Le Rassemblement national démocratique veut se rajeunir, mais en mettant du sang vieux. Lors d'une rencontre consacrée à la création de la commission nationale des jeunes, tenue hier à Alger, les responsables du RND veulent se mettre au diapason de la nouvelle mode politique qui fait que les partis politiques se créent des «structures jeunes». «On ne peut pas parler de développement alors que les jeunes sont marginalisés […] nous ne pouvons parler de perspectives alors que nos jeunes partent […]», constate Miloud Chorfi, porte-parole du parti lors d'une courte intervention prononcée au début des travaux. Celui qui a remplacé Ahmed Ouyahia s'est donc limité au constat que les jeunes sont marginalisés. Il l'a dit devant une assistance qui n'est pas composée que de jeunes. Loin s'en faut. Pis, la «commission des jeunes» est présidée par un quinquagénaire, en la personne de Abdesselam Bouchouareb, chef de cabinet du secrétaire général du parti. N'empêche, Miloud Chorfi se rappelle tout de même que des jeunes ont exercé des postes de responsabilité dans le pays. Mais les verbes sont ici conjugués au passé. Il en est ainsi de l'actuel président «ministre à 23 ans», ou encore de Boumediene «qui a créé l'Armée nationale populaire» alors qu'il était jeune. On encore plus loin dans l'histoire, puisque l'Emir Abdelkader avait été intronisé à l'âge de 24 ans. C'est pratiquement dans ce sillage que s'est exprimé Abdesselam Bouchouareb, à qui revient la tâche de présider cette «commission de jeunes». L'ancien ministre de l'Industrie a, lui aussi, rappelé les gloires du passé. Mais il a tout de même fait une jonction avec le présent. Puisque, de toute évidence, Abdesselam Bouchouareb a insisté sur «les défis du présent» et du «futur». Un futur fait de «nouvelles technologies» et, revers de la médaille, de «phénomènes étrangers à notre société». Ces phénomènes qu'il faut, à ses yeux, «combattre». En somme, les deux responsables du Rassemblement national démocratique, qui ont tenté de «transmettre les salutations du secrétaire général, Ahmed Ouyahia», ont servi des discours de circonstance sur une jeunesse convoitée par tous les partis. Mais une jeunesse étrangement absente dans les directions de presque toutes les formations politiques du pays. A. B.