Pékin est assurément le centre du monde lors des jeux Olympiques qui se sont ouverts hier devant un parterre bien garni de dirigeants de tous les continents. Au-delà des compétitions sportives qui rassemblent un nombre record de journalistes, tous médias confondus, la Chine sera la première puissance mondiale au plus tard dans deux décennies. Ce qui n'est rien à l'échelle d'une planète qui va aussi vite qu'elle se pollue et se réchauffe, menaçant sérieusement la qualité de la vie des générations futures. Beaucoup de dirigeants de grands pays sont en Chine malgré la défection des leaders européens, à part M. Sarkozy, lequel a multiplié les annonces apaisantes envers la Chine qui n'a pas apprécié le sort réservé à la flamme olympique dans Paris et les approches en direction du dalaï-lama que M. Sarkozy évite désormais. La croissance et le marché chinois «valent bien une messe» et constituent l'oxygène indispensable à de nombreuses économies occidentales en perte de vitesse, dans lesquelles les crises et les scandales financiers n'ont rien à envier à ceux qui éclatent en Afrique et dans le Monde arabe où le coup d'Etat est toujours et encore une option. Des pays émergent à grande vitesse et s'imposent au monde, tels le Brésil, l'Inde, le Mexique, la Corée… Et l'ensemble laisse déjà entrevoir de profondes restructurations, des délocalisations abruptes, des mouvements migratoires qui balayeront toutes les lois et contourneront toutes les polices. A côté, la consommation et la demande effrénée d'énergies des plus propres aux plus nocives pour l'environnement et la santé publique accentuent la fracture entre les riches et les pays pauvres. Ces derniers accusent généralement des déficits législatifs et surtout d'autorité pour sanctionner ceux qui polluent et dénaturent l'urbanisme et la nature. Dans ce décor, à l'instar de beaucoup de leaders, M. Bouteflika est allé en Chine pour l'ouverture des jeux Olympiques ; il ne pouvait manquer un rendez-vous de l'envergure des JO et sachant les relations qui existent entre l'Algérie et la Chine, tissées dès le déclenchement de la guerre d'indépendance nationale. Aujourd'hui, des entreprises, des cadres et des ouvriers venus de Chine sont présents et bien visibles en Algérie comme dans le reste de l'Afrique, devenue un marché fort convoité. Au-delà de l'aspect diplomatique et protocolaire, les responsables algériens à Pékin peuvent aborder avec leurs homologues chinois des sujets relatifs à l'investissement, aux coûts des travaux de sociétés chinoises jugés trop bas par les partenaires chinois, et diversifier les partenaires intéressés par la solvabilité et le marché algériens. Après les entretiens qu'il aura à Pékin, le président de la République se rendra pour une visite d'Etat en République islamique d'Iran à l'invitation du président Mahmoud Ahmadinejad. Ce dernier avait effectué une visite à Alger en août 2007. M. Bouteflika se rend à Téhéran à un moment où de fortes pressions, sinon des menaces à peine voilées, s'exercent contre l'Iran. Les Européens qui emboîtent le pas à leur guide américain reprochent à l'Iran de développer un nucléaire qui est civil, jusqu'à preuve du contraire, tout en fermant pourtant les yeux sur le cas israélien. Tel-Aviv, détonateur en puissance de crises qui menacent l'équilibre et la paix dans le monde, une puissance nucléaire militaire, elle-même sous le parapluie nucléaire américain, n'a toujours pas reçu la visite d'inspecteurs compétents dans le domaine. Ces questions, celles relatives au Monde arabe, au reste de la planète, et les relations entre l'Algérie et l'Iran seront au menu des discussions entre les deux Présidents les 11 et 12 août. Discussions qui se tiennent pratiquement à la fin du mandat de Bush et pendant que la scène palestinienne connaît de graves tensions. A. B.