Plus d'un million de familles algériennes ont dit avoir besoin d'aide durant le mois de Ramadhan et se sont inscrites au programme de solidarité pour bénéficier de couffins de Ramadhan ou de repas. Ce chiffre a été donné par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et la Communauté nationale à l'étranger qui chapeaute cette opération à laquelle une enveloppe financière évaluée à 3 milliards de dinars a été consacrée. Ce budget est le produit d'un montage financier auquel a participé le ministère de la Solidarité, les collectivités locales et des bienfaiteurs. Mais ce chiffre, hélas, ne concerne que les familles inscrites au programme du ministère de la Solidarité. Il serait bien illusoire de croire que ce sont là tous les pauvres et démunis que compte le pays. En plus de ces familles qui se sont inscrites au programme officiel de solidarité, il y a toutes celles qui sont directement prises en charge par leurs voisins, des bienfaiteurs ou des associations ne s'inscrivant pas dans l'action institutionnelle. Leur nombre ? Personne ne peut le dire. Nulle étude sérieuse n'a été menée, pas la moindre statistique n'est donnée concernant le nombre exact de familles et de citoyens pauvres en Algérie. Ni le ministère de la Solidarité ni aucune structure de l'Etat ne se sont donné la peine de dénombrer tous les laissés-pour-compte auxquels n'ont pas profité l'embellie économique et les équilibres macroéconomiques qui ont permis au pays de renouer avec le développement. C'est certainement cette absence de chiffres et de statistiques qui a permis au ministre des Affaires religieuses d'affirmer avec une condescendance et un aplomb pour le moins révoltants qu'il n'existe pas de pauvres en Algérie. Pourtant, son institution s'occupe bien de la collecte de la zakat qui est justement destinée aux pauvres et démunis. Il devrait donc en toute logique avoir une idée du nombre de familles qui ont besoin de cette aide financière, même s'il a destiné le gros de la zakat collecté aux financements de projets de jeunes chômeurs. Autrement, il suffirait de sortir dans la rue pour voir les souffrances des nécessiteux qui n'en ont pas fini avec les dépenses pour telle occasion qu'une autre se présente déjà pour laquelle il faudra encore trouver un budget, quitte à emprunter. En fait, depuis des années, la rentrée est pour eux synonyme de déboursements et d'endettements. Qu'elle soit sociale, scolaire ou économique, elle apporte toujours sont lot de dépenses. Et ce n'est pas en s'en cachant ou en les minimisant que la pauvreté et le chômage disparaîtront, mais en travaillant à leur éradication, non plus en développant des discours et en distribuant seulement des repas, mais en élaborant une politique sociale et en mettant en place des mécanismes d'aides qui permettraient à toute famille nécessiteuse d'avoir une source de revenus, comme par exemple dans le cadre de l'emploi domestique. H. G.