Depuis son ouverture, la 11ème édition du Festival culturel européen d'Alger qui se tient actuellement à la salle Ibn Zeïdoun ne cesse de drainer un monde fou. Chaque soir, ils sont nombreux à se bousculer devant les portes de la salle en espérant dénicher une place stratégique et se délecter des shows à l'affiche. Mercredi dernier, face à une salle bondée, le mythique fado portugais a été à l'honneur avec le jeune Pedro Mouthino. Un artiste qui porte le genre du fado dans son âme à travers sa voix douce et résonnante et ses gestes. La foule a eu droit à un voyage intemporel et spirituel dans le fado. Accompagné de ses deux musiciens, l'artiste a su transmettre toute son émotion grâce à des textes personnels. Epanoui dans sa sensibilité, Pedro n'hésite pas a dédier le premier titre à son père. Au-delà de l'obstacle linguistique, le public était en parfaite symbiose avec le chanteur. De la tristesse à la mélancolie, puis à la gaieté, Pedro a balancé l'humeur du public au gré de la sienne. D'ailleurs, vers la fin du spectacle, l'ambiance a atteint son summum avec un jeu de guitare rythmé comme l'aiment les Algériens. L'artiste s'excusera quand même de l'absence de son guitariste émérite qui a été victime d'une attaque cardiaque. Mais en véritable roi de la scène, Pedro a su d'une classe hors pair combler le vide. Après ce fort moment d'émotion, le public était encore présent jeudi dernier. A l'affiche de la salle, un concert exclusif du grand jazzman belge Philip Catherine et son trio. Un spectacle très attendu par les férus de jazz qui se sont régalés durant plus d'une heure avec du pur jazz servi à la sauce de l'artiste. Face à une avalanche d'applaudissements, le guitariste de génie fait son entrée, accompagné de son contrebassiste et trompettiste. Modeste et maître de sa musique, Philip présente ses deux musiciens au background conséquent. Il entame la soirée avec un onctueux morceau intitulé Twice a week. La foule est sous le charme, face à un jazz authentique. Le musicien enchaîne avec le titre How deep is the ocean de Bill Evans jouée en 1965. Le trompettiste étonne le public avec un incroyable solo gratifié par des applaudissements. Cerise sur le gâteau, Philip Catherine reprend Chet Baker son ancien collaborateur avec «I fall in love too easily…sensationnel. Un classique qui ne laisse personne indifférent. Du jazz consistant, trois musiciens de qualité pour une soirée placée sous le signe de l'authenticité. Aussi, ce qui caractérise Philip Catherine c'est sa passion pour la musique qu'il sert généreusement ainsi que son grand sens du partage. A plusieurs reprises, il met en avant ses compagnons de son à qui il n'a rien à envier. Trois alter ego et trois talents, tous unis pour conquérir le public algérien. Rappelons que plusieurs artistes de renom sont programmés cette semaine. Ce soir, l'Algérienne Karima et ses musiciens suédois tenteront de régaler les spectateurs avec une musique à l'image de la formation…sans frontières. W. S.