Le dépouillement des bulletins de vote a commencé hier en Afghanistan au lendemain d'élections législatives marquées par des fraudes et par des attaques meurtrières qui ont fait des dizaines de victimes. Ce dépouillement et l'examen des plaintes par la Commission des plaintes électorales (ECC) ne devraient pas permettre d'avoir une cartographie précise des résultats avant plusieurs semaines. L'annonce des résultats définitifs ne serait possible que le 31 octobre. La comparaison avec la présidentielle d'août 2009 revient dans toutes les déclarations officielles. La commission électorale a indiqué que plus de 3,6 millions d'Afghans avaient voté, soit 40% de l'électorat. Le scrutin présidentiel de 2009, entaché de fraudes massives au profit du président sortant Hamid Karzai, avait enregistré un taux de participation de 30 à 33%. Le scepticisme reste de mise. Le soir du vote, le chef de la mission de l'ONU en Afghanistan avait tiré un «bilan mitigé» des élections et estimé que la sécurité n'avait pas été «bonne». Mais Washington a félicité l'Afghanistan pour avoir organisé des élections «dans des circonstances extrêmement difficiles». Pour l'OTAN, les violences ont été plus nombreuses mais moins meurtrières que lors du scrutin de 2009. Plus de 485 incidents ont émaillé les législatives de samedi contre 479 à l'époque. 22 personnes ont été tuées le jour du vote : sept civils, onze policiers et soldats afghans et quatre des forces étrangères, selon l'OTAN. Plus de 60 Afghans et 36 soldats des forces étrangères ont également été blessés. 57 personnes (civils, policiers et soldats afghans) avaient été tuées lors de l'élection présidentielle. Pour certains observateurs, le scrutin a donné lieu à de «nombreuses irrégularités» qui font peser «des doutes sérieux sur la qualité du scrutin. Divers incidents, violences et fraudes ont étés constatés. Les autorités afghanes avaient annoncé samedi soir la saisie de 22 000 fausses cartes d'électeurs. Ces deuxièmes législatives au suffrage universel depuis la chute des talibans fin 2001 ne présenteraient pas un grand enjeu pour les autochtones. Le président Hamid Karzai concentre la majorité du pouvoir et ne semble pas près de s'en séparer d'autant que le parapluie américain lui assure la protection. Les puissances occidentales, qui disposent de contingents sur le sol afghan, suivent avec intérêt le scrutin. En premier lieu les Etats-Unis qui envisagent un début de retrait de leurs 150 000 militaires dès juillet 2011. M. B.