Espoir, volonté, passion et satisfaction. Tels sont les qualificatifs qui viennent à l'esprit de celui qui a abordé les jeunes apprentis présents au niveau des stands d'exposition de la Safex, lors de l'organisation des Olympiades des métiers sous la tutelle du ministère de la Formation professionnelle. Même si la soirée de clôture de cette manifestation, ô combien importante pour la mise en valeur des métiers, a connu quelques couacs dans l'organisation, dans l'ensemble le concept reste louable. Particulièrement quand il s'agit d'encourager une jeunesse en quête de reconnaissance. Concentrés, volontaires, consciencieux, sérieux et ambitieux, les jeunes inscrits aux différents métiers et provenant des quatre coins du pays font plaisir à voir. Un tour aux différents stands d'exposition permet de mesurer à quel point l'espoir dans un avenir meilleur continue à faire battre le cœur des apprentis contre vents et marées. Assis par terre, Mohamed, 18 ans, confectionne avec minutie un filet de pêche. Inscrit au CFPA de Beni Saf, l'adolescent exhibe avec fierté sa réalisation. «Je suis apprenti ramendeur. Mes filets sont destinés aussi bien à la décoration qu'à la pêche. C'est un travail précis et lent. Ça n'a pas de prix.» Assis sur une chaise à côté de lui, Mohamed. Ce dernier est spécialisé dans la pierre taillée. «C'est surtout utilisé dans la décoration des façades de maisons», explique-t-il avant de poursuivre : «J'ai trois diplômes. En plus de tailleur de pierre, j'ai ceux de pâtissier et de maçon. Dans la première spécialité, je suis classé premier dans la région et au niveau de la wilaya. Pour les Olympiades nationales, il n'y a malheureusement pas de postulants. C'est pour cela que je ne concours pas.» En plus de ces spécialités, le centre dispense une formation pour la construction de barques. «C'est un créneau porteur, puisque nous habitons près de la mer. Une barque de 4 mètres construite en 15 jours est vendue 12 millions de centimes. Et la commande est importante», intervient Houari, le dernier membre du trio. Autre stand, autre métier et autre région. Cette fois, trois jeunes filles représentent Ghardaïa, Béchar et Djelfa dans ce qu'elles ont de meilleur dans l'art de la tapisserie, le tissage et la broderie. Blanc, rouge, noir, gris et marron sont les principales couleurs utilisées pour être fidèle à cet art ancestral. «Il faut respecter les couleurs et les formes géométriques. Nous avons un module pour nous expliquer la symbolique des signes en tapisserie», indique Keltoum en exhibant un tapis dont les formes géométriques représentent symboliquement djamaa Mniaa. Interpellés par une autre jeune fille pétillante, on se dirige vers le stand de L'INSFP de Sidi Bel Abbès. Très ambitieuse, Fatima présente fièrement son «projet personnel» : un site d'épuration des eaux 100% biologique. «C'est un procédé purement naturel qui utilise des plantes aquatiques et des poissons pour filtrer l'eau. Ce système peut être utilisé pour les petites villes ou dans les villas», souligne-t-elle. Un bassin, une cascade pour la flore et la faune aquatiques sont les ingrédients du projet. «C'est un procédé qui existe ailleurs, mais il n'est pas encore appliqué en Algérie. On n'a pas encore acquis la culture de l'environnement», déplore la jeune fille qui aspire à trouver un entrepreneur courageux et sensible à l'environnement pour faire aboutir le projet. «C'est très écologique, peu coûteux et on pourrait même produire de l'électricité grâce à la cascade et au biogaz [le méthane]», argumente Fatima en professionnelle du marketing. Au savoir-faire, à l'intelligence et à l'imagination viennent s'ajouter chez tous les jeunes rencontrés l'espoir et l'ambition. Tous ne jurent que par l'ANSEJ. Grâce à la formule, ils comptent s'établir à leur compte en créant des PME. «Le matériel coûte cher, mais j'espère ouvrir ma propre boîte de production de barques. Avec mon diplôme, je pense que je pourrais bénéficier d'un crédit ANSEJ et démarrer. Surtout que le marché existe», ambitionne Houari. Keltoum, de son côté, révèle que l'Etat met à la disposition des diplômés en tapisserie 3,5 millions de centimes pour acheter le nécessaire et démarrer dans la production de tapis et autres burnous. Zohra, apprentie esthéticienne au centre de formation de Blida, affirme que son père ne lui permettrait pas de travailler dans le salon de quelqu'un d'autre. «Un salon d'esthétique “top” nécessite un investissement lourd, près de 220 millions de centimes. C'est pour cela que les soins sont chers. Après mon mariage, je vais déposer un dossier auprès de l'ANSEJ pour ouvrir mon propre salon», poursuit-elle. Au regard de cette volonté et du rêve exprimé par ces jeunes, les pouvoirs publics n'ont pas le droit de faillir. Finalement, la problématique de la main-d'œuvre qualifiée peut facilement être résolue si on prend en considération le vœu de ce vivier de jeunes. Il faut reconnaître que tous les apprentis interrogés s'accordent à dire que les centres de formation sont à la hauteur en termes de formation et de matériel. Rappelons que, lors de la cérémonie d'ouverture, le message du président de la République, lu par le conseiller à la Présidence, M. Mohamed Ali Boughazi, soutenait que «la jeunesse d'aujourd'hui n'a rien à envier à celle d'hier». S. A.