La canicule qui plombe toute activité et tout effort, n'a pas empêché le Président de faire sa sortie sur le terrain pour visiter des chantiers, inaugurer des réalisations et donner des instructions. A l'exemple du chef de l'Etat, quelques ministres se sont également lancés sur les routes pour se rendre compte de visu de l'état d'avancement des travaux de différents chantiers de leurs départements respectifs. Il s'en est même trouvé un, le ministre de l'Hydraulique, qui est allé braver la chaleur d'enfer de Aïn Salah pour une visite du projet de transfert de l'eau de cette ville à Tamanrasset. On ne peut pas en dire autant de tous les responsables du pays qui, contrairement à leurs chefs, sont terrés dans leurs bureaux climatisés, quand ils y sont. Ils sont rares les walis, les chefs de daïra, les maires, les P-DG et les directeurs qui vont sur le terrain, rencontrent les travailleurs et/ou les citoyens et s'enquièrent de la situation prévalant dans leur secteur. Cette absence de «l'Etat» sur le terrain a d'ailleurs grandement contribué à l'apparition de nouveaux comportements : les citoyens préfèrent s'adresser à Dieu plutôt qu'à ses saints. Pour demander l'ouverture d'une route, un branchement d'AEP ou la révision d'une liste d'attribution de logements, combien de citoyens, refusant de discuter avec les responsables locaux, demandent l'intervention du ministre, voire du Président ? Cet état de fait a d'ailleurs été relevé par le chef de l'Etat lors de sa réunion avec les présidents des Assemblées populaires communales le 26 juillet dernier. Abdelaziz Bouteflika dira que les citoyens «ont tendance à croire que le règlement de leurs problèmes relève de la seule responsabilité du gouvernement, voire de la présidence de la République […]. Il me semble que nous nous retrouvons dans une situation d'inertie, dans l'attente d'instructions venant du sommet». Plus explicite, le Président précisera aux maires ce qu'est leur mission : «Les citoyens algériens, notamment les jeunes, attendent de vous des réponses à leurs multiples attentes, une amélioration de l'environnement et de la qualité de vie, une prise en charge efficace du service public mais aussi plus de transparence dans les décisions qui les concernent à travers une information organisée, plus d'écoute et de participation dans les choix relatifs au développement de leur commune.» Et pour couper court à toute surenchère sur le pouvoir dévolu aux autorités locales, Bouteflika dira que des projets de loi ont été préparés, visant la clarification des missions et des compétences de l'ensemble des acteurs locaux et l'amélioration de l'organisation du fonctionnement des collectivités territoriales. Cela sans compter les mesures d'amélioration des finances locales introduites par la loi de finances complémentaire pour l'exercice 2008 et qui consistent en l'assainissement des dettes des communes, la prise en charge sur le budget de l'Etat de l'incidence financière résultant de l'augmentation des salaires des agents des collectivités locales, l'augmentation des quotes-parts des communes dans le produit de certains impôts et taxes et l'augmentation des dotations de péréquation pour compenser les moins-values fiscales. Ce nouveau cadre juridique et ces mesures d'amélioration devront permettre un meilleure gestion de proximité des réalités du terrain. «Maintenant, il est nécessaire que, de votre côté, vous fassiez preuve de pragmatisme, de détermination, d'initiative et de transparence dans la gestion de vos communes, car le développement local qui a toujours été perçu comme relevant de la seule responsabilité de l'Etat central, est en train d'être redéfini pour s'inscrire dans les responsabilités des communes… Il est souhaitable que votre action s'inscrive désormais dans une autre forme de rapports avec l'administration et avec les citoyens. D'abord, avec les citoyens que vous devez nécessairement faire participer à l'élaboration du plan de développement de la commune à travers la définition de leurs besoins et leu hiérarchisation. Le citoyen ne doit plus se confiner dans une attitude passive ou revendicative, mais vous devez l'aider à s'engager dans une démarche participative…» affirmera M. Bouteflika. Tout est dit. Mais est-ce suffisant ? A voir les hauts responsables de l'Etat seuls sur le terrain déserté par ceux qui sont censés les représenter, on ne peut que douter de la volonté des responsables locaux d'adopter la marche à suivre définie par le premier responsable de l'Etat. H. G.