Les communautés musulmane et arabe de France n'ont pas fini de subir l'animosité et la haine de leurs concitoyens, les Français de «souche», comme on se plait à les en distinguer. Concentrant et galvanisant tous les sentiments fonciers de xénophobie et de rejet de tout ce qui reflète l'identité arabo-musulmane, le parti d'extrême droite, le Front national (FN), ne se lassera vraisemblablement jamais de faire de cette question son cheval de bataille. Exploitant la conjoncture des prochaines régionales prévues le mois courant en France, la formation politique de Jean-Marie Le Pen s'est inspirée de la récente affaire des «minarets», née en Suisse, pour les besoins de sa campagne électorale. Pour ce faire, l'aile de la jeunesse du FN a choisi comme affiche des symboles qu'elle n'hésita pas à associer, avec des raccourcis aussi tendancieux que dangereux, comme la burqua, le drapeau algérien et les minarets. Cette énième provocation d'un parti qui a bâti son assise politique et populiste sur la haine de l'étranger, plus précisément l'Arabe et le musulman, s'inscrit dans un contexte de plus en plus tendu pour cette communauté qui fait les frais d'une profonde incompréhension et d'un grave amalgame. Un amalgame entretenu par toutes les mauvaises fois hostiles à l'islam en tant que religion et aux musulmans en tant que communauté différente et étrangère. La polémique suscitée par le débat lancé récemment sur «l'identité nationale» renseigne on ne peut mieux sur la profondeur du malaise qui entoure cette question. Ce débat, dont la nécessité même de son existence est remise en question, démontre encore plus dans quelle mesure la France n'a pas réglé son «contentieux» avec les musulmans et les Arabes en particulier. Cela est valable, y compris pour la troisième génération d'immigrés, celle qui y a vu le jour et qui, de fait, obtient les mêmes droits et obligations que les «autres». La haine et le rejet de l'autre sont tels qu'ils empêchent une intégration naturelle de cette catégorie de la population qui doit faire montre d'efforts redoublés pour prouver ses compétences et faire valoir ses mérites à accéder à des emplois ou à d'autres droits socioprofessionnels. Si les attentats du 11 septembre 2001 ont démontré qu'effectivement des musulmans ont nui à l'image de l'islam en dénaturant les vrais messages, ils auront contribué surtout à exacerber les sentiments de discrimination à l'égard de tout ce qui s'y rapporte. Tous les musulmans ne sont pas des islamistes intégristes. Tous les musulmans ne sont pas aussi des terroristes. Et c'est pour dire le poids économique qu'ils représentent que la capitale française a été le théâtre hier d'une démonstration de force à l'initiative du collectif «24 heures sans immigrés» et à laquelle des centaines de personnes ont répondu présent. «Qu'on arrête de considérer les immigrés comme des clandestins, des sans-papiers, comme des appendices externes à la société et des gens qui viennent squatter le système. Les immigrés veulent vivre en paix et veulent continuer à travailler. Ils veulent qu'on reconnaisse qu'ils contribuent à la création de la richesse de la France en travaillant, en consommant et en participant à la vie sociale et économique de ce pays», a indiqué à l'APS la présidente de ce collectif. A bon entendeur… M. C.