L'improvisation a de particulier qu'elle recèle généralement de la spontanéité. La spontanéité étant-elle même l'expression immédiate et sans fard de la réalité, la tournure des évènements survenus au Caire grâce, bien avant tout, aux progrès technologiques mais également et surtout grâce au génie de nos compatriotes à avoir su utiliser ces moyens jusqu'à, passez-nous l'expression- les domestiquer, ont très vite autorisé un tour de force que nulle autre action qui, dans un tel cas de figure -celui de la mésaventure pour ne pas dire le drame vécu par la délégation algérienne et plus particulièrement les internationaux- appartiendrait à l'action diplomatique feutrée, la médiation désintéressée ou encore la mission de bons offices, pour lesquels, sincèrement soucieux ou non, les acteurs essentiels concernés doivent jouer les funambules pour trouver, souvent raison d'Etat oblige, une sortie de crise à une situation qui agrée les parties en présence ou, du moins, ne leur fait pas perdre la face face à leur peuple. Or, dans le cas précis de la progression de la sélection nationale de football et d'un parcours que d'aucuns avaient au départ lorgné non sans un certain détachement, s'est graduellement agrégé une adhésion populaire qui n'a pas été sans focaliser une attention particulière d'abord en dehors des frontières dans la mesure où dans l'ensemble des pays arabes des médias commençaient à s'intéresser très sérieusement à ce phénomène qui prenait de l'ampleur dans notre pays, pour gagner une partie de l'Europe et, ensuite, à l'intérieur du pays même si celle-ci avait été mal appréciée initialement. Ce seront, donc, les évènements du Caire qui viendront fouetter, toutes natures confondues, les instances nationales pour leur rappeler ou plutôt leur faire connaître que l'intérêt national prime sur toute autre considération et que le principe de souveraineté nationale est défendable urbi et orbi autrement que par l'exercice diplomatique officiel. Il y a une dizaine de jours, à Copenhague, Corinne Lepage, ancienne ministre française de l'Environnement, évoquant l'action des ONG, déclarait à la Tribune : «Il se passe à travers le mouvement de la société quelque chose de formidable…» C'est ce quelque chose de formidable qui a eu lieu sur l'ensemble du territoire via la mobilisation de tout un peuple, mettant de côté ses préoccupations, sorti dans la rue pour affirmer l'unité et l'indivisibilité de l'Algérie. De leur côté, et sur la Toile, les internautes établissaient les passerelles avec le reste du monde en fournissant, d'abord en instantané, les images de la lapidation, dans le bus qui devait les mener à leur lieu de résidence, des joueurs algériens dont certains blessés étaient couverts de sang. Images et vidéos décisives, diront à l'unanimité les observateurs étrangers neutres mais aussi, quoique beaucoup plus tard, des experts égyptiens lesquels, après avoir porté à tour de bras la ou les versions tarabiscotées des responsables directement impliqués dans la déroute égyptienne, battaient leur coulpe, enfin, et concédaient que c'est sur le terrain de la mobilisation populaire spontanée et sincère (surtout) et du quasi-monopole de l'information sur le Net que «les Algériens avaient gagné la bataille». Ce que, paradoxalement, ne sont pas parvenus et ne seraient jamais parvenus à obtenir les canaux officiels par l'usage de la diplomatie, le mouvement de la société civile et les internautes l'avaient réduit à une simple formalité jusqu'à fournir une feuille de route à la Fédération internationale de football eu égard au dossier en béton constitué et dont les arguments ne sauraient être éludés quelles que pourraient être les velléités de détournement de données que pourraient avoir des esprits malintentionnés. A. L.