Les Algériens ont suivi, d'une manière quasi passionnée, l'autre partie du match Algérie-Egypte qui s'est jouée dans les médias écrits et audiovisuels des deux pays. Avant et après les deux rencontres du Caire (14 novembre) et de Khartoum (18 novembre), les librairies sont prises d'assaut dès les premières heures de la matinée par des lecteurs qui veulent tout savoir sur les deux équipes nationales. Les chaînes d'information satellitaires ont enregistré ces deux derniers mois des pics d'audience extraordinaires. Fait saillant de la rencontre Algérie-Egypte, le traitement de l'information dans les médias des deux pays et dans les médias étrangers. Cet aspect n'a pas échappé à l'attention des Algériens, extrêmement scandalisés par les pluies d'insultes proférées à leur égard sur les chaînes satellitaires égyptiennes. Les interventions hystériques de personnalités politiques, artistiques et sportives égyptiennes ont été unanimement condamnées par les téléspectateurs algériens, notamment celles diffusées après l'élimination de leur équipe à Khartoum (Soudan) par un but à zéro lors du match barrage. Scandalisés par l'absence totale de professionnalisme de la part des médias égyptiens, qui appartiennent tous au régime de Hosni Moubarak ou à des «hommes d'affaires» issus de son entourage, les Algériens ont fini par oublier ces attaques hystériques dont le seul but était de calmer la colère citoyenne en désignant un ennemi extérieur : l'Algérie. La jeunesse algérienne, que l'on dit complètement désintéressée de la politique, a compris que Moubarak cherchait à sauver son régime, quand bien même cela devait être payé par la rupture des relations diplomatiques avec l'Algérie. Le travail d'apaisement opéré par la presse algérienne, qui a su accompagner les Verts pendant des semaines, a été vivement salué par de nombreux lecteurs. L'absence des médias audiovisuels publics, passés à côté de l'évènement, a été fermement dénoncée par la rue qui s'est rabattue sur Internet et les chaînes françaises. Car c'est à travers eux que les Algériens ont tout appris sur l'agression de notre équipe nationale et des supporters qui s'étaient déplacés en masse pour le match du 14 novembre et qui s'était terminé, pour rappel, sur une victoire de l'Egypte par deux buts à zéro. Par ailleurs, le travail dénué de tout professionnalisme de certains titres de la presse écrite nationale, notamment arabophones, a été désapprouvé par de nombreux lecteurs qui n'avaient apprécié les appels à la guerre de ces journaux. Ces lecteurs se sont longuement interrogés sur la passivité de l'Etat, dont le rôle est de prévenir ce genre de dérapages, mais qui n'avait pas du tout été assumé. L. M.