De notre correspondant à Constantine A. Lemili L'université de Constantine organisera le 9 décembre prochain, en collaboration avec la direction de wilaya de la PME et de l'artisanat, un forum régional au cours duquel les deux partenaires devraient finaliser la rencontre par la signature d'une convention visant à impliquer de manière conséquente l'UMC dans l'effort de développement des activités de la DPMEA. Pour M. Nabti, cadre de la DPMEA, «ce sera pour nous l'opportunité de débattre de la création d'un incubateur d'entreprises, le projet étant en maturation depuis quelques années. Sa réalisation devrait régler les difficultés rencontrées par les nombreux jeunes qui se lancent dans la création d'entreprises et qui, souvent, décrochent en raison de leur incapacité, voire de leur manque de qualification à gérer selon les normes les plus rudimentaires. L'idée retenue est que cet aspect de la réalité ne doit plus dissuader les personnes qui désireraient créer leur propre entreprise au motif que l'absence de maîtrise dans la conduite d'un projet, des techniques de gestion, d'objectifs prévisionnels arrivent à constituer un écueil, lequel n'en est pas, en fait, dès l'instant où l'investisseur dispose des moyens de les contourner avec l'aide de l'Etat, auquel, alors, se substituent divers systèmes d'accompagnement comme les pépinières, les incubateurs». Pour le cadre en question, «l'incubateur d'entreprises est appelé à jouer ce rôle et c'est dans cette optique que notre direction est appelée à signer une convention de partenariat avec l'université de Constantine. Jusqu'à ce jour, nous n'avons pas encore une idée précise de l'endroit où il sera implanté. En fait, les responsables préfèrent différer l'information qui sera, néanmoins, communiquée lors du forum». «L'incubateur d'entreprises existe déjà et se trouve physiquement à hauteur de l'université pour des raisons évidentes de proximité d'autant plus que c'est à celle-ci qu'il appartient de l'encadrer et pour cause. Ceci dit, rien n'empêche la création d'un autre répondant aux critères et aux objectifs attendus.» Le forum du 9 décembre devra, par conséquent, ouvrir un large débat sur le sujet et, surtout, déboucher sur des propositions de nature à sortir quelque peu du flou qui entoure une innovation socio-économique à laquelle les pouvoirs publics ont réfléchi, il y a sept ans (décret exécutif n° 03-78 du 25 février 2003 portant statut type des pépinières d'entreprises) et qui plutôt semble être un peu comme l'Arlésienne. Tout le monde en parle, mais nul n'en voit la matérialité. Pis, ces sept années de surplace deviennent à plus d'un titre équivoques en ce sens qu'à travers tout le territoire les universités, à tort ou à raison, n'arrêtent pas d'organiser des rencontres pompeuses pour des résultats mitigés. En juin 2008, l'ancien directeur général de la CNAC soulignait alors que ces systèmes étaient «balbutiants, pour ne pas dire inexistants» ou encore «qu'il restait du travail à faire». Selon nos interlocuteurs de l'université de Constantine, le hiatus se situerait «au niveau des banques». Des banques qui, paradoxalement, ne font pas partie du parterre des organismes participant au forum. Questionné à ce sujet, Z. A., banquier, ayant sollicité que soit préservé son anonymat, estime pour sa part que «les banques n'ont rien à voir dans tous les aveux d'échec formulés par les différents acteurs engagés dans la création d'entreprise. Que cela soit dans un cadre ordinaire, autrement dit d'un investissement individuel réalisé à partir d'un apport personnel et relayé par un concours en général conséquent de l'institution financière ou encore dans le cadre des différents dispositifs publics de soutien aux jeunes. Ces jeunes ne disposent pas en réalité des conditions favorables d'accompagnement, notamment en matière de fiabilité de l'activité choisie et son rapport aux réalités du marché, de la demande, des catégories sociales ciblées. Si ce sont toutes ces considérations que l'incubateur d'entreprises est appelé à prendre en charge, eh bien alors, je reste persuadé qu'il suffirait que toutes les bonnes volontés qui s'expriment autour de ce choix le mettent en application, parce qu'il est effectivement la solution. Sinon...». A la direction des relations extérieures de l'UMC, Mme Houbar, l'une des chevilles ouvrières du noyau chargé de l'organisation du forum, affirme : «Ce sera à partir de ce forum, lequel, en fait, est le troisième du nom, que naîtra en Algérie le premier incubateur d'entreprises au sens des orientations voulues par le gouvernement et en application des dispositions réglementaires consacrées par le décret exécutif portant statut type des pépinières d'entreprises dont il est une forme d'expression sur le terrain». En tout état de cause, il semble d'ores et déjà que le choix des activités prioritaires est configuré par la nature même de la vocation ou des vocations de l'ensemble de la wilaya : agroalimentaire (la réputation de région céréalière et pastorale de Constantine étant incontestable), pharmaceutique (pôle national d'excellence) et dans l'industrie des matériaux de construction, comme ne saurait être négligée l'industrie mécanique compte tenu de la présence des deux grands pôles que sont CMT et CPG. La création d'entreprises futures doit obligatoirement s'inscrire dans ce moule. L'UMC s'efforcera, par voie de conséquence, d'axer sa présence permanente d'accompagnement et ponctuelle à travers des rencontres cycliques à l'image du forum. Quoi qu'il en soit, nous ne le répéterons sans doute pas assez, seule la concrétisation du projet d'incubateur d'entreprises, voire sa réalité aboutie, autorisera des satisfactions. Ce n'est pas encore le cas. La répétition de forums, même si les thèmes peuvent différer, n'en est que la preuve irréfutable. D'autant plus, selon M. Nabti, cadre de la DPMEA que «des entreprises naissent et meurent au cours de la même année à cause de l'inexpérience de leurs créateurs et, surtout, des difficultés qu'ils rencontrent à les gérer selon les normes».