Photo : S. Zoheir Par Badiaa Amarni La contrefaçon, ce fléau auquel n'échappe presque aucun secteur, cosmétique, textile, et même la pharmacie…, gangrène l'économie mondiale. Même le secteur de l'automobile en fait les frais à travers des pièces de rechange très dangereuses à l'utilisation. Pourtant, ces pièces sont mises en circulation sur le marché international malgré les mesures draconiennes prises à travers le monde. L'Algérie n'est pas en reste et souffre aussi de ce fléau. Cependant, après de nombreuses années d'anarchie caractérisant cette activité, suite à un combat sans cesse livré par les autorités concernées pour venir à bout de ce fléau, la situation du marché de la pièce de rechange semble revenir à la normale. Phénomène en diminution, selon les importateurs D'ailleurs, de l'avis même des importateurs qui ont toujours exprimé leur mécontentement et leur désarroi devant une telle situation, «le fléau de la contrefaçon commence à diminuer». Cela, suite à la baisse des importations de la pièce de rechange, entraînant dans son sillage un recul de la contrefaçon qui minait ce secteur sensible de l'automobile et qui causait de graves dégâts sur nos routes et des centaines de blessés et de morts. Ce début de retour à la normale, même si le phénomène est loin d'être enrayé totalement, est aussi le fruit des efforts consentis sur le terrain par les autorités concernées aidées en cela par l'Association nationale des concessionnaires automobiles. Les actions de sensibilisation menées auprès des consommateurs par les concessionnaires mais aussi par le Salon Equip auto qui se tient chaque année ont aussi contribué à cette baisse. Le président de l'Association des importateurs de véhicules, Bairi Mohamed, nous a confirmé qu'il y a, en effet, une baisse significative dans l'importation des pièces de rechange. Sans avancer de chiffres, il nous fera simplement savoir que son organisation suit de très près le marché pour recueillir des données fiables autour de ce phénomène. Cette association a pesé de tout son poids auprès des autorités pour qu'elles réfléchissent à des mécanismes susceptibles de réduire le fléau. Le responsable du stand représentant l'entreprise Douadi Automotive, rencontré au Salon Equip auto, renchérira en relevant une baisse sensible de la contrefaçon dans ce secteur grâce à la loi de finances 2009 qui a eu un effet bénéfique en ce sens qu'elle a permis une épuration du marché. Cette loi, selon lui, a permis la réduction du nombre d'importateurs et, donc, du champ d'activité des gens qui pratiquent la contrefaçon la plupart du temps, et aidé à l'émergence d'acteurs sur le marché qui se caractérisent par leur professionnalisme. L'assainissement du secteur et des registres du commerce loués chez des tierces personnes qui font de la contrefaçon doit se poursuivre car ce phénomène existe toujours même s'il est réduit à des proportions beaucoup moins importantes qu'auparavant. Notre interlocuteur souligne que la contrefaçon est à 95% d'origine asiatique, d'où la nécessité, selon lui, d'axer davantage les contrôles sur les marchandises provenant de ces destinations, de sensibiliser les agents douaniers et de la DCP et les former à identifier le vrai produit du faux. Ce représentant de grands équipementiers, dont les produits sont certifiés aux normes Iso, dit que la marque qu'il commercialise sur le marché national a été contrefaite. Il s'agissait en fait d'un seul arrivage de produits contrefaits en Chine et emballés sous cette marque. Les contrefacteurs de ces pièces ont été identifiés et interpellés à cesser cette pratique et le problème a été réglé à l'amiable sans parvenir à la justice. Il faut dire que les pièces de rechange contrefaites sont très dangereuses dès lors qu'il s'agit de la sécurité de l'automobiliste dont la vie risque d'être fauchée à cause d'un frein ou d'un amortisseur défaillant. Une batterie de mesures pour maîtriser le fléau Ce phénomène porte aussi atteinte à l'économie nationale qui subit d'énormes pertes chaque année, et pénalise les opérateurs économiques qui travaillent loyalement. C'est le cas des fabricants de batteries qui souffrent énormément de la contrefaçon en tant que producteurs. Même si certains producteurs approchés disent que leurs produits ne sont pas contrefaits, mais le fait d'importer des batteries contrefaites cela casse le marché national alors qu'un investissement est mis sur place pour en 0fabriquer et qu'un personnel y travaille. Il convient de rappeler la batterie de mesures mises en place par les autorités concernées allant jusqu'à interdire l'entrée en Algérie de la pièce de rechange si elle n'est pas achetée dans son pays d'origine. Obligation est aussi faite aux importateurs de fournir un certificat attestant que les pièces en question ont été fabriquées sous une licence attribuée par la maison mère. Les pouvoirs publics travaillent également à la mise en place d'un laboratoire national de contrôle de la pièce de rechange, un organisme qui, s'il est créé, permettra de lutter efficacement contre ce phénomène. Les services de contrôle sont aussi renforcés, entre autres, les Douanes et les services du commerce chargés du contrôle des marchandises. Mais malgré toutes ces mesures et même si les pièces sont saisies, il n'en demeure pas moins que le pouvoir d'achat des Algériens pousse beaucoup d'entre eux à se rabattre sur les produits les moins chers du marché. C'est le cas pour les pièces de rechange. Cela étant, le client ne doit pas perdre de vue qu'il s'agit là de produits dangereux qui peuvent même lui coûter la vie, puisque ces pièces sont aussi responsables d'un grand nombre d'accidents de la route, au moins 10 à 20% selon les statistiques.