L'entraîneur de l'équipe nationale de football vient d'entamer sa «tournée» de dernière minute en Europe pour renforcer son effectif en prévision du Mondial sud-africain. A deux mois du coup d'envoi du prestigieux tournoi, Rabah Saadane et ses collaborateurs prospectent toujours dans les championnats européens afin de remédier aux insuffisances du groupe qui a arraché le ticket qualificatif. La merveilleuse sélection qui a évincé les Pharaons à l'ultime rencontre des joutes éliminatoires était déjà prédominée par des athlètes expatriés qui évoluent sur le Vieux continent. Après une performance en dents de scie à la phase finale de la Coupe d'Afrique des nations, la troupe de cheikh Saadane donne visiblement des signes d'essoufflement. La lourde défaite essuyée récemment face à la Serbie au stade du 5 Juillet à Alger, a été vécue comme un électrochoc par le staff technique et les innombrables supporters des Fennecs. Cette confrontation amicale a eu manifestement le mérite d'alerter tout le monde sur les multiples défaillances de l'équipe. Au lendemain de cet échec, pas moins de cinq joueurs locaux ont été écartés de la liste préliminaire des 32. Leur rendement sur le terrain était, en effet, en deçà du niveau requis pour la Coupe du monde. Au jour d'aujourd'hui, il n'y subsiste presque aucun joueur évoluant dans les championnats locaux. Les responsables de la FAF, les techniciens et les observateurs sont unanimes à souligner la médiocrité des compétitions nationales. Faute de spectacle et de performance, même le public a fini par déserter les stades pour focaliser toute son attention sur le parcours exceptionnel des Verts. Malgré la bonne prestation de l'EN, qui s'est faite, doit-on le souligner, grâce au concours des professionnels, le football algérien demeure toujours en crise. Des présidents de club, qui d'ordinaire soutiennent le contraire, avouent à présent toutes leurs difficultés à s'imposer sur la scène continentale. Ils sollicitent franchement la Fédération à autoriser le recrutement sans restriction de footballeurs étrangers -essentiellement africains- pour améliorer la qualité de leur participation à la Ligue des champions africaine et à la Coupe de la CAF. C'est un aveu qui en dit long sur le peu d'intérêt accordé à la formation. A force de courir les titres et le prestige, les clubs algériens ont carrément délaissé les petites catégories, qui recèlent pourtant beaucoup de talents. Pour de nombreux spécialistes, le salut du football national passe forcément par le développement des écoles et des centres de formation. Les expériences fédérales effectuées avec les sélections des U17, des U20 et la sélection A' ont donné des résultats concluants. Si la FAF a, désormais, inscrit son action à long terme sur la formation des élites, à travers la création et le développement des centres de formation pour toutes les catégories d'âge, les clubs qui devraient en assurer derrière le potentiel ne sont pas encore dans la même perspective. Pour les moins de 17 ans, par exemple, la Fédération pourrait prendre en charge une «crème» d'une trentaine d'athlètes, mais chaque club doit en former autant pour étoffer constamment cette «fine fleur». Sinon, trente bons joueurs ne garantiront jamais le développement et la compétitivité du ballon rond algérien. On pourrait en dire autant pour les moins de 20 ans ou les moins de 13 ans. Chaque sociétaire du Championnat national devrait logiquement disposer de sa propre académie pour ne pas courir éternellement la «brousse» à la recherche de la perle que l'on vendra ensuite après au premier venu. Afin d'inciter -pour ne pas dire contraindre- les clubs à former leur propre relève, les pouvoirs publics se doivent d'assurer un suivi rigoureux concernant l'usage des subventions qui leur sont attribuées. L'argent public devrait, coûte que coûte, servir les clubs formateurs en premier. K. A.