En menant une campagne de proximité des plus réalistes, le RND a toutes les chances de coiffer ses rivaux au poteau. Alger, «La Bien gardée», «El Mahroussa», le RND a décidé de la mettre dans son escarcelle. Les 32 sièges mis en jeu seront âprement disputés. Il le sait, mais Alger a une saveur particulière, c'est la capitale du pays, c'est le prisme à travers lequel nous regardent, nous observent toutes les capitales du monde. Le Rassemblement national démocratique l'a intégré dans sa stratégie électorale, il va relever le défi. Place de la Grande-Poste, mardi, c'est un après-midi estival, un ciel limpide épouse la rade du port d'Alger. La mer est d'un bleu éclatant, le soleil brille sur le quartier général du RND qui connaît une effervescence particulière. Nous voulons en savoir plus, nous décidons de rencon-trer le directeur de la campagne algéroise de la formation de Ouyahia. Il est pris par ses affaires professionnelles. Nous irons donc vers lui. La rencontre a lieu dans ses bureaux. M.Mourad Louadah est l'une des chevilles ouvrières de cette campagne composée d'un directoire. M.Abdelkrim Harchaoui, ex-ministre, conduit la liste RND. Il a en charge le volet finances et économique, un domaine qu'il connaît sur le bout des doigts. Seddik Chihab est chargé, quant à lui, du volet politique. Quant à l'organisation et à la logistique, ils sont confiés à M.Louadah qui apporte un cachet particulier à l'événement par son expérience managériale. Un trio de choc qui veut faire mouche. On croyait cette échéance électorale morne, sans âme, une élection de plus, un point c'est tout. C'est l'image qu'elle renvoie lorsqu'on l'observe de l'extérieur. Eh bien, non. Au coeur de la campagne On découvre l'envers du décor. Les hommes sont choisis, ès qualité. Ils sont jeunes, dynamiques, ils croient dur comme fer aux idées défendues par leur parti. Une cure de rajeunissement, du sang neuf. Certainement, mais avec la compétence en plus. La campagne algéroise en témoigne. L'expérience de M.Louadah en est la preuve. C'est un capitaine d'industrie au palmarès éloquent. L'agréable surprise. «Nous allons prendre un peu de votre temps», lui annonce-t-on. Il nous réplique avec un sourire éclatant, épanoui.Le courant passe, tant mieux. La matinée est consacrée à ses obligations professionnelles. L'après-midi, il rejoint son QG de campagne où il peaufine avec l'ensemble de son staff, les sorties sur le terrain. Le travail est collectif comme le sera la victoire. Tous se sont engagés corps et âme pour faire triompher leur formation politique. Dès l'entrée des bureaux, l'oeil brille, émerveillé. On se croirait dans une galerie d'art. Des tableaux de maître ornent les murs, orientalistes, artistes peintres, abstraits «naïfs» ou impressionnistes, il font partie de la maison. Un côté rassurant se dégage. Chegrane, Aïcha Haddad, Baya, Martinez, Khadda, Ghanem, Salah Malek...Ils se côtoient tous. Des trophées trônent, triomphalement. Médaille du mérite industriel 2006, ordre du mérite de la Fédération nationale d'athlétisme, et différents autres Ordres nationaux et internationaux. Il en manque toutefois un, cela sera certainement le plus beau: rafler la mise, le 17 mai, dans moins d'une semaine. C'est le défi que s'est fixé le RND. «Notre campagne est essentiellement basée sur les moyens humains, car nous disposons de faibles moyens matériels», nous avoue Mourad Louadah. Un nouveau mode de gestion moderne, imposé par la conjoncture, et qui reflète les 140 propositions du RND. Le scrutin du 17 mai risque d'être marqué par un taux d'abstention record, surtout à Alger. Le Rassemblement national démocratique en a conscience. Les meetings ne suffisent pas, et ses propositions originales sont concrètes. Elles obéissent aux préoccupations des citoyens et peuvent «booster», de façon efficace, l'ambitieux programme présidentiel auquel il a apporté un soutien sans faille. Le directeur de campagne de la liste, conduite par Abdelkrim Harchaoui, met son expérience au service du parti. L'homme est un homme de terrain. Dans les ruelles que nous parcourons, tout le monde le salue. On a l'impression que tout le monde le connaît. Le quartier, c'est aussi sa famille. On s'attarde quelque peu sur les panneaux d'affichage. Les recommandations de la commission nationale de surveillance des élections sont transgressées. On prend note, vite. Pas de temps à perdre. «Les efforts de l'équipe sont concentrés pour le bon déroulement de la campagne et le respect des engagements, dans le but de relever le défi. Le RND est en train de donner la stabilité au pays, tant attendue par les citoyens», nous déclare M.Louadah. Et il enchaîne: «Nos 140 propositions ne relèvent pas de l'utopie. Elles seront concrétisées et elles demeurent réalisables». Quelque chose bouge au sein du RND. Le parti mène une campagne sobre et efficace, il veut se démarquer de ses rivaux qui ne font que des promesses qui ne resteront que promesses. Il veut réhabiliter les élites, venir en aide aux plus démunis, encourager l'émergence d'une économie productive et surtout lutter contre l'échec scolaire et son interruption volontaire en octroyant des allocations aux familles les plus exposées aux fléaux de la précarité. De plus en plus, les collégiens pré-adolescents mettent fin à leurs études pour venir en aide à leurs parents démunis. Souvent, ils le paient cher en sombrant dans le phénomène de la drogue. Le RND veut mettre le paquet pour stopper la machine infernale. Trop de dégâts. Il ne fera pas dans le populisme. Il engage, d'ores et déjà, la bataille qu'il veut gagner. En manager expérimenté, Mourad Louadah veut mener cette expédition à bon port. «Cela sera une victoire collective», précise-t-il. Il faut rencontrer les citoyens, aller vers eux, les écouter, et tout leur expliquer en toute franchise. Serein sera le dialogue. Et ça marche, même si quelquefois, il revient abattu de voir ses concitoyens dans des situations peu enviables. Une misère insoupçonnée Le staff de campagne sillonne les quartiers d'Alger et les villes environnantes, sans relâche. Diar El Mahçoul, Diar Echems, La Casbah, Beau-Fraisier, Sidi Moussa...sont passées au peigne fin. «Avant, il existait des bidonvilles horizontaux, maintenant ils sont verticaux», constate sur un ton amer M.Louadah, en faisant allusion aux immeubles bidonvillisés. «Il faut mettre fin à une telle calamité, redonner de l'espoir et de la dignité à cette frange de la population», s'insurge, à nouveau, notre hôte. Il découvre la cour des miracles au coeur de la capitale. Drogue, chômage, crise du logement et violence sont le quotidien de certains quartiers algérois. Diar Echems, une favela à Alger. On se croirait dans un des quartiers défavorisés de Rio. Aucun parti n'a osé, à ce jour, s'y aventurer. C'est là que le RND découvre la descente aux enfers d'une famille. C'est l'histoire d'un petit vieux de 70 ans que Mourad Louadah tient à nous raconter, visiblement encore affecté par cette rencontre. «J'ai 4 enfants mariés et deux célibataires, j'habite un F1, une chambre plus une cuisine. Ecoute-moi bien mon fils, quand je sors le matin vers 8 heures, je ne retourne à la maison qu'à la nuit tombée pour laisser à mes enfants un minimum d'intimité. Comment peut-on mener une vie conjugale décente dans ces cas-là?», lui a confié le septuagénaire. Les deux célibataires, quant à eux, ont aménagé un espace où il passent la nuit avec... leur chien. Le vieil homme occupe son réduit depuis 1954. Une date-symbole. Depuis, il attend. «Je lance un appel aux autorités compétentes pour mettre un terme à cette misère!», s'écrie, sur le ton de la colère, Mourad Louadah. Il s'insurge contre l'injustice et il rêve d'une société égalitaire. Dans tous les cas, il aura au moins essayé. Le RND a du pain sur la planche. Les candidats de la liste aux législatives du Rassemblement national démocratique ont fière allure. Harchaoui, Chihab, Djenouhat, Berraf, Safia Bouraoui, Fouzia Saâdi, Safia Baguiri... Le directeur de la campagne algéroise du RND et son staff veulent les mener à bon port, au palais Zighoud-Youcef, pour semer l'espoir et garantir la stabilité nationale. Le tsunami que certains ont prédit, risque de les emporter. Le temps des promesses qui ne tiennent pas debout et du populisme à tout crin, est révolu. Le Rassemblement national démocratique l'a compris. Le bateau RND est sorti, toutes voiles dehors. Il a pris quelques longueurs d'avance sur ses rivaux. Alger lui tend les bras.