L'autodétermination du peuple sahraoui est un fait inéluctable que le Makhzen oeuvre tout juste à retarder. La visite historique du président sahraoui en Espagne, et la rencontre qui en a résulté avec Jose Luis Rodriguez Zapatero, président du gouvernement ibérique, semble avoir fini d'anéantir le peu d'espoir qui restait au Makhzen de remporter la bataille diplomatique dans laquelle il a tenté coûte que coûte d'inclure notre pays tout en excluant le Front Polisario. C'est, du moins, ce que relève une bonne partie de la presse espagnole, parue hier, à propos de cette visite. La Razon souligne à ce propos que «la rencontre entre le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), Mohamed Abdelaziz, et le président du gouvernement espagnol, Jose Luis Rodriguez Zapatero, a mis en échec la stratégie diplomatique du gouvernement marocain qui a tenté de faire croire que le conflit du Sahara occidental oppose le Maroc à l'Algérie». Le fait que l'Espagne elle-même admette, ne serait-ce que par le biais de sa presse, que Rabat a tenté d'impliquer notre pays dans un conflit purement colonialiste qui ne la concerne en rien est une victoire en soi. Cela est d'autant plus vrai que «Maghreb Confidentiel», dans sa dernière livraison, rapporte que Rabat a mis le paquet sur le plan diplomatique en plaçant des «ténors» à Paris et Madrid en vue de rattraper les camouflets essuyés régulièrement, même vis-à-vis de ses alliés traditionnels qu'ont toujours été l'Espagne et la France. Il faut croire que cela n'aura servi à rien puisque la visite officielle en Espagne du président sahraoui est une reconnaissance en soi de la souveraineté de cet Etat dont le peuple a le droit de décider souverainement de son destin. Ce n'est pas pour rien, du reste, si le gouvernement marocain a déclaré avoir «accueilli avec grande surprise et malaise la rencontre de Madrid». Celle-ci, rapporte le journal, visiblement «amusé» par la tournure que prennent les évènements, vient «ruiner sa stratégie diplomatique de ces derniers mois par laquelle il a voulu faire croire à la communauté internationale que le conflit du Sahara occidental oppose le Maroc à l'Algérie». Le journal note que les déclarations de la secrétaire aux Relations internationales au Parti socialiste espagnol, Trinidad Jiménez, à l'issue des entretiens Abdelaziz-Zapatero, dans lesquels elle soulignait que la solution au problème du Sahara occidental doit être trouvée dans le cadre des Nations unies et doit satisfaire les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, portent également un coup à la stratégie de Rabat qui espérait que le nouveau gouvernement espagnol appuierait la solution politique préconisée par le Maroc et consistant en l'octroi d'une autonomie régionale dans le cadre de la souveraineté marocaine sur le territoire. La secrétaire aux Relations internationales au Parti socialiste avait déclaré, vendredi, que le gouvernement espagnol n'a pas de solution toute prête au conflit du Sahara occidental mais apportera une collaboration et une disponibilité constantes pour favoriser une solution qui satisfasse les revendications légitimes du peuple sahraoui. Le président de la Rasd, secrétaire général du Front Polisario, M.Mohamed Abdelaziz, a, de son côté, souhaité que l'Espagne joue un rôle plus actif dans le règlement du conflit, sur la base du «respect du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». La déclaration constitue une véritable leçon de savoir-vivre et de diplomatie de la part d'un chef d'Etat qui continue de se battre pour l'indépendance de son pays, et dont le peuple subit les affres d'une occupation coloniale tout simplement innommable.