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Les marchands de rêve
Publié dans La Tribune le 04 - 07 - 2010

Lorsqu'on demande à Jacques Séguéla d'expliquer pourquoi les joueurs de football gagnent autant d'argent, il répond : «Parce que, comme Johnny Hallyday ou Julio Iglesias, ils produisent du rêve dans une société désenchantée.» C'est une bonne constatation et il est clair que, sur ce chapitre du rêve, le foot a remplacé le cinéma, puis la télé, qui ne font plus rêver. La musique est sur ce terrain son seul concurrent. Les hommes politiques ont perçu très rapidement ce rôle croissant du sport dans l'imagination collective. Le maire d'une grande ville ne peut manquer un match de foot au risque de perdre des électeurs, quant aux responsables nationaux, ils se poussent du coude pour pouvoir être sur la photo.
Mais les politiques, qui pendant longtemps avaient un certain contrôle sur le foot à coups de subventions multiples, ont perdu la main. La sphère de l'argent a supplanté celle de la politique : droits télévisés, sponsoring, produits dérivés. Les financements n'ont cessé de croître. Le monde du foot a mangé celui de la télé, et tient désormais les politiques en laisse. D'où les réactions politiques multiples dès qu'un incident se produit pour tenter de se réapproprier la machine à rêve. On vient de le voir après la déroute de l'équipe de France en Coupe du monde. Peine perdue ! C'est le fric qui désormais contrôle la machine à rêve et qui continuera de le faire comme vient de le rappeler sèchement la FIFA. Tout est centré sur l'argent. Tout est organisé en fonction de lui.
On allonge les saisons, on augmente le nombre de matchs par semaine, on invente de nouvelles compétitions. Les joueurs sont des mercenaires taillables et corvéables à merci, blessés souvent, épuisés parfois, mais rémunérés au-delà du raisonnable pour maintenir une activité déraisonnable. Et lorsqu'ils se révoltent, c'est à mauvais escient, au mauvais moment ! Car, si l'économie a pris le pouvoir, c'est une économie ultra-libérale dont il s'agit. Les régulations n'y existent pas. On a beaucoup parlé des rémunérations des patrons du CAC 40, mais on n'a rien dit de ceux des footballeurs qui gagnent beaucoup plus et créent beaucoup moins d'emplois !
L'Amérique, pays dont le rêve, comme source d'énergie sociétale, est assumé comme tel, a subi une mutation semblable, il y a trente ans lorsque le sport a remplacé Hollywood. Ici ce n'est pas le foot, c'est le cartel des «quatre saisons» base-ball, football, hockey, basket. Cette tétralogie est soigneusement contrôlée avec un seul et même objectif, faire fructifier un business lucratif. Aucune équipe n'a le droit d'acheter tous les meilleurs joueurs comme le fait aujourd'hui le Real de Madrid ou Barcelone dans le foot. Des règles strictes de transfert ou de recrutement des joueurs s'y opposent. Ceci assure l'indécision des matchs. Il faut remplir les stades. Les matchs sont télévisés localement seulement lorsque les stades sont remplis.
Lorsqu'une ville ne remplit pas le stade, le club change de ville, etc. Et pour bien montrer que le sport est une activité saine, un contrôle strict sur la régularité des matchs est organisé avec des sanctions exemplaires en cas de tricherie avérée. Et les joueurs, dont les salaires et les revenus sont, certes, comparables aux joueurs de foot européen, payent leurs impôts rubis sur l'ongle et pas dans des paradis fiscaux !
Il est temps que l'Europe -car c'est la dimension du foot– s'organise à son tour. Peut-être faut-il plafonner les salaires des joueurs ? Peut-être faut-il en même temps limiter leur «temps de travail» ? Peut-être faut-il plafonner les masses salariales des clubs ?
Puisque les équipes nationales sont désormais les armées d'un substitut à la guerre, avec hymnes nationaux, psychodrames en temps de défaite, etc. peut-être pourrait-on considérer que les joueurs défendent «l'Honneur de leur Pays» –puisqu'on en vient à ces exagérations de vocabulaire– sans toucher l'argent.
Ils en ont assez par ailleurs !
Je laisse aux spécialistes et aux mordus le soin d'imaginer une nouvelle formule permettant de laisser au sport sa part de rêve en le ramenant à ce qu'il doit être : un spectacle vivant intermédiaire entre le jeu du hasard et le talent et qui peut véhiculer des valeurs d'effort, de loyauté, de discipline, de fraternité dont notre jeunesse a tellement besoin.
Acceptons les marchands de rêve, mais au moins qu'ils en produisent !
Quant à la défaite de l'équipe de France, l'explication ne serait-elle pas tout simplement qu'elle était inférieure aux autres ?
Ça aussi, il faut savoir l'accepter sans en faire un psychodrame national. La grandeur du sport n'est-elle pas de reconnaître la glorieuse incertitude ?
C. A.
* In slate.fr


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