La sixième conférence sur la formation dans le secteur de l'énergie et des mines, organisée la semaine dernière à Alger, a traité d'un sujet phare : «Les technologies de l'information et de la communication au service de la formation». La rencontre a réuni une pléiade d'experts nationaux et étrangers. Le recours aux technologies modernes de la communication est-il salvateur ? Il doit constituer «une aide à l'implantation, dans un premier temps, du ‘'e-learning'‘», souligne le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, à l'ouverture de cette conférence. Le ministre note que les managers, les professionnels de la formation et les personnels des entreprises doivent dégager les meilleurs voies et moyens pour une «utilisation efficace» de ces technologies de l'information. Présent à cette rencontre, Boudour Amar de l'université d'Annaba fait remarquer que l'avènement de la société de l'information, l'utilisation accrue des technologies de l'information et de la communication, l'introduction du LMD (Licence, Master et Doctorat) ans le système d'enseignement universitaire, la globalisation des échanges, l'évolution vers une société en réseau sont autant de facteurs qui ont «poussé» l'Algérie à «s'investir» dans ce secteur et à commencer à «l'intégrer» dans sa stratégie de formation universitaire. L'intervenant a mis en relief le niveau d'intégrations des TIC après trois ans d'application du programme de formation des formateurs en Algérie. L'évaluation du niveau d'intégration des TIC se base sur trois critères considérés comme clé de cette innovation. Boudour Amar relève que l'accès aux TIC par les enseignants/chercheurs à domicile reste «très faible» malgré les interventions à plusieurs reprises de l'Etat pour «réduire» le coût de l'abonnement d'Internet et la mise à la disposition de chaque famille d'un micro-ordinateur (programme Osratic). A la lumière des résultats obtenus, le délégué de l'université d'Annaba fait observer que «plus de 60%» d'entre eux (enseignants) possèdent un ordinateur, que cet équipement fait désormais partie des produits de consommation dans les foyers algériens, et que «moins de 35%» disposent d'une connexion Internet avec un débit «acceptable» à domicile, ce qui représente une proportion «relativement faible». Seulement, ces outils sont souvent utilisés pour les travaux à domicile de leur progéniture du primaire jusqu'au lycée (bac). Joseph Regonne, directeur chargé de la formation à Total Exploration Production, une société française, a largement développé dans son intervention les enjeux de la formation dans l'industrie pétrolière, estimant que les enjeux du business sont de «plus en plus complexes» (techniques, géopolitiques, sécurité, coût...). Pour lui, les maîtres mots, en matière de formation, gravitent autour d'une problématique fondamentale : «repenser sans cesse la compréhension de la géologie» (mer Caspienne, Brésil, internationalisation et développement durable…). L'entrée des technologies de pointe dans l'industrie pétrolière et l'exigence de compétences accrues du personnel font que la formation est de plus en plus perçue comme un «axe stratégique». Joseph Regonne est revenu dans son intervention sur ce que l'on appelle le «Blended Learning», soulignant qu'il faut «apporter localement» de la formation pour répondre aux besoins de nos partenaires locaux. Il a également parlé de certaines méthodologies de formation : «participants réunis en visioconférence ou en salle tutorat, travail individuel sur plate-forme e-learning, étude de cas en salle virtuelle». Il a aussi mis en exergue la formation qui combine plusieurs approches pédagogiques, basée sur la formation à distance, les études de cas, des outils et des équipements dérivés des nouvelles technologies de l'information et de la communication. Joseph Regonne a déclaré que la formation de notre personnel reste «en tête de nos priorités» et que Total souhaite rester en «première ligne» pour tout ce qui concerne l'accès à «l'expertise», «l'intégration» des techniques, «l'internationalisation», le «partage» d'expérience avec les compagnies pétrolières nationales (NOC), nos partenaires… Désormais, grâce aux «passeports formation» et aux solutions de «blended learning» rendues possibles par les nouvelles technologies de l'information et de la communication, «nous avons la possibilité d'offrir à tous nos collaborateurs les mêmes opportunités d'évolution, au siège social comme dans les filiales, d'améliorer notre offre de formation [plus de flexibilité, contenu plus riche]», a-t-il expliqué. Et d'ajouter que les stagiaires dans les filiales «se sentent appartenir» à une entreprise internationale. Autre communication jugée intéressante, celle de Bernard Belletante d'Euromed. Ce dernier a mis en avant une série de questions liées à cette thématique dédiée à la formation et aux TIC. Quelle capacité auto-organisationnelle de l'apprenant ? Quelles incidences budgétaires ? Quelle capacité pour l'organisation de la gestion technologique ? Quelles incidences organisationnelles et managériales ? Il recommande un accès «facilité» à la connaissance, une potentialité d'applications «quasi illimitée», un atout supplémentaire pour la gestion du temps, une «meilleure adaptation» des rythmes d'apprentissage, une possibilité d'aller et retour non contraignant….Selon lui, l'intégration du «e-learning» dans l'ensemble des dispositifs de formation interaction avec les chefs de projet formation pour positionner au mieux les modules de «e-learning» dans les dispositifs de formation cohérence d'ensemble est important. Bernard Belletante avance qu'il y a nécessité d'optimiser les conditions d'utilisation et de gestion des problèmes techniques d'infrastructure, des problèmes de vidéo et de son adéquation. Il propose de mener un effort de vulgarisation auprès des utilisateurs et des managers, de positionner le «e-learning» comme un «complément» et non en tant que «remplacement» de la formation en salle, de sensibiliser les managers dont les équipes ont des journées rythmées par des plages horaires associées à des tâches spécifiques. Y. S.