction de 30%. Ce procédé est en cours de certification au Cnerib. Une autre entreprise, Dubeton en l'occurrence, propose un nouveau procédé qui peut simplifier et faciliter la décoration. Il s'agit du béton ciré qui permet de personnaliser le sol. Le ciment ou le béton ciré est une dalle en béton classique, sur laquelle vient s'incorporer par saupoudrage, un durcisseur minéral quartzé, teinté ou neutre, dans le but d'apporter couleur et dureté. Selon les représentants de cette marque, ce béton est utilisé au départ lors des coulages de dalles industrielles, mais il a été adapté à la mise en œuvre de surfaces particulières en proposant une palette de couleurs plus importante. L'entreprise Euro Japan Construction, elle aussi, a introduit un nouveau procédé dans la construction. Spécialisée dans les constructions préfabriquées, Euro Japan Construction a mis au point ce mode de construction à base de profilés métalliques en U et en C (charpente métallique et structure métalliques) et fabrique toute les composantes de la structure. Selon le responsable du stand, M. Benyezzar Nassim, ce mode de construction qui a plusieurs avantages peut être appliqué aux quatre coins du pays, puisque plusieurs techniques sont utilisées pour économiser l'énergie. Un rendez-vous pour nouer des contacts Outre les nouveautés dévoilées lors de cet événement, il faut dire que le Salon Batimatec, de l'avis de nombreux opérateurs, a évolué. La première édition, qui a eu lieu en 1997, n'a pu rassembler qu'une quinzaine d'entreprises. Une dizaine d'années après, le rendez-vous annuel a connu un autre visage. Le ministre de l'Habitat, dans une déclaration à l'ouverture de la 12e édition n'a pas caché que le rendez-vous est devenu un événement d'envergure internationale et même mondiale. Il a regroupé cette année 700 exposants, dont 280 étrangers. Le responsable du secteur de l'habitat a également mis en relief l'évolution rapide des méthodes de construction à l'échelle mondiale avec le souci constant d'améliorer la rentabilité, la qualité et l'aspect esthétique des constructions parallèlement à la recherche d'une meilleure maîtrise des coûts et délais. Si les pouvoirs publics considèrent que le rendez-vous peut apporter un plus au secteur du BTP en Algérie, le privé, lui pense que c'est une occasion de nouer des contacts des partenariats et même de vendre des produits. C'est en tout cas ce que pensent de nombreux responsables d'entreprise. Ainsi, les représentants de Granitex estiment que c'est là une occasion de faciliter la vulgarisation de nouveaux procédés en BTP. Le représentant du Groupe Hasnaoui n'a pas caché que, durant ce salon, des ventes de produits et une joint-venture avec une firme italienne ont été concrétisées. Les entreprises étrangères, elles aussi, ne lésinent sur rien pour afficher leur souhait de découvrir le marché algérien et d'identifier des partenaires locaux. Somme toute, ce carrefour dédié aux travaux publics et au bâtiment a prouvé, encore une fois, que le privé peut fonctionner. Pour peu qu'on lui facilite la tâche.