Abderrezak Boukeba, journaliste écrivain, animateur et concepteur d'émissions culturelles depuis cinq années à l'ENTV, a entamé depuis hier une grève de la faim illimitée à l'entrée de la Maison de la presse Tahar Djaout pour dénoncer la précarité de sa condition professionnelle et revendiquer son droit à la permanisation au sein de l'Entreprise nationale de la télévision algérienne. Cette grève est son ultime recours, après avoir épuisé tous les moyens possibles pour recouvrer ses droits professionnels, dignes des efforts qu'il déploie pour la promotion de l'information culturelle. Il confie sur un ton noué par l'émotion : «Suite à ma demande de titularisation, j'ai été traité comme un criminel et du jour au lendemain on m'a interdit l'accès à l'ENTV. Je n'ai pas obtenu le droit d'être informé de cet arrêt de travail de vive voix par les responsables, on ma jeté à la rue comme un vaurien. C'est pour cela que j'ai décidé de prendre la rue à témoin de mes revendications légitimes et adresser une lettre ouverte au président de la République Abdelaziz Bouteflika qui est le premier magistrat du pays.» En effet, au mois de décembre dernier, au même moment où il recevait le prix d'honneur du meilleur animateur de télévision des médias arabes décerné en Jordanie, ses émissions ont été arrêtées et il est interdit d'accès au sein de l'enceinte de l' ENTV suite à ses réclamations pour être permanisé. Pour rappel, Abderrezak Boukeba a été primé deux fois du prix «Ali Maachi» par le président de la République pour le meilleur texte poétique et le meilleur texte théâtral. Il a également remporté des prix littéraires arabes pour son roman Le loup blanc se sent pousser des ailes. Contacté par téléphone, le secrétaire d'Etat chargé de la communication auprès du Premier ministre, Azzedine Mihoubi a déclaré : «J'ai un profond respect pour l'homme de lettres et de culture Abderrezak Boukeba dont je salue la pertinence des émissions culturelles mais, pour le moment, après étude de son dossier avec le directeur général de l'ENTV, la seule solution réside dans la reprise de ses émissions avec le même statut de collaborateur. La permanisation n'est pas possible pour le moment. Même s'il a entamé une grève de la faim, les portes lui restent ouvertes pour la reprise des ses émissions à condition qu'il accepte son statut de collaborateur.» A la veille de la célébration de la Journée de la liberté d'expression et de la presse, Abderrezak Boukeba reste ferme sur ses positions et déclare poursuivre la grève de la faim. Il affirme que, malgré les propositions alléchantes qu'il a eues de la part des médias arabes, il préfère rester dans son pays pour promouvoir la culture, clef de l'éveil de la société. C'est avec un regard attristé qu'il désigne la pancarte qu'il a collée au mur de la Maison de la presse Tahar Djaout sur laquelle on peut lire : «Grève de la faim. Mourir, mais ne jamais partir». S. A.