L'information faisant état des trois premières victimes de la grippe A annoncée jeudi par le ministère de la Santé a semé une véritable panique chez la population. Après avoir à maintes reprises tenu à rassurer les citoyens, affirmant qu'aucune forme sévère et aucun décès n'ont été enregistrés et que tous les cas ont évolué vers la guérison, le département de Saïd Barkat est sorti de sa réserve pour confirmer les premiers décès, une information tombé tel un couperet qui a suscité l'inquiétude et l'angoisse d'une grande partie de la population. Hier, d'ailleurs, c'est tout l'hôpital El Kettar qui était en effervescence au lendemain de cette mauvaise nouvelle. Les citoyens qui suspectent une grippe A ou qui présentent des symptômes de la maladie, aussi insignifiant fussent-il, ont commencé très tôt le matin à se rendre à l'hôpital El Kettar. Sur place, le personnel médical et paramédical était totalement dépassé. Devant le service infectieux, dont une partie a été aménagé pour prendre en charge les malades atteints de grippe A, une file de citoyens attendent de passer enfin en consultation. «J'attends mon tour, depuis le matin», nous affirme une jeune fille qui craint d'avoir attrapé le maudit virus. «Je souffre depuis plusieurs jours d'une forte fièvre. Ne sachant pas quoi faire, le médecin généraliste que j'ai consulté m'a orienté directement pour l'hôpital El Kettar», avoue -t-elle. C'est pratiquement le cas de beaucoup de personnes qui attendent des heures interminables. «Je suis revenu récemment de Turquie, et depuis je tousse sans arrêt», nous dit pour sa part un jeune homme. Il précise avoir consulté un médecin qui lui a conseillé de se rapprocher de l'hôpital El Kettar. La même inquiétude se lit sur le visage d'une dame qui accompagne son enfant de 11 ans, craignant la grippe A. «Il a une forte fièvre depuis hier accompagnée de toux. Le médecin m'a donné de l'Aspégic et des antibiotiques, mais m'a recommandé de consulter à l'hôpital El Kettar», nous raconte l'air totalement tourmentée, notre interlocutrice, ajoutant qu'elle attend depuis le matin pour passer en consultation mais que les choses se passent très lentement. «Il n'est pas normal qu'il y ait si peu de médecins pour prendre en charge les nombreux cas», déplore-t-elle. Il faut dire que la majorité des citoyens qui se sont déplacés à El Kettar suspectent une grippe A mais ne présentent pas forcément les symptômes de la maladie. Résultat : l'hôpital El Kettar se retrouve complètement débordé. Il ne dispose pas suffisamment de personnel qualifié. Comble de malheur, le service ne compte qu'un médecin spécialisé. Un deuxième médecin généraliste a été détaché du pavillon des urgences. «Nous sommes complètement dépassés», nous confesse un paramédical. «Nous avons reçu une centaine de personnes rien que la journée d'hier», ajoute t-il. «A vrai dire, la population s'est alarmée depuis l'annonce des trois décès de grippe A et désormais une simple fièvre ou toux suscite leur appréhension», souligne-t-il. «Le CHU de Béni Messous dispose d'un centre de référence mais tous les cas sont orientés vers nous», s'étonne t-il encore. «Et puis, il faut dire que les médecins ne sont pas suffisamment informés sur cette maladie. Ainsi, dès qu'un malade se présente chez n'importe quel généraliste, il est carrément dirigé vers nous». C'est pourquoi, l'hôpital El Kettar ne sait plus où donner de la tête. «Les cas arrivent de partout d'Alger et même de Boumerdès», lâche notre interlocuteur qui précise encore une fois qu'il s'agit de suspicions de grippe A et non de cas confirmés. «D'ailleurs, dit-il, la majorité des cas ont été déclarés négatifs.» Actuellement, cinq malades atteints de grippe A sont hospitalisés à El Kettar. Certains ont été libérés et continuent de prendre le traitement en leur domicile tout en respectant la mise en quarantaine. L'appréhension monte encore plus avec le retour prochainement des hadjis. L'hôpital d'El Kettar craint de ne pas pouvoir faire face à cette situation et demande un renforcement du personnel. Le ministère de la Santé, qui affirmait jusque-là maîtriser la situation, doit reconnaître toutes ces défaillances et l'urgence de mettre en place des mesures adéquates en cas de pandémie. A. B.