Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi L' opérations de distribution des couffins de Ramadhan se poursuit à Constantine. Entamée à la veille de la nuit du Doute, la solidarité bat son plein et les citoyens démunis ne cessent d'affluer aux différents points de distribution pour espérer décrocher le filet de denrées. Les 32 153 paniers distribués à travers les communes se sont avérés insuffisants, notamment dans les communes du Khroub (Massinissa), précisément à la nouvelle ville Ali-Mendjeli qui en dépend. Cela est justifié par le relogement des familles en provenance du chef-lieu de la commune, l'avenue de Roumanie. Ainsi les familles transférées sont pour la plupart issues de souche en deçà de la moyenne. «Il faudrait se pencher sur ces cas», insiste l'élu du secteur urbain de la nouvelle ville. Il a frappé aux portes du Croissant-Rouge algérien pour espérer décrocher quelques couffins supplémentaires. «Sur les 2 200 inscrits, seuls 1 800 ont bénéficié de cette aide», nous précise la même source qui fait face à un manque de 600 couffins. Fort heureusement, le CRA prête main-forte avec 100 lots de produits alimentaires qui s'ajouteront à l'apport des mécènes afin de couvrir la liste des démunis. A vrai dire, la distribution des couffins à Constantine pose problème. La nouvelle ville Ali-Mendjeli et Massinissa, dont la population est assez dense, devraient revoir leur gestion, car selon quelques responsables locaux, «il ne suffit pas de transférer des ménages et puis de s'en laver les mains. Au contraire, il importe de les prendre en charge avec un budget conséquent». A la nouvelle ville Ali-Mendjeli, on affirme que les aides sont demeurées statiques contrairement aux listes qui vont crescendo depuis 2007 et cet écart a été mentionné au départ de l'opération couffins de Ramadhan. La Direction de action sociale a estimé que la circonscription enregistre 34 000 familles nécessiteuses, dont 2 000 devraient encore patienter pour pouvoir en bénéficier en comptant sur l'apport des bienfaiteurs. Pour sa part, le maire du Khroub, qui gère les deux localités mentionnées, a fait un appel à la veille du mois sacré dans ce sens en direction du wali. Une première aide est apportée par le Croissant-Rouge avec 350 paniers. Les adresses multiples et le travail au noir brouillent les listes Des voix accusent des citoyens qui ont changé d'adresse pour tirer profit de l'aide. Si aucun chiffre sur ce sujet n'a été rendu public, l'APC et la daïra de Constantine sont plus qu'interpellées pour assainir les listes se rapportant notamment aux différentes opérations de relogement entamées à Constantine depuis des années, et qui se poursuivront jusqu'en décembre 2010. «Celui qui déménage, en évoquant ici le cas des démunis, doit impérativement voir son nom résilié de la liste initiale», propose un cadre local, indiquant que «par ces mesures, aucun listing ne sera affecté par des intrus». Une autre situation pour le moins incontrôlable se présente quand il s'agit de faire le dénombrement des familles pauvres. Elle a trait aux personnes qui travaillent au noir dans les différents établissements, notamment chez le privé, donc rémunérés mais sans couverture sociale. Cette catégorie présente un dossier en bonne et due forme et décroche souvent sans grand-peine le couffin de Ramadhan. Pourtant, aucune preuve n'est susceptible de prouver le contraire. Le Croissant-Rouge algérien demeure à la cause du vrai pauvre Le Croissant-Rouge algérien «fait dignement l'aumône» aux pauvres. A travers ces propos, le président de cet organisme met en relief toute l'énergie dégagée par le CRA pour apporter assistance aux souches défavorisées avec les moyens du bord. Il ajoutera : «C'est une grande responsabilité pour nous de gérer les donations de personnes généreuses. Il faut savoir les octroyer. Les bienfaiteurs tiennent à ce que leur contribution soit bénéfique et juste.» «Nous avons pu garantir 2 000 couffins. Et il y a des priorités quant à leur livraison», insiste le Dr Youcef Ali, président de cet office, indiquant qu'il faut changer les mentalités et inciter les gens capables d'aller travailler pour ne pas léser ceux qui sont vraiment dans le besoin. «Il faut se délester du résidu du socialisme», devait-il ajouter. Veillant au détail près sur les «denrées» des pauvres, le président installe, comme à l'accoutumée, une commission qui étudie les dossiers déposés et les filtre. Cela n'étant pas fortuit au vu des 150 opportunistes inscrits doublement ou en faux l'année passée, selon des sources concordantes. A ce titre, pour barrer la route aux pseudo-quémandeurs, une note a été adressée par le président au chef de l'exécutif, car lui-même a insisté avant l'opération de solidarité à ce que les dossiers soient épluchés. Une disposition qui appelle une rigueur dans l'élaboration des listes des ayants droit. Ceci dit, elle se traduit par «l'élaboration d'un fichier wilaya qui recense toutes les familles nécessiteuses et autorisées par le ministère, comme stipulé dans la réglementation, à bénéficier du couffin», affirme notre interlocuteur. En collaboration avec les différents P/APC, le CRA, avant d'entreprendre les dotations, passe au peigne fin les noms des futurs bénéficiaires et tente éventuellement de repérer les intrus inscrits dans deux ou parfois trois listes. Par le passé, des anomalies ont été relevées non seulement sur les listes du Croissant-Rouge, mais aussi sur celles des APC. Rappelons que le Croissant-Rouge a mis à la disposition des douze communes 2 000 couffins de denrées alimentaires. «Les listes sont établies et en cours de vérification pour éviter le double bénéfice», précise M. Y. A. Il a été décidé d'ouvrir également quatre restaurants au foyer de la Grande Poste, à Aïn Abid chez un restaurant privé, à Aïn Smara et à Hamma Bouziane dans des écoles. Fonctionnant avec des ressources assez limitées provenant des contributions des bénévoles et des subventions locales, le CRA met les bouchées doubles pour satisfaire la population en détresse, notamment pendant le Ramadhan.