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Retour au week-end semi-universel : revoilà la dolce vita
Publié dans La Tribune le 23 - 07 - 2009

Les responsables de l'Etat algérien avaient décidé, il y a plus de trente-quatre ans, de modifier le système de repos hebdomadaire des masses laborieuses. Etait-ce une bonne idée ou un mauvais choix ? Difficile de l'affirmer tout d'abord en raison de la nature même de la configuration politique mondiale de l'époque et surtout de celle (nature) du réseau de relations établi par notre pays avec ceux qui constituaient le reste de la planète, une planète elle-même par ailleurs scindée en deux blocs desquels dépendaient, est-il besoin de le rappeler, les autres en tant que satellites.
A partir de 1990 et toutes les lézardes possibles à travers le monde auquel notre pays ne pouvait demeurer en marge, des souhaits ont été exprimés, des propositions ont été faites et ensuite des voix se sont élevées pour littéralement exiger le retour au week-end universel. Pour les dirigeants nationaux, il est vrai qu'on ne modifie pas du jour au lendemain un système d'organisation du travail sans bouleverser tous les mécanismes de la machine, toutefois le message a été reçu 5/5 et a incité les responsables à tous les niveaux à cogiter sur les voies et moyens de retourner au week-end universel mais en douceur et surtout de la manière la plus rationnelle contrairement à l'option prise en 1975, laquelle ne relevait que de la seule volonté politique… immature, sommes-nous tenus de l'affirmer.
«Le travail, c'est la santé, ne rien faire, c'est la préserver», chantait Henri Salvador. Au temps du tout-Etat, cette rengaine du chanteur était superbement imagée par un miraculeux plein emploi dans le pays sauf qu'en réalité les gens faisaient semblant de travailler, l'Etat à son tour faisant semblant de les… payer. Les grands ensembles économiques de production parmi les plus stratégiques regorgeaient de travailleurs parfois sans poste précis et, comble du paradoxe, répliques quasi parfaites des stakhanovistes des pays de l'Est et surtout acteurs, voire figurants d'un monde du travail factice dans une chorégraphie à laquelle participait et se gargarisait des résultats le seul syndicat en droit permis d'activité.
Des résultats aussi sur le terrain… dans les unités de production que matérialisait alors la répartition des bénéfices chaque année. Autrement dit des dividendes qui, compte tenu de l'acception capitaliste du mot, étaient autrement qualifiés. L'Etat a donc finalement décidé d'accéder aux requêtes multiples des opérateurs qui affirment être pénalisés par un repos hebdomadaire le jeudi et vendredi parce qu'ils sont suivis dans la foulées du samedi et dimanche ailleurs… les autres travailleurs étant tout autant en droit de se reposer.
Mais faudrait-il pour autant que les Algériens travaillent. Il est indubitable que nos compatriotes sont des as du farniente. Le chef de l'Etat, même en campagne électorale, s'est refusé à faire dans la démagogie ou le populisme comme procédé… électoraliste, en appelant les Algériens à plus d'efforts en ce sens que lui (l'Etat) n'arrête pas de donner. Le Premier ministre a, tout autant, fait de cet appel sa feuille de route en tant de commis de l'Etat d'abord et exhorté en tant que leader d'une formation politique ses cadres à en faire un vade-mecum à l'endroit des militants de base et comme clé de voûte du discours politique à tenir. Mieux, même certains chefs de partis de l'opposition admettent, voire dénoncent cette triste réalité.
Alors chiche ! Les pouvoirs publics ont répondu à 50/50 favorablement au travail à la serpe de tous les tenants du retour au week-end universel. Il appartient ici et maintenant à ces derniers d'apporter la preuve que c'est le bon choix. Ce qui, à nos yeux et par expérience, ne risque pas d'être l'évidence même. Il suffirait pour cela de se rendre, chaque jour que Dieu fait, dans n'importe quelle administration du pays pour constater de visu à quelle cadence travaillent les agents et surtout à quelle heure ils rejoignent et quittent leur poste. Il suffirait aussi de comptabiliser le nombre de jours d'activité perdus en raison des grèves (notamment sauvages ou réputées a posteriori officiellement non légales).En fait, revenir au week-end semi-universel, c'est bien. Mais faudrait-il encore que les principaux concernés reviennent, eux, à de meilleurs comportements. Dans l'immédiat, la mesure va pour nos compatriotes conforter un axiome : se reposer plus pour gagner plus en ce sens qu'ils risquent de faire face au syndrome de l'acteur qui, pour être entré dans un rôle, n'arrive plus à en sortir même des années plus tard. Il n'est pas exclu que, pour un grand nombre d'Algériens, le week-end universel, en théorie partiel, continue à commencer mercredi en fin de journée pour prendre fin samedi même si ce n'est que dans la tête. Ça ne fera toujours que 4 jours de repos alors.
A. L.


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