Photo : Riad Par A. Lemili Le Championnat national de football de division une de cette saison vient de prendre fin avec la consécration relative de l'équipe la plus régulière, en l'occurrence l'Entente de Sétif et un dauphin attendu… la JS Kabylie. La JSMB, le CRB et le CABBA qui les talonnent sont plutôt à classer parmi les invités surprise d'une compétition quelque part inédite dans la mesure où l'USM Alger, le MCA et l'ASO ne font pas partie du premier quart lot du classement. Est-ce que l'establishment vacille ? Devrait-on, dès lors, évoquer une redistribution des cartes sur le plan des valeurs des uns (clubs) par rapport aux autres ? S'agit-il d'une reconfiguration de la scène sportive nationale, sinon de l'échiquier du football ? La domination outrancière du football national par un quatuor de clubs a-t-elle finalement vécu ? La mutation de cette année est-elle symptomatique d'une révision fondamentale engagée par les deux ou trois clubs qui ont émergé à l'image du CABBA, JSMB et à un degré moindre le CRB même si ce dernier semble, comme le phénix, seulement renaître de ses cendres ? L'instabilité, source de tous les maux L'establishment a effectivement vacillé cette saison en raison de facteurs connus depuis l'entame de la saison et les conséquences donc prévisibles. L'instabilité à la barre technique, le départ de joueurs essentiels dans le schéma technico-tactique du club a sérieusement pénalisé les Kabyles qui se sont toutefois ressaisis en mi-parcours, autrement dit quand la mécanique a chauffé et que l'attelages pris le rythme de croisière habituel que l'opinion sportive lui connaît. En d'autres termes, avec quatre journées de compétition supplémentaires, il ne serait nullement exagéré de conclure que la JSK aurait pu reprendre la tête du classement général. Question stabilité, l'Entente de Sétif a vécu, en raison d'une politique similaire de son staff directionnel, les mêmes affres que la JSK. Contrairement à cette dernière, ce n'est pas par une relative saignée de son potentiel humain mais, a contrario, par une opération inversée. C'est-à-dire l'injection, à la limite de l'overdose, de talents avérés jusqu'à créer une certaine forme de désordre interne, notamment par la gestion des mentalités, sachant que le club disposait littéralement de deux teams d'égale valeur. L'un sur le terrain et l'autre faisant tapisserie. Ce potentiel de valeurs, dont le maître d'œuvre demeure le président du club, qui, en raison de son statut d'ancien joueur aguerri, a sans doute énormément contribué à maintenir, tel un funambule, des équilibres qui n'auraient pu l'être dans un autre club. Et les conditions (peu convaincantes eu égard à son statut, son effectif, son opulence financière, la disponibilité d'infrastructures, la proximité incontestable des pouvoirs publics auprès du club) dans lesquelles l'ESS a été sacrée champion témoignent, on ne peut mieux, de la difficulté de cette consécration pour, notamment, les raisons évoquées précédemment (le retour de la JSK). Restent maintenant qu'en face d'autres clubs, que d'aucuns peuvent qualifier d'épouvantails de la compétition, ont, bien entendu, bénéficié des errements (malgré les résultats très positifs en bout de parcours) du leader consacré et de son talonneur immédiat et ont joué du début de la saison à sa fin sans pression effective avec l'idée qu'ils n'avaient rien à perdre mais tout à gagner dans un championnat où, en raison d'un désagrégement des valeurs pour des raisons ô combien futiles au sein des plus grands clubs ou, du moins, selon la réputation qui leur était connue, tous les repères établis étaient brouillés. L'illusion d'un nouvel ordre Seulement, ce serait aller trop vite en besogne que de croire un seul instant qu'un nouvel ordre s'installe, loin s'en faut ! CABBA, JSMB et CRB ont fait sans nul doute une saison exceptionnelle parce qu'ils n'étaient pas attendus à ce stade du classement, mais n'ont en réalité aucune tradition en la matière et il reste plus que probable que, la saison prochaine, ils connaîtront des fortunes très diverses. La saison actuelle ayant constitué un très grand leurre pour tous les sociétaires de la division une. Il suffirait pour cela de se souvenir qu'au début de la phase retour un club, en l'occurrence l'AS Khroub, trônait à la troisième place, ouvrant ainsi la voie à tous les pronostics possibles de ses fans et même de certains confrères qui promouvaient presque d'autorité les Diables rouges à un challenge international au moment où le président du club annonçait avec une grande lucidité que «la place réelle de notre équipe ne saurait être au-dessous de la douzième, en ce sens que le système de compétition est totalement dérégulé par des rencontres reportées à foison pour certains clubs et d'autres disputées à l'avance». L'avenir donnera finalement raison au président de l'ASK, dont l'équipe terminera à la 13e place. C'est en fait l'archaïsme de la programmation qui fait et défait la réalité du championnat jusqu'à rendre impalpable sa consistance par la dénaturation des résultats ponctuels chaque journée de compétition que la Ligue nationale programme généralement amputée de deux, trois, voire quatre rencontres pour les reprogrammer en cours de semaine si encore certaines d'entre elles ne sont pas annulées et… reportées, preuve en est les matches qui restent à jouer pour l'ESS, déjà officiellement champion. En conclusion, et sans remettre aucunement en cause le titre des Sétifiens et les places honorifiques des outsiders, la saison 2008/2009 ne risquera jamais de laisser le souvenir d'un grand cru. Avec le nouveau bureau de la FAF, les corrections que Raouraoua et les siens ont commencé à apporter sur tous les plans, celle à venir serait certainement plus lisible et les clubs n'auront plus à naviguer à vue. Ce sont, du moins, les résolutions prises par la LNF mais, entre dire et faire, le fossé reste évidemment grand.