Des enfants sahraouis, dans un courrier adressé au chef du gouvernement espagnol, font part de leur vœu de vivre simplement dans la paix et la liberté. Sans fioritures diplomatiques, ils ont innocemment sollicité les services de José Luis Rodriguez Zapatero pour plaider la juste cause de leur peuple, en faisant valoir son droit légitime à la dignité et à l'indépendance. «Aidez-nous à retourner dans notre pays qui nous a été enlevé par la force», écrivent les bambins à l'endroit de l'ancien colonisateur de leur terre ancestrale, signée au nom de 8 500 de leurs camarades qui passent actuellement leurs vacances dans des familles d'accueil ibériques à l'initiative d'un programme humanitaire baptisé «Vacances en paix». «M. Zapatero, nous ne voulons pas grandir dans un camp de réfugiés. Nous voulons avoir un pays, comme vous et les familles qui nous accueillent, et nous voulons étudier dans nos villes au Sahara occidental», ajoutent-ils à l'endroit du chef de l'Exécutif espagnol. Cette sagesse enfantine traduit en profondeur la justesse et la pertinence des résolutions onusiennes qui préconisent un référendum d'autodétermination pour un règlement définitif de ce contentieux colonial. Elle dénonce fondamentalement la fuite en avant du royaume du Maroc, et désavoue la répression quotidienne exercée par ses forces armées dans les territoires sahraouis occupés. Ce message de paix intervient au moment même où le gouvernement marocain et les responsables du Front Polisario s'apprêtent à entamer en Europe une nouvelle série de négociations. Sous l'insistante pression de la nouvelle administration américaine, l'occupant marocain se décide, enfin, à se (re)mettre à table, après avoir délibérément saborder le processus de Manhasset (New Work). S'accrochant bêtement à son projet insensé d'autonomie, le Maroc maintient son emprise coloniale à coups d'atteintes massives aux droits les plus élémentaires des populations sahraouies et d'exploitation illégale des richesses minières de leur territoire. Faisant fi de la légalité internationale, le royaume chérifien, fort du seul veto français au Conseil de sécurité, s'entête dans une voie sans issue, allant même à l'encontre de tous les pays du continent noir qui soutiennent à l'unanimité la cause sahraouie. Le nouveau président américain, Barack Obama, dans un message clair au roi Mohamed VI, a beaucoup insisté sur sa volonté à «promouvoir un dialogue constructif entre les deux parties» afin, poursuit-il, de «parvenir à une solution mutuellement acceptable». Seulement, l'obstacle à une telle solution se trouve visiblement à Paris. En effet, c'est la République française qui entretient ouvertement l'hégémonisme marocain sur ce pays nord-africain. Il est vrai que la France n'a pas d'intérêts particuliers au Sahara occidental, mais son plan diabolique retarde manifestement la construction maghrébine. Selon les spécialistes, l'intégration effective des six économies de l'Afrique du Nord, communément appelée Maghreb arabe, est de nature à limiter l'influence française dans la région et à réduire sensiblement ses énormes intérêts sur la rive sud de la Méditerranée. C'est au nom de ces intérêts que le pays de Marianne continue de diviser les Maghrébins pour asseoir son leadership dans la région, en ajournant la réalisation du destin commun des peuples nord-africains. L'ambition du nouveau locataire de la Maison-Blanche à régler, une fois pour toutes, cette question risque sérieusement de buter sur les manœuvres françaises. Manifestement, il va falloir «convaincre», d'abord, le pays de Nicolas Sarkozy et le Maroc suivra sans accrocs. Pour rendre justice au peule opprimé du Sahara occidental, l'Amérique serait-elle prête à forcer un peu la main à l'un de ses fidèles alliés en Europe ? A priori, la réponse est «non». Mais, l'histoire réserve immanquablement de bonnes surprises et d'heureuses circonstances pour les peuples qui se battent et refusent d'abdiquer devant l'adversité. Car la volonté profonde des peuples est toujours la plus forte pour avoir le dernier mot. K. A.